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SNCF : l’intersyndicale affine sa stratégie sur la grève

Manifestation à Lyon, le 19 avril.

Les syndicats de la SNCF se réunissent mardi 24 avril, au dixième jour d’une grève qui perturbe encore fortement le trafic, pour débattre de la stratégie à adopter face à un gouvernement inflexible.

La direction de la SNCF compte sur un TGV et un Intercités sur trois en circulation, ainsi que deux Transiliens et TER sur cinq. Comme lundi, un train sur deux devrait circuler en moyenne à l’international et, en région parisienne, sur les très fréquentées lignes A et B du RER.

A 13 heures, les cheminots doivent se rassembler place de la Bourse à Paris et devant les sièges régionaux du Medef, pour dire « non à la SNCF par actions ». A l’origine de l’initiative, la CGT-Cheminots (premier syndicat de la SNCF) entend protester contre la transformation du groupe ferroviaire, au 1er janvier 2020, en société anonyme à capitaux publics. Les syndicats y voient un « premier pas » vers une privatisation, malgré les démentis répétés du gouvernement. Les cheminots seront soutenus par des salariés grévistes dans l’énergie, à l’appel de la FNME-CGT, première organisation syndicale du secteur.

A 17 heures, l’intersyndicale de la SNCF au complet (CGT, UNSA, SUD et CFDT) se retrouvera au siège de SUD-Rail, à Saint-Denis.

Quelles suites pour la grève ?

Les syndicats discuteront de la poursuite ou non du mouvement après le 28 juin. Certains envisagent une grève pendant l’été. « Ça fait le buzz aujourd’hui de dire qu’on pourrait être encore en grève cet été, on pourrait l’être encore à Noël ou au Nouvel An », a déclaré Didier Aubert, de la CFDT-Cheminots, mardi à l’antenne de Radio classique. Interrogé par l’AFP, Roger Dillenseger de l’UNSA n’a « pas envie d’annoncer qu’on ne trouvera pas de solution en trois mois », un scénario « impensable au regard des usagers, de l’entreprise, des cheminots ».

Un autre débat fait rage : faut-il se rendre mercredi à la séance censée clôturer la concertation sur « l’amélioration de la qualité du service public ferroviaire », au côté du patronat, d’associations d’élus, de collectivités et d’usagers, de députés et sénateurs et d’ONG environnementales ? Les syndicats ayant décidé la semaine passée de ne plus discuter avec la ministre des transports, Elisabeth Borne, « logiquement aucune organisation syndicale ne devrait y participer », avance Sébastien Mariani (CFDT). L’UNSA espère au contraire pouvoir « trouver la solution pour y participer ».

L’intersyndicale débattra également du lancement, mercredi selon la direction SNCF, des négociations internes sur la nouvelle organisation du travail et le futur socle social des cheminots.

Les jours de congés entre les jours de grève ne seront plus payés

La direction et les syndicats s’opposent par ailleurs concernant le mode de calcul de la paie des cheminots. En effet, chaque série de deux jours de grève correspond à un préavis particulier, ce qui évite l’ajout des jours de congé dans le décompte, ce calcul pénalisant ne se déclenchant qu’au bout de trois jours de grève.

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Mais la direction de la SNCF a décidé que ce chapelet de jours de grève n’était en fait qu’un seul et même préavis, ce qui renchérit la perte de salaire pour les grévistes. « La différence est énorme pour la plupart des cheminots dont les salaires sont modestes, souligne M. Aufrère-Privel, secrétaire général de la CFDT-Cheminots, 60 % des rémunérations à la SNCF sont sous le salaire médian français [environ 1 800 euros brut]. »

La CFDT-Cheminots a prévu d’assigner la SNCF en justice sur ce point mercredi. Et, signe que le sujet est sensible, l’autre syndicat réformiste, l’UNSA-Ferroviaire, a également décidé d’attaquer devant les tribunaux la décision de l’entreprise.

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