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SNCF, étudiants, Air France… Une journée pour faire « converger des luttes »

Cheminots, fonctionnaires, étudiants… : les mouvements de colère se sont multipliés ces derniers temps contre la volonté réformatrice du jeune président, élu il y a quasiment un an. Mais ils restent pour l’instant disparates, échouant ainsi à faire plier le gouvernement. C’est ce que la CGT, qui reste le premier syndicat de France, et Solidaires veulent changer en fédérant les mécontentements pour mieux résister à la vague « néolibérale », comme ils l’appellent. Un désir qui a son mantra : la « convergence des luttes »… Jeudi, lors d’une journée de « mobilisation nationale », 133 mobilisations sont prévues dans toute la France. Des étudiants se sont joints aux manifestants, notamment à Rennes.

Le gouvernement veut « tout privatiser. il faut les arrêter », a estimé Olivier Mateu, patron de la CGT des Bouches-du-Rhône, en tête d’un cortège marseillais mené par plusieurs centaines de cheminots munis de pétards, feux de Bengale et cornes de brume. Le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon était présent. La manifestation parisienne quittera Montparnasse à 14 heures pour la place d’Italie. En plus des chiffres police et organisateurs, un collectif de médias, dont l’Agence France-Presse, publiera son propre comptage des manifestants des deux villes, réalisé par le cabinet Occurrence. Les grèves s’accompagnaient de perturbations, notamment à la SNCF où un TGV sur trois et deux TER sur cinq sont prévus. Une trentaine de cheminots ont bloqué le trafic en gare de Lille dans la matinée, en brûlant des pneus sur les voies, ce qui a poussé des passagers à descendre le long des voies pour rejoindre les quais. Les perturbations s’annoncent plus faibles dans les transports urbains. À Paris, elles concernent essentiellement les RER. À Marseille, seuls les bus devaient être légèrement perturbés.

Les fonctionnaires dans les starting-blocks

Dans l’énergie, les militants CGT, qui promettaient des « coupures ciblées », ont, par exemple, arrêté l’électricité en gare de Pau, coupé les radars au Creusot (Saône-et-Loire) ou organisé un barrage filtrant sur un rond-point près de la centrale nucléaire de Bugey (Ain). La mobilisation affecte aussi certaines crèches et écoles, où l’accueil des enfants ne devait pas toujours être assuré. Dans les maternelles, les agents territoriaux spécialisés (Atsem) entament un mouvement de grève reconductible. Les antennes de France Culture et de France Musique étaient perturbées en matinée. Des débrayages sont également prévus à La Poste, chez les fonctionnaires et à France Télévisions.

Si cette journée d’actions devrait bénéficier d’un grand soleil, le météo sociale, quant à elle, est orageuse. Les grèves s’enchaînent dans divers secteurs : les cheminots en sont à leur huitième journée de grève depuis début avril contre la réforme ferroviaire, les fonctionnaires, qui défendent aussi leur statut, organisent une troisième journée de grève le 22 mai, Air France sort d’une neuvième journée de grève sur des revendications salariales. La grogne monte également dans le secteur de la santé, les hôpitaux et les maisons de retraite médicalisées (Ehpad). En dehors du monde du travail, des facultés sont occupées ou bloquées par des opposants à la réforme « « Parcoursup », accusée d’instaurer une « sélection » à l’entrée à l’université.

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Ce n’est pas la tasse de thé de la CFDT.

Mais le président Emmanuel Macron a dit ne pas croire à la « coagulation » des « mécontentements », estimant que les différents mouvements avaient « peu à voir » entre eux. Il est vrai que la « convergence des luttes » de jeudi reste plus pour l’instant un appel isolé, les autres syndicats refusant de s’y joindre. « Ce n’est pas la tasse de thé de la CFDT », déclarait fin mars Laurent Berger, leader de ce syndicat plus modéré, jugeant que la convergence « ne permet jamais d’avoir des résultats concrets pour les travailleurs ».

En revanche, la CGT ne désespère pas de rallier Force ouvrière, autre grand syndicat, à sa position. Aujourd’hui réfractaire à la « convergence des luttes », le syndicat pourrait changer de ligne après son congrès fin avril. Pascal Pavageau, qui va succéder à Jean-Claude Mailly à la tête de FO, est ouvert à une « unité d’action ». La CGT semble ici jouer son va-tout dans la réussite de la « convergence », tant le gouvernement refuse pour l’instant de céder, et alors que le nombre de grévistes à la SNCF commence à reculer par rapport au début du mouvement.


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