Laïcité à l’école : 59 % des enseignants s’inquiètent

Selon une enquête du Comité national d’action laïque (CNAL), relayée par Le Monde, les atteintes à la laïcité se multiplient dans les établissements scolaires. À peine plus d’un professeur sur dix témoigne d’atteintes à la laïcité à l’école. Sondés par l’Ifop, les enseignants confrontés à ces remises en cause religieuses affirment que dans 97 % des cas la situation se règle par le dialogue. « Moins du cinquième des sondés pour qui la laïcité fait l’objet de contestations ont eu recours à des procédures disciplinaires », écrit Le Monde. D’ailleurs, 91 % des enseignants jugent même le climat scolaire apaisé. Les différents incidents peuvent se produire autour des questions de la cantine scolaire, à l’occasion d’une fête religieuse ou lors de sorties scolaires. Seulement 3 % des personnes sondées évoquent des remises en cause régulières.
Ces différentes situations concernent particulièrement le réseau d’éducation prioritaire. Le CNAL rapporte que dans ces établissements les atteintes atteignent même un « score préoccupant ». « Nos enseignants en éducation prioritaire voient la montée des communautarismes de toutes sortes, donc ils sont inquiets. Si la société, de son côté, ne fait pas effort, pour que les citoyens vivent ensemble, les enseignants auront de plus en plus de difficultés à faire passer les valeurs et les principes de la laïcité », alerte Jean-Paul Delahaye, président du CNAL cité par Franceinfo.
Absence de formation
Mais, les enseignants semblent mal équipés pour affronter ces situations délicates. En effet, cette enquête rapporte que 94 % d’entre eux n’ont jamais bénéficié d’une formation continue sur la laïcité. Si les conflits se résolvent facilement, plus du tiers des sondés admetten s’être déja auto-censurés dans leur classe pour éviter la survenue d’incidents.
Quelles sont les situations problématiques ? L’enseignement moral et civique (20 %) se distingue, comme le rapporte Le Monde. Avant d’ajouter que la mixité filles-garçons fait aussi l’objet de débats (22 %). Mais ce sont les temps de recueillement, comme les minutes de silence post-attentats, qui ont provoqué de nombreuses mises en cause (33 %). Ce sont pendant les cours d’histoire-géographie que les incidents s’avèrent le plus fréquents (35 % des enseignants concernés par des contestations).
Laïcité en danger ?
59 % des enseignants sondés estiment la laïcité en danger. « Les enseignants doivent être considérés comme des lanceurs d’alerte. À l’heure où l’on se gargarise de vivre ensemble, eux sont à l’avant-poste pour faire le constat que les jeunes sont de plus en plus dans le côte-à-côte, voire dans le face-à-face », estime Jean-Paul Delahaye.
Afin de doter tous les établissements scolaires d’une référence commune, le ministre de l’Éducation avait récemment annoncé la distribution d’un « vade-mecum » de la laïcité dans les écoles françaises. Un « conseil des sages » a déjà été mis en place pour aider l’Éducation nationale à répondre aux problèmes de laïcité. Il est chargé de répondre aux sollicitations d’une équipe nationale « laïcité et fait religieux », elle-même déclinée en unités dans chaque académie pour « prévenir et réagir » en cas d’incident. Jean-Michel Blanquer annonce aussi vouloir « mettre à disposition de chaque professeur en France une adresse de saisine où on lui garantit une prise de contact du ministère dans les vingt-quatre heures en cas de signalement d’un problème relatif à la laïcité ».
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