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A Notre-Dame-des-Landes, sept squats démantelés dans la ZAD, selon la préfète

Des gendarmes mobiles dans la ZAD de Notre-Dame-des-Landes lundi 9 avril.

Dans la nuit, la gendarmerie « a procédé à une mission de maintien de l’ordre », a affirmé le ministère de l’intérieur dans un communiqué. L’« expulsion » elle-même a débuté à 6 heures, selon la Place Beauvau qui assure qu’elle ne vise que les « occupants les plus radicaux ».

  • La situation sur place

« Sept squats ont été démantelés, et trois sont en cours, les autres étaient vides. Six personnes ont été expulsées sur un même squat », a déclaré la préfète des Pays de la Loire et de Loire-Atlantique Nicole Klein, lors d’une conférence de presse, en fin de matinée. Elle a ajouté que l’objectif de démanteler une « quarantaine de squats » sur 97 était « presque atteint » et que l’opération était « parfaitement dans les règles ». « L’objectif est presque atteint, on a été plus vite qu’on pensait. »

Richard Lizurey, directeur général de la gendarmerie nationale a ajouté : « Cette opération s’est conduite de manière rapide. Nous avons rencontré une importante résistance. Toutes les barricades ont été enflammées, certaines comportaient des bouteilles de gaz. »

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L’envoyé spécial du Monde Rémi Barroux confirme que « l’intervention des gendarmes mobiles a débuté » vers 3 heures du matin, suivie d’un « nuage de lacrymogène ». Les militaires ont commencé par dégager la départementale 281, l’ex-« route des chicanes », qui traverse le site.

Selon l’Agence France-Presse (AFP), l’intervention s’est concentrée sur la D 281, l’ex-« route des chicanes » obstruée pendant plus de cinq ans, que le gouvernement a érigé en symbole du « retour à l’état de droit ». Ses accès ont été bloqués par les gendarmes mobiles dès 3h30, a constaté l’AFP. Des images fournies par les militaires montrent un escadron de gendarmerie déblayant la route jonchée de pneus brûlés, d’épaves de voitures et surmontée de barricades en feu. Les journalistes ont été tenus à l’écart une fois l’opération commencée.

Des affrontements ont éclaté une demi-heure après le début de l’opération entre « zadistes » et gendarmes mobiles au lieu-dit « Les Fosses noires ». Une dizaine de tracteurs « vigilants » ont bloqué la route, ainsi que des meules de foin et des poteaux électriques. Les gendarmes ont répondu à des jets de projectiles et de cocktails Molotov par des tirs de grenades lacrymogènes et de grenades assourdissantes. Une barricade a été incendiée par les zadistes pour ralentir l’avancée des forces de l’ordre. Un peu plus à l’ouest, sur la D81, des barrages de pneus et de paille, prêts à être enflammés, étaient érigés.

Une première interpellation a eu lieu à la suite des tirs de projectiles pour « violences sur agent de la force publique », selon des sources proches du dossier. Un gendarme a été blessé à l’œil par un tir de projectile, selon le ministère de l’intérieur.

  • Le dispositif

L’opération doit mobiliser durant plusieurs jours 25 escadrons de gendarmerie mobile, soit environ 2 500 militaires. Elle prévoit d’expulser toutes les personnes qui n’ont pas régularisé leur situation, en déclarant, par exemple, de nouveaux projets agricoles individuels, et à démanteler certains des 97 squats recensés par les autorités.

« Tous ceux qui ne s’inscrivent pas dans le cadre de la légalité devront quitter les terrains rapidement », a répété dimanche le premier ministre, Edouard Philippe, dans une interview au Parisien. L’opération de délogement d’« une centaine » de personnes sera maintenue « tant qu’il sera nécessaire », a précisé sur Europe 1 le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb. Une quarantaine d’« édifices » doivent être démantelés par les gendarmes au cours de cette opération, a fait savoir le ministre.

« J’espère qu’au cours de la journée tout se passera bien et que dans quelques semaines l’ordre sera revenu à Notre-Dame-des-Landes », a expliqué M. Collomb, promettant de proposer des solutions de relogement « à chacun ». « Il fallait que la loi se réinstalle », a déclaré le ministre de l’intérieur, qui a cependant rappelé aux forces de l’ordre les « consignes de retenue » et la « déontologie ».

  • Les zadistes

« Notre colère est ce matin profonde face au lamentable gâchis que représente la destruction engagée des maisons et espaces de vie que nous avons construits ici (…), nous ne partirons pas », ont annoncé les zadistes, estimés à 250 sur place, dans un communiqué.

Des appels aux renforts ont été lancés ces derniers jours pour monter des barricades, organiser le ravitaillement en soins et en nourriture. Les zadistes avaient appelé leurs soutiens à converger vers la ZAD « dès 4 heures du matin » ce lundi. Une assemblée est prévue « après une première journée d’expulsion » sur l’un des sites dans la zone. Les zadistes appellent à des rassemblements à 18 heures devant les préfectures, notamment à Nantes et Rennes, pour protester contre les expulsions.

  • Les réactions politiques

Manuel Valls a été parmi les premiers à réagir lundi matin. « Il fallait » évacuer la ZAD, a-t-il affirmé sur RTL, rappelant toutefois son hostilité à l’abandon du projet d’aéroport. « Quoi qu’il arrive, la force, l’Etat de droit, les règles, doivent s’imposer sur ce territoire comme dans tous les autres », a affirmé le député apparenté La République en marche (LRM). « On n’a pas d’autre choix, vu la topographie du terrain, que de mettre le paquet. » Interrogé sur la tentative d’évacuation avortée de 2012, l’ancien premier ministre a assuré avoir « eu le courage de le faire, je n’ai pas pu le mener à bout (…) Moi, je n’avais peur de rien dans cette affaire, j’aurais souhaité le faire ».

Pour Eric Coquerel, député La France insoumise (LFI) invité de Radio France internationale, « le gouvernement est irresponsable ». « Il veut mettre des images, espère-t-il violentes, pour faire peur aux gens, pour montrer qu’il est fort (…) qu’il résistera jusqu’au bout, avant le conflit cette semaine des cheminots. » De son côté, le député européen Europe Ecologie-Les Verts (EELV) Yannick Jadot regrette la « précipitation du gouvernement ».

A droite, Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains (LR) au Sénat, a exprimé son « soutien total aux forces de l’ordre », estimant sur Twitter : « l’Etat de droit doit être définitivement restauré [à Notre-Dame-des-Landes] ! » Pour Valérie Boyer, députée LR des Bouches-du-Rhône, « la mise en scène de l’intervention des forces de l’ordre ne parvient pas à masquer que l’Etat de droit a déjà reculé ».

« Je suivrai avec inquiétude l’opération qui vient de commencer », a fait savoir Matthieu Orphelin, député LRM du Maine-et-Loire. « J’appelle solennellement tous ceux qui sont en responsabilité comme tous ceux qui sont sur la zone, à la plus grande mesure et à éviter les dérapages et les affrontements. » L’élu redoute notamment « un nouveau César » ou « un nouveau Sivens ».

  • L’historique

Le 17 janvier, en mettant fin au projet d’aéroport sur le site, Edouard Philippe avait promis de mettre fin à la « zone de non-droit ». Les occupants de la ZAD ont prévenu qu’ils mèneraient une « résistance physique et déterminée ».

L’opération démarrée lundi est la première d’ampleur depuis l’automne 2012. Cette dernière tentative d’évacuation massive des occupants, baptisée « opération César », avait viré au fiasco malgré la mobilisation de plus d’un millier de gendarmes et de policiers.


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