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« Gilets jaunes » : à Toulon, un commandant de police décoré a frappé des manifestants

Dans cette vidéo, l’officier de police est filmé frappant plusieurs fois de suite au visage le jeune homme posté contre le mur, à Toulon, le 5 janvier.

Dans cette vidéo, l’officier de police est filmé frappant plusieurs fois de suite au visage le jeune homme posté contre le mur, à Toulon, le 5 janvier. CAPTURE D’ECRAN

Un officier de police, promu de la Légion d’honneur, a été filmé en train de frapper plusieurs personnes à l’occasion d’une manifestation de « gilets jaunes », samedi 5 janvier à Toulon.

Didier Andrieux, commandant divisionnaire, « actuellement responsable par intérim des 400 policiers en tenue de Toulon », a agi « proportionnellement à la menace » en neutralisant des « casseurs », a cependant estimé le procureur de la République. Bernard Marchal cite « un contexte insurrectionnel avant et après ces vidéos, dans lequel il était impossible d’interpeller quelqu’un sans violence ». Il n’a pas ouvert de procédure contre le fonctionnaire.

Mais c’est désormais l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), qui va étudier son cas. Le préfet du Var, Jean-Luc Videlaine, a en effet annoncé sur Twitter dimanche 6 janvier avoir saisi la « police des polices » afin qu’une enquête « permette de faire toute la lumière sur les suspicions de violences policières à Toulon ».

Coups de poing au visage

Sur la vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, on le voit en tenue mais tête nue, donner plusieurs coups de poing au visage d’un homme plaqué contre un mur, avant que d’autres fonctionnaires ne s’interposent.

L’homme frappé, qui ne porte pas de gilet jaune, était en possession d’un tesson de bouteille, selon le procureur et M. Andrieux « a voulu le neutraliser ». « Nous avons pu établir que cet homme faisait partie d’un groupe d’une cinquantaine de casseurs qui avaient dégradé des voitures dans les minutes avant la vidéo », a ajouté M. Marchal.

Dans une interview à Nice-Matin, M. Andrieux explique avoir d’abord envoyé un coup sur la main de l’homme, « pour lui faire lâcher le tesson ». Puis, « je lui donne deux autres coups, car je ne sais pas s’il a lâché le tesson ».

Le policier assure connaître cet homme, « qui est un multirécidiviste et qui n’a rien à voir avec les gilets jaunes ». Celui-ci est en effet connu de la justice depuis une dizaine d’années selon le procureur, notamment pour des faits d’outrage et de viol. Il a été arrêté, placé en garde à vue, et comparaîtra lundi à Toulon.

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Prendre en compte « le contexte »

Dans une seconde séquence de la vidéo, on voit M. Andrieux frapper un « gilet jaune » contre le capot d’une voiture. Selon le procureur, « là encore le contexte nuance fortement les images ». Le « gilet jaune » frappé par le policier était masqué quelques minutes avant et venait de tenter de s’emparer d’une bouteille. M. Andrieux assure qu’il s’agit « de l’interpellation d’un homme qui se rebellait ». Ce dernier a lui aussi été arrêté et placé en garde à vue. Un deuxième individu masqué, son frère, a pu échapper aux policiers, selon le procureur.

M. Andrieux a participé à toutes les opérations de sécurisation des manifestations de « gilets jaunes » à Toulon et est bien connu des manifestants, selon le procureur, qui ajoute que « certains s’en sont pris violemment à lui samedi ». Sept personnes ont été interpellées et placées en garde à vue suite à ces débordements.

Cette vidéo a été abondamment partagée par les « gilets jaunes » sur les réseaux sociaux, en réponse aux propos condamnant le manifestant qui a roué de coups un gendarme à terre, samedi après-midi à Paris.

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