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Retour à Mossoul, ville de décombres et d’espoirs

A Mossoul, dans la vieille ville, en avril.

A chacun de mes passages à Mossoul, le café turc dans le petit jardin de Maher est ­devenu un rituel. Depuis ­notre première rencontre, le 9 novembre 2016, le jour de la libération de sa rue du quartier Al-Zouhour par des forces antiterroristes irakiennes, je viens régulièrement papoter avec ce professeur de biologie à la retraite et ses deux fils, Ali et Youssef, sous l’oranger, autour de la ­table en fer forgé. A quelques plantes près, le jardinet est l’une des rares choses qui n’ont pas changé dans cette ville du nord de l’Irak.

Plus d’un an après sa libération complète de l’emprise de l’organisation Etat islamique (EI), mi-janvier 2017, l’est de Mossoul, en grande partie épargné par les combats, ne cesse de se transformer. Les rues ont vite été déblayées, les immeubles endommagés retapés par leurs propriétaires. Les riches hommes d’affaires qui avaient fui la ville à sa chute, en juin 2014, et les commerçants qui sont restés et qui ont pu sauver un bas de laine se sont empressés de se relancer. Boutiques, cafés, restaurants et salles de jeux poussent comme des champignons, leurs devantures rivalisant de couleurs et de néons.

Un barrage militaire, posté sur l’avenue commerçante, barre désormais l’accès au quartier Al-Zouhour. Sitôt parvenue devant la villa de plain-pied, je suis accueillie par la voix claironnante de Maher. « Ahlan ! Ahlan ! » (« bienvenue ! »), lance l’imposant sexagénaire, les yeux pétillants. Aujourd’hui, nous prendrons le café dans le salon. Je découvre pour la première fois l’intérieur de la maison, ­décoré des toiles qu’il a peintes en cachette sous le règne de l’EI, de juin 2014 à novembre 2016. Des paysages impressionnistes, des tulipes rouges sur fond noir.

Jadis dotée d’hôpitaux de pointe, Mossoul est devenue un désert médical. Les médecins et les spécialistes partis en 2014 ne sont pas revenus

Jusqu’à présent, la maison m’était implicitement interdite. C’est là où Fatima, l’épouse…


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