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« Cela pose problème en terme d’apprentissage » : une semaine après la rentrée, l’académie de Toulouse confrontée au manque d’enseignants

« Y aura-t-il un enseignant devant chaque classe ? » Juste avant la rentrée scolaire, le ministre de l’Education nationale, Pap Ndiaye, a assuré que oui, mais a précisé que dans certaines matières, au collège, au lycée, il y avait des difficultés de recrutement. En clair, le risque d’un manque d’enseignants.

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Et une semaine après la rentrée, des postes sont effectivement vacants, et pas que dans les académies réputées les moins attractives, celles que l’on pointe souvent, comme Versailles ou Créteil. Ainsi, à Toulouse, académie prisée par les enseignants, Aurélien est prof d’histoire-géo dans un collège de la Ville Rose et dans la salle des profs, depuis la rentrée et même bien avant, il manque un collègue en technologie : « C’est la deuxième année consécutive, explique-t-il. Nous avons donc des élèves en cinquième qui commencent l’année sans technologie et qui n’ont pas eu technologie du tout l’année dernière. »

« Cela pose bien entendu problème en terme d’apprentissage et on peut légitimement s’inquiéter pour eux en vue de l’épreuve de sciences du brevet. »

Aurélien, prof d’histoire-géo

à franceinfo

Le rectorat de Toulouse reconnaît des tensions, un manque d’enseignants en technologie. Mais aussi en éducation physique et sportive, en anglais… Globalement des matières dans lesquelles il y a encore des « trous », également ailleurs en France.

Et il sera difficile de remplacer toutes les absences des professeurs dans ces matières durant l’année. « Des collègues ont appris très tard l’endroit où ils allaient exercer, parfois s’étaient préparés pour un niveau de classe, avaient contacté les établissements, et ont dû tout refaire, déplore Catherine Nave-Bekhti, du syndicat Sgen-CFDT. Et on sait que pour certains enseignants stagiaires, cela aboutit à une affectation très loin de leur domicile et de leur lieu de formation. » 

« On redoute que ces collègues craquent et fassent le constat qu’au vu des dépenses à faire pour leur déplacement, ce n’est pas intéressant même d’un point de vue économique, de persévérer dans cette voie. »

Catherine Nave-Bekhti, du syndicat Sgen-CFDT

à franceinfo

Et encore, les rectorats l’assurent, la situation serait meilleure que l’année dernière, surtout dans le primaire. Un recrutement massif d’un peu plus de 4 000 nouveaux contractuels a bien eu lieu, mais parfois, ces contractuels ou ces professeurs diplômés n’arrivent jamais dans l’établissement.

Dans cet établissement toulousain, par exemple, il manque un prof de musique, un de technologie. « La direction de l’établissement nous a proposé, à moi et mes collègues, de prendre ces heures pour faire notre matière, indique Frédérique. Par exemple, si je veux, si j’ai une classe qui a un trou à ce moment-là, je peux aller faire une heure d’anglais supplémentaire. Moi, je ne suis pas prof de techno ni de musique : je suis prof d’anglais… »

Combler les trous avec une autre matière en attendant de trouver un professeur en technologie ou en musique n’est pas une pratique nouvelle : elle existe depuis longtemps dans l’Education nationale, par exemple quand un professeur est malade, absent pour une courte durée. C’est cependant beaucoup plus rare de devoir la proposer dès la rentrée. Le ministère de l’Education nationale doit faire un point en milieu de semaine prochaine sur le nombre de postes encore vacants.


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