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Yémen: combats au sol et raids aériens intenses autour de Hodeida

La coalition sous commandement saoudien en guerre contre les rebelles a beau jeu d’assurer de ne pas chercher l’escalade au Yémen. Pourtant les forces pro-gouvernementales y ont acheminé d’importants renforts et les combats n’en sont pas moins meurtriers. Au contraire, les escarmouches et raids aériens vont en s’intensifiant depuis jeudi dernier autour de Hodeida, port stratégique situé sur la mer Rouge, à l’ouest du pays.

« Les bombardements sont très intenses depuis samedi, raconte Manel Qaïd, une habitante de la ville jointe par RFI. Ce jour-là les frappes aériennes et les tirs d’artillerie ont débuté à l’aube et se sont poursuivis toute la journée. On entendait sans cesse les hélicoptères, c’était effrayant. Durant les dernières 48h la situation s’est plus ou moins apaisée mais les combats se poursuivent toujours. »

Plus tôt dans la journée, des responsables des forces pro-gouvernementales yéménites ont affirmé que les troupes engagées sur plusieurs fronts avaient essayé de progresser dans des banlieues de la ville méridionale de Hodeida vers le nord pour couper la principale voie d’approvisionnement des Houthis.

Ils ont fait état de raids aériens intensifs de la coalition sur des cibles rebelles, alors qu’une source de la coalition a assuré qu’il ne s’agissait pas « d’opérations offensives » pour reprendre le port par où transitent près des trois quarts de l’aide humanitaire entrant au Yémen.

Les habitants isolés

Mais selon des médecins de Hodeida, les corps de 74 rebelles ont été transportés dans deux hôpitaux de la ville ces dernières 24 heures. Et 15 combattants pro-gouvernementaux ont été tués, selon des sources médicales gouvernementales. Le personnel de Save the Children à Hodeida a fait état d’une centaine de raids au cours du week-end. « Cette sérieuse escalade pourrait mettre des dizaines de milliers d’enfants dans la ligne de feu et étouffer davantage la distribution de vivres et de médicaments dans un pays où nous estimons que la faim extrême et la maladie tuent en moyenne 100 enfants par jour », a averti l’ONG, citée par l’AFP.

Chez les habitants qui restent calfeutrés, l’angoisse est prégnante. « Internet est coupé et c’est très inquiétant, reprend Manel Qaïd. On ne peut plus prendre des nouvelles les uns des autres et on ne sait plus ce qui se passe vraiment autour de nous. Cette fois-ci, malgré l’intensité des combats les gens ont décidé de rester chez eux, personne n’a quitté la ville. C’est comme si la population acceptait son sort. Mais en même temps nous avons peur de ne plus pouvoir sortir de Hodeida. Certains ici affirment que la seule route pour quitter Hodeida serait actuellement coupée. J’ignore si c’est vrai ou si c’est juste une rumeur. »

La coalition intervient depuis 2015 au Yémen pour rétablir à Sanaa le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi, réfugié à Ryad. Les rebelles Houthis, soutenus par l’Iran, restent maîtres de la capitale Sanaa et de vastes régions du nord et de l’ouest de ce pays pauvre de la péninsule arabique. Avec la Syrie, le Yémen subit l’une des plus grandes catastrophes humanitaires de la planète.


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