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Ecouter le monde crée une plateforme internationale dédiée aux sons

Dans la cour du Palazzo Pisani de Venise, un bureau de poste éphémère et des missives improbables, affranchies selon le tarif en vigueur « Ecouter Le Monde »: «Bonjour, Je suis à Venise. Il fait beau. Je t’envoie cette carte postale sonore….Ecoute…», écrit Ariana venue découvrir les installations et qui se prête au jeu. Monica Fantini a pensé la journée de lancement du site Ecouterlemonde.net comme une invitation à l’écoute. Et si partager un son, un bruit, une mélodie de la ville ou de la vie devenait aussi simple qu’envoyer une carte postale, une photo via son téléphone portable ?

Nos activités humaines s’accompagnent d’une multitude de sons. Qu’ils soient agréables ou pas, permanents ou fugaces, intenses ou plutôt doux, ils sont là. Et par leur immédiateté, leur force émotionnelle, ils créent des liens sociaux privilégiés et permettent d’appréhender autrement le monde. Que racontent les bruits mécaniques de Porto Marguera, la zone industrielle de Venise, située à l’entrée de la lagune et encore partiellement en activité ? Comment écouter le son de l’eau, ce son qui contrairement aux autres est le même partout, un son qui de toute évidence nous survivra ? Débats, rencontres installations sonores, documentaires dans le somptueux décor du Palazzo Pisani, siège du conservatoire de musique de Venise ponctuent la journée autour d’un sens dont on n’a peut-être pas pleinement conscience: l’ouïe.

Au bout de bientôt deux ans de travail avec les partenaires du projet ( l’Ejicom de Dakar, l’association d’habitants Bruxelles nous appartient, Brussel behoort ons toe et le conservatoire de musique Benedetto Marcello de Venise et RFI ), la plateforme Ecouterlemonde.net est donc en ligne. Encore en cours d’élaboration, elle comprendra à terme, une sonothèque, banque de données de sons du monde disponibles, après inscription, pour des créations artistiques, des documentaires. Vous pourrez ainsi voyager en écoutant les cris des vendeurs de devises à Téhéran, le brouhaha des vendeurs de poissons du marché de Pikine à Dakar, ou encore les cloches de la cathédrale San Marco de Venise. Le site comprendra également un espace participatif afin de transmettre le plaisir de l’écoute en donnant la possibilité aux internautes d’envoyer une carte postale sonore, à l’image de celles proposées lors de la journée de lancement au Palazzo Pisani: un destinataire, un son, un message personnalisé. Ecouterlemonde.net partagera également ses savoirs-faire en mettant à disposition des modes d’emploi pour réaliser une bonne prise de son, ou pour construire un récit sonore.

La reconnaissance d’un patrimoine

«Le premier enregistrement des sons de la ville que nous possèdons date de 1911, mais il s’agit d’une reconstitution, par un humoriste de l’époque, Jean Peheu. Ce qui fausse un peu la donne. On y entend le marchand parisien de 4 saisons, la marchande de poissons», regrette Pascal Cordereix, conservateur, chef du service documents sonores de la Bibliothèque nationale de France (BNF). La France n’a commencé à collecter les sons de la ville qu’à partir des années 60-70 ( La British Library , elle, a archivé les sons de la ville dès les années 1920-1930). Pour Pascal Cordereix, il y a là tout un patrimoine perdu. Qu’entendait-on dans le métro parisien à sa création puis dans les années 20-30-40 etc…Quels étaient les bruits des machines ? Quelle ambiance y avait-il dans les couloirs souterrains. A Venise, Monica Fantini et les partenaires du projet en sont persuadés, la matière sonore est un bien précieux. La collecte ne fait que commencer.

Retrouvez un écho de cette journée de rencontres et installations sonores à Venise, chaque semaine sur l’antenne de RFI, avec Monica Fantini. Avec le soutien du programme Europe Créative de la Commission Européenne.


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