A la Une

Royal baby : la monarchie britannique, point fixe dans la tourmente

L’une des grandes forces de la famille royale britannique est de rassurer ses sujets dans la tourmente. L’effervescence autour de la naissance du troisième enfant du duc et de la duchesse de Cambridge l’atteste. Tout comme le mariage, le 19 mai, du prince Harry et de Meghan Markle, les événements royaux projetés sur les écrans du monde entier à grands jets de chromos permettent aux Britanniques de recouvrer une innocence neuve et l’assurance d’une éternité stable.

La venue au monde du « royal baby », un garçon né ce lundi 23 avril à 11h 01, n’a eu de cesse de dominer l’actualité depuis des jours. Le tapage médiatique est a priori surprenant. Le petit-frère de George et Charlotte ne sera que cinquième dans l’ordre de succession. Au niveau institutionnel, seuls comptent le souverain, le prince héritier et son fils aîné, en l’occurrence Elizabeth II et les princes Charles et William. Le prince George, troisième dans la chaîne, devra longtemps attendre son tour avant de monter sur l’un des plus vieux trônes du monde.

Par ailleurs, le nouveau venu au sein du clan Windsor deviendra un membre mineur de la famille royale. Adulte, sa tâche officielle consistera à inaugurer les chrysanthèmes et à représenter le chef de l’État à des fonctions de second ordre. Il ne bénéficie pas de fonds publics et le souverain couvrira ses frais de représentation dans la limite des œuvres philanthropiques. Le « Royal » sera entouré d’une petite domesticité, dont une secrétaire et un chauffeur, à sa disposition.

Le destin peut certes en décider autrement, comme ce fut le cas d’Elizabeth II devenue du jour au lendemain princesse héritière à l’âge de 10 ans à la suite de l’abdication de son oncle Édouard VIII en 1936.

Harry et Meghan mania

Il en est de même du prince Harry. Le frère de William est repoussé à la sixième place dans l’ordre de succession. La « Harry et Meghan mania » contraste avec la position subalterne du futur couple princier. La formidable popularité de Harry est liée à son action en faveur des militaires handicapés dans le cadre des Invictus Games, à sa participation à la guerre d’Afghanistan et à son profil d’« enfant terrible ». Mais, en pratique, la feuille de route du duo Harry-Meghan est réduite. La reine a chargé son petit-fils de la représenter dans les pays du Commonwealth, la grande famille d’outre-mer. Il devrait également poursuivre l’action de sa mère, la princesse Diana, dans le domaine de l’aide au développement, particulièrement en Afrique.

Lire aussi Le prince Harry, un millennial royal

Dans ces conditions, comment expliquer pareil engouement médiatique ?

En vraie professionnelle du suspense, la famille royale adopte à intervalles réguliers un nouveau personnage propre à relancer l’intérêt des médias du globe. Il y eut d’abord la sainte Diana, puis cette pauvre Fergie, l’épouse d’Andrew, affligée d’encombrants amants, et enfin Kate. Indélogeable au box-office Windsor, cette dernière n’a pas fait un pas de travers depuis son mariage avec William.

Et voilà Meghan, divorcée américaine et métisse, qui fera son entrée dans la famille royale le 19 mai. En attendant le jour J, elle a effectué quelques visites officielles aux côtés du futur époux, potassé en hâte l’histoire de la famille royale et appris les rudiments du protocole.

Lire aussi Meghan Markle : une métisse à Buckingham

La monarchie, championne du soft power

Fastueuse et intemporelle, la monarchie d’outre-Manche s’offre comme un rempart devant les remous de l’heure. Les Windsor ont su rétablir une nouvelle fois le consensus national qui échappe au gouvernement. Naissance et épousailles permettent de faire oublier le Brexit à venir, les frappes en Syrie, la tentative d’empoisonnement d’un agent double russo-britannique vraisemblablement sur ordre du Kremlin à Salisbury ainsi que la hausse dramatique de la criminalité, notamment des attaques au couteau.

La « love story » Harry-Meghan tout comme l’heureux événement embrasent non seulement l’Angleterre mais aussi les ex-colonies et dominions du plus grand empire de tous les temps. C’est un coup gagnant de la diplomatie britannique qui en a besoin à l’approche de la rupture des amarres avec l’Union européenne, le 29 mars 2019. Dans l’ère post-Brexit, le Royaume-Uni compte sur les États-Unis et le Canada pour signer des accords bilatéraux destinés à pallier la sortie du marché unique et de l’union douanière. Meghan est américaine et, après son premier mariage, a vécu à Toronto. La reine Elizabeth II est toujours chef de l’État du pays à la feuille d’érable qu’elle aime profondément.

L’impact planétaire du show Windsor illustre à la perfection le « soft power » royal, champ traditionnel de la diplomatie d’Albion.


Continuer à lire sur le site d’origine