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Syrie : la Ghouta orientale, dernière poche rebelle près de Damas, en passe d’être reconquise

Maisons en ruines dans la Ghouta orientale, près de Damas, le 30 mars.

La dernière phase de la reconquête de la Ghouta orientale a commencé. Mardi 3 avril, pour la deuxième journée consécutive, des centaines d’hommes armés et de civils ont été évacués en bus de l’ultime fief rebelle de la banlieue-est de Damas. L’opération, qui doit s’étaler sur plusieurs jours, permettra à l’armée syrienne et ses supplétifs de reprendre le contrôle de Douma, la dernière ville de la Ghouta qui échappe encore à la tutelle du régime de Bachar Al-Assad. Après six semaines d’offensive, qui ont causé la mort de 1 600 civils selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, les forces loyalistes ont reconquis 95 % de cette région, assiégée depuis 2013.

« Il y a dans les rangs de ces groupes plein de jeunes qui se sont engagés pour de l’argent (…). Il n’est pas difficile pour l’Etat de regagner leur loyauté », Taleb Ibrahim, analyste proche du pouvoir syrien

Selon l’agence de presse officielle syrienne SANA, près de 1 200 personnes ont été transférées mardi vers Djarabulus, un territoire rebelle du nord de la Syrie, sous protection turque. Un effectif similaire avait déjà fait le voyage la veille. Les évacués sont des combattants de Jaych Al-Islam, le groupe armé salafiste aux commandes de Douma, des membres de leurs familles et des militants révolutionnaires hostiles à la « réconciliation » proposée par le gouvernement.

Ce processus est censé déboucher sur une amnistie en échange d’un engagement à renoncer à toute activité antigouvernementale. « Il y a dans les rangs de ces groupes plein de jeunes qui se sont engagés pour de l’argent, qui ont été dupés par l’Arabie saoudite et le Qatar. Il n’est pas difficile pour l’Etat de regagner leur loyauté », se félicite Taleb Ibrahim, un analyste proche du pouvoir syrien, qui passe sous silence l’effet dévastateur des bombardements russo-syriens.

Rejet de l’accord de transfert

La reprise de Douma ne va pourtant pas aussi vite que celle de Harasta ou de Zamalka, deux localités précédemment évacuées par les rebelles. Bien que soumis à la menace d’une invasion terrestre, certains combattants rejettent toujours l’accord de transfert imposé par la Russie. « Nous allons rester dans cette ville et nous n’allons pas partir. Que ceux qui veulent sortir sortent », a prévenu Essam Al-Bouidani, le chef de Jaych Al-Islam, dans une vidéo publiée dimanche sur Internet.

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Selon des analystes pro-opposition, une frange de jusqu’au-boutistes espère toujours convaincre les négociateurs russes de les autoriser à rester à Douma, dans un rôle de police locale. Une thèse rejetée par Taleb Ibrahim, qui attribue ces résistances à des disputes sur la zone de réinstallation des évacués et au fait que les commandants salafistes insistent pour emmener avec eux leur trésor de guerre, « des millions de dollars » issus de la revente de produits de contrebande entrés dans la Ghouta par des tunnels.

Au total, près de 46 000 habitants de la Ghouta, dont un quart de combattants, ont déjà été convoyés vers le nord de la Syrie. Près de 100 000 personnes ont également fui les combats et ont trouvé refuge dans des camps dressés en lisière de l’ancienne enclave. Mais selon le ministère de la défense russe, 40 000 de ces déplacés ont déjà regagné leur domicile. Ou du moins ce qu’il en reste après un mois et demi de pilonnage tous azimuts.


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