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L’été de l’amour : « J’avais 58 ans, lui 56. On n’avait plus de temps à perdre »

Chantal Lambert, 60 ans, garde pour chiens, et Thierry Laplanche, 58 ans, ambulancier, habitent à Quincey (Haute-Saône).

Chantal Lambert, 60 ans, a rencontré Thierry par le biais de Meetic.

« Après dix ans de vie commune avec mon ex, j’ai posté sur Facebook : “On se fait un cadeau : on se sépare.” Et je me suis mise sur Meetic. En un an de célibat, j’ai dû rencontrer quarante prétendants. J’étais toute seule chez moi. Tu te pomponnes, tu t’apprêtes, tu sors. Tu as envie de plaire. Tu te sens encore vivante et tu as toujours un peu d’espoir.

La main est venue tout de suite. Elle était chaude, sèche, bien. C’était la bonne hauteur.

A 16 h 30, un mardi, je reçois un message de Thierry sur Meetic. On s’appelle tout de suite. Il me dit : “On peut se voir ?” A 17 h 35, on s’est retrouvés sur le parking, place de la République, à Vesoul. J’avais cinq minutes de retard. On descend des voitures. Et puis, en marchant en direction du bistrot, il me demande : “Je peux te prendre la main ?” Parce que, pour lui, ce qui compte, c’est ça : la hauteur de la main. Elles ne se sont pas cherchées. La main est venue tout de suite. Elle était chaude, sèche, bien. C’était la bonne hauteur.

On est allés boire un café au bar Chez Christiane. J’avais un autre rendez-vous le soir, à Courtepaille. Quelqu’un que j’avais vu plusieurs fois. Mais cet homme – il devait être malade ou je ne sais quoi –, il ne voulait pas faire grand-chose, juste finir sa vie. J’avais pas du tout envie de finir la mienne, plutôt de la recommencer. Alors je l’ai largué.

Le lendemain, avec Thierry, c’était prévu qu’on se revoie à 11 heures. A 9 h 30, il était devant la porte. J’étais encore en pyjama. Et il est resté. C’était pas la peine qu’il reparte. Moi, j’avais 58 ans, lui 56. On n’avait plus de temps à perdre.

Chez Chantal Lambert et Thierry Laplanche, à Quincey (Haute-Saône).

Ça va faire deux ans. Il m’appelle “Bébé”. On ne peut pas se passer l’un de l’autre. Dans son profil, il disait qu’il faisait le ménage et la cuisine. Il ne cuisine pas, c’est faux. Mais il fait le ménage. Il repasse aussi ses affaires. Moi, je mets dix minutes, lui, deux heures, mais il le fait.

Je fais tout pour lui. Tous ses petits soucis, il faut que je les résolve. C’est plus fort que moi. Il est gentil, prévenant. Il me dit tout le temps : “Je t’aime.” Je crois que la dernière fois qu’il me l’a dit, c’était hier, à midi.

Il me dit tout le temps : “Je t’aime.” Je crois que la dernière fois qu’il me l’a dit, c’était hier, à midi.

Le matin, il me regarde, m’embrasse dix fois et me dit : “Ah, tu es belle.” Ça me fait rire. Je vais passer trois fois à côté de lui, et je l’embrasse au moins une fois. Je vais chercher un objet dans le buffet, par exemple. Je vais sentir son regard me suivre. Je vais me retourner et lui faire un bisou.

Thierry me donne de l’amour. J’avais jamais rencontré un homme qui m’aime comme lui. Et je n’ai jamais aimé comme je l’aime.

Tous les deux, on est pareils. On aime les gens. On aime rendre service. On est francs et honnêtes. On voyage tout le temps. Mon dernier compagnon ne faisait aucune place pour moi dans sa vie. Et Thierry, c’est aussi tout le contraire de mon ex-mari. J’ai été mariée pendant vingt-quatre ans avec un grand dépressif. Lui, les gens, il les haïssait, il en avait horreur. Il en avait peur. Et sa peur se transformait en haine. Lui, c’était la nuit, et moi, j’étais le jour. Mais j’y croyais. Je voulais le sauver. Je restais pour lui parce que je ne pouvais pas lui faire de mal. Mais il était malade. J’en dormais plus. J’ai fait une tentative de suicide.

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Mon fils voyait que ça n’allait pas du tout. Quand je rentrais du boulot, à 20 heures, j’allais le rejoindre dans sa chambre et on regardait la télé. Mon gamin me disait tout le temps : “Maman, c’est quand qu’on part ?” Alors là, ben il fallait que j’assume. On est partis. Mon ex-mari s’est suicidé il y a cinq ans, le jour anniversaire de notre divorce.

Avec Thierry, même si on ne passe que dix ans ensemble et que ça se termine, je ne lui en voudrai pas. Parce que ça aura été intense et tellement beau. Et que le temps, de toute façon, ça n’a pas d’importance. »

Retrouvez la série sur Instagram : @stefaniarousselle


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