Montpellier : les CRS reprennent l’université désertée par les étudiants
Après plus de deux mois d’occupation, la police est intervenue lundi pour débloquer l’université Paul-Valéry de Montpellier, en pointe de la contestation contre la loi sur l’accès aux études universitaires, mais quasi déserte en raison des vacances. L’opération a toutefois été de moindre ampleur par rapport à celle qui avait mobilisé une centaine de CRS vendredi pour lever le blocage du site parisien de Tolbiac, lieu emblématique de ce mouvement étudiant, après trois semaines d’occupation.
« 50 flics pour 0 étudiant.e.s »
« On savait très bien qu’il n’y aurait pas grand monde sur place » lundi matin, a indiqué la préfecture de l’Hérault à l’AFP. « Une vingtaine de policiers sont entrés sur le campus. Ils ont fait des constatations d’usage à des fins d’enquête notamment concernant les dégradations qui sont importantes et sont chiffrées entre 250 000 et 300 000 euros » par la présidence, a ajouté la préfecture.
À Tolbiac, le président de l’université Paris-1, Georges Haddad, avait lui aussi évalué le coût des « dégradations » à « plusieurs centaines de milliers d’euros ». Une enquête pour dégradations en réunion a été ouverte vendredi après l’évacuation.
« Intervention policière pour débloquer l’université Paul Valéry. 50 flics pour… 0 étudiant-e-s », a réagi lundi le syndicat Solidaires Étudiants 34 sur les réseaux sociaux : « Le comité de mobilisation avait pourtant prévenu qu’il n’y aurait personne », poursuit-il, voyant dans cette action « ridicule » « l’incompétence de la direction ».
Lors d’une assemblée générale jeudi matin, ce comité de mobilisation avait décidé de faire profil bas pendant les vacances universitaires qui ont débuté vendredi et s’achèvent le 29 avril. Les étudiants ont expliqué vouloir « reprendre des forces » pour recommencer le blocus à la rentrée.
Intervention à Grenoble
La police est aussi intervenue tôt lundi matin pour déloger une quarantaine d’étudiants, de retour d’une semaine de vacances, qui bloquaient l’entrée d’un bâtiment de l’université Grenoble-Alpes où devaient se tenir des cours et des examens. La présidence a rapidement fait appel aux forces de l’ordre qui ont procédé au déblocage, sans faire de blessé. Il y a eu une interpellation. La présidence a expliqué vouloir assurer la tenue des examens et le bon fonctionnement de ses sites et décidera désormais au cas par cas d’un éventuel recours aux forces de l’ordre.
« Base arrière »
De source préfectorale à Montpellier, on indique que les policiers ont trouvé lundi du « matériel » montrant que l’université de lettres, sciences humaines et sociales, langues et arts Paul-Valéry servait de « base arrière » lors des manifestations, notamment celle du 14 avril, marquée par des heurts entre manifestants et policiers et des dégradations de commerces. À leur issue, une cinquantaine de personnes avaient été interpellées, mais deux seulement ont été déférées pour dégradation, avec à la clé jusqu’ici une seule condamnation à trois mois de prison ferme.
Les étudiants qui bloquaient le campus depuis la mi-février ainsi qu’une partie du personnel et des syndicats contestent ces accusations et dénoncent une stratégie politique au plan national visant à « criminaliser » le mouvement contre la loi Vidal, accusée d’introduire une « sélection » à l’entrée à l’université.
« Franchise universitaire »
Le tribunal administratif de Montpellier avait ordonné mercredi aux occupants de l’université Paul-Valéry de « libérer les lieux sans délai ». Faute de départ des occupants, le tribunal avait autorisé le président de l’université Patrick Gilli « à procéder d’office à leur expulsion ». « La réoccupation légale est nécessaire pour assurer la continuité du service public » pour les 20 000 étudiants inscrits à Paul-Valéry, avait plaidé une représentante de la direction devant le tribunal administratif alors que les étudiants avaient voté fin mars un « blocus illimité » jusqu’à « l’abrogation de la loi Vidal ». La présidence avait également dénoncé le « sabotage » des serveurs informatiques de l’université le 11 avril. Le préfet de l’Hérault avait laissé la porte ouverte il y a une semaine à une intervention policière.
Les syndicats Snesup, CGT-Université, Sud-Éducation et Solidaires avaient dénoncé ce « choix de la répression ». Étudiants et enseignants de cette université qui fut l’une des premières à se mobiliser en mai 1968 se disent attachés à la « franchise universitaire », statut particulier et symbolique datant du Moyen Âge et limitant de manière drastique l’intervention de la police sur les campus.
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