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« MBS », réformateur aux deux visages

Mohammed Ben Salman devant le 10 Downing Street, à Londres, le 7 mars.

Le roi bis d’Arabie arrive à Paris. Le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman, le trentenaire aux deux visages, l’homme qui a rouvert les cinémas dans le royaume et autorisé les femmes à conduire mais a aussi déclenché deux crises et une guerre au Proche-Orient en moins de trois ans, doit entamer, dimanche 8 avril, une visite officielle en France.

Ce déplacement sur les bords de Seine, son premier en tant que numéro deux de la monarchie, ouvre un nouveau chapitre des relations franco-saoudiennes. Et il promet d’être très long. Son père – le souverain en titre, Salman Ben Abdel Aziz – étant âgé de 82 ans, c’est « MBS » comme on le surnomme, qui devrait, à 32 ans, sauf accident de parcours, occuper le trône de Riyad pendant trois, quatre, voire cinq décennies. Un règne dont le prologue est pour l’instant très contrasté, fait de projets visionnaires et de calculs à courte vue.

Personne n’a décelé, lorsqu’il a débarqué sur le devant de la scène politique, dans le sillage de son père, couronné roi en janvier 2015, le bloc d’ambition froide qui l’habitait. Avec son allure un peu gauche, sa réputation d’homme fruste et impulsif, Mohammed Ben Salman, nommé ministre de la défense, n’était pas pris au sérieux. « C’est un butor », tranchait à cette époque un observateur averti.

L’homme fort de l’ère Salman, roi à la santé fragile, devait être son neveu, le ministre de l’Intérieur, Mohamed Ben Nayef, 55 ans. Un expert en sécurité, doté d’une image de père tranquille, apprécié de l’administration américaine et révéré dans la maison des Saoud pour avoir maté le péril djihadiste dans les années 2000.

Fils préféré

Les premiers doutes apparaissent deux mois plus tard, au lancement de l’intervention militaire saoudienne contre les milices houthistes du Yémen, perçues à Riyad comme le cheval de Troie de Téhéran, le rival pour la suprématie régionale. Après les années d’immobilisme plaintif qui avaient caractérisé la fin de…


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