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Mort de Jean-Luc Godard : onze films cultes du cinéaste iconique de la Nouvelle Vague

Jean-Luc Godard, le cinéaste co-fondateur de la Nouvelle Vague, s’est éteint à l’âge de 91 ans, a annoncé mardi 13 septembre l’entourage du cinéaste. Tout au long d’une carrière de plus de soixante ans quasi ininterrompue, le réalisateur franco-suisse a bouleversé le cinéma, son histoire, sa manière de faire. Dans sa très longue filmographie, Jean-Luc Godard a signé plusieurs chefs-d’œuvre, en voici onze.

« A bout de souffle » (1960)

Après plusieurs courts-métrages écrits, montés ou réalisés avec ses amis cinéastes Rohmer pou Truffaut, Jean-Luc Godard réalise avec A bout de souffle son premier long métrage. Le film fait l’effet d’une bombe et restera à jamais dans l’histoire du cinéma comme l’un des premiers films de la Nouvelle Vague. Le compagnonnage avec les autres artistes du mouvement y est éclatant. Dans sa bande-annonce, Godard y cite de sa propre voix la « supervision » de Chabrol et le scénario de Truffaut, éternel ami-ennemi, confrère et rival du mouvement.

Tiré d’une histoire vraie, le film narre la traque d’un petit voyou et de sa rencontre avec une jeune Américaine. A bout de souffle doit évidemment beaucoup au duo de ses interprètes, Jean-Paul Belmondo et Jean Seberg. Récit éclaté, à la fois proche du documentaire et très poétique, sur une bande originale composée autant par le jazz de Martial Solal que par les bruits de la rue. Rythme inédit, syncopé, nouvelle manière de tutoyer la caméra dans des décors non reconstitués en studio, A bout de souffle bouscule par l’image. Mais Godard réinvente aussi la narration avec des dialogues nouveaux, coup de poing à l’écriture de l’époque.

« Le Mépris » (1963)


Sorti en 1963, ce film figure parmi les œuvres cultes, les plus célèbres et célébrées, de Jean-Luc Godard. Adaptation du roman éponyme d’Alberto Moravia, Le Mépris met en scène Brigitte Bardot et Michel Piccoli dans deux rôles parmi les plus emblématiques de leurs carrières respectives. L’effondrement progressif et irréversible d’un couple, une distribution internationale (Jack Palance, Fritz Lang) et la musique puissante de Georges Delerue.

« Bande à part » (1964)


Bande à part réunit un trio éblouissant de jeunes et beaux acteurs : Anna Karina (qui formait alors avec Godard le couple iconique de la Nouvelle Vague), Sami Frey et Claude Brasseur. Ils constituent un petit groupe de voleurs rêveurs dans un Paris filmé en noir et blanc, sur fond de triangle amoureux. L’occasion de quelques scènes cultes, comme une traversée haletante du Louvre en huit minutes (Bernardo Bertolucci lui rendra hommage dans Innocents : The Dreamers en 2003) et une irrésistible scène de danse.

« Pierrot le Fou » (1965)

Après A bout de souffle et sa longue course poursuite dans Paris, Pierrot le Fou est une autre odyssée mais dans l’Hexagone. D’une vie mondaine sans grande saveur, Ferdinand se retrouve la tête peinturée de bleu. Ce périple dans lequel il quitte femme et enfants, le conduit à vivre la vie intensément. A ses côtés, Marianne, une ancienne amie, aussi insouciante que violente, le pousse à prendre des risques. Belmondo toujours, mais cette fois avec Anna Karina. Les rencontres du duo sont incongrues, le scénario fragmenté, le spectateur finira déboussolé dans ce long métrage de presque deux heures. Film culte lui aussi s’il en est, Pierrot le Fou acquiert une dimension philosophique de taille dans la filmographie de Jean-Luc Godard. 

« Alphaville, une étrange aventure de Lemmy Caution » (1965)


Quand Godard s’aventurait dans la science-fiction… Dans ce long-métrage franco-italien, un agent secret est envoyé en mission à Alphaville, une cité éloignée de la Terre, placée sous le joug d’une dictature où les sentiments sont bannis. Eddie Constantine et Anna Karina partagent l’affiche de ce film ponctué d’hommages à Jean Cocteau (qui fut une grande influence pour Godard), et notamment à son chef-d’œuvre Orphée. Alphaville a été couronné par un Ours d’or au festival de Berlin.

« Masculin féminin » (1966)

Godard dresse ici le portrait d’une jeunesse avant 68 : bourgeoise, parisienne, naïve, en quête de repères. Elle oscille entre société de consommation et luttes marxistes. Paul, jeune démobilisé, tombe amoureux de Madeleine qui se moque bien de lui. Paul est Jean-Pierre Léaud, figure essentielle de la Nouvelle Vague autant chez François Truffaut que chez Jean-Luc Godard. Madeleine est interprétée par Chantal Goya qui signe ici son plus beau rôle de cinéma, avant de quitter les plateaux pour la chanson pour enfants. La mise en scène est d’une grande simplicité, mais elle restera à cause de ses titres écrits en lettres majuscules jalonnant le film. Pour le reste, de longs plans fixes en noir et blanc, rythmés par des réflexions philosophiques dont le réalisateur a le secret. Si le film frappe par son regard quasi sociologique sur la jeunesse, à sa sortie, il sera interdit au moins de dix-huit ans. 

« La Chinoise » (1967)


Reflet d’une période de grand militantisme politique, maoïste, de Godard, La Chinoise relate les journées d’une bande d’étudiants fascinés par Mao Zedong, et occupés par leurs cours et leurs débats idéologiques. Le film met en scène Juliet Berto, l’une des muses de la Nouvelle Vague, Jean-Pierre Léaud mais aussi Anne Wiazemsky, qui était à cette époque l’épouse de Godard. L’engagement politique du cinéaste l’amènera à s’éloigner de ses pairs. Le biopic Le Redoutable (2017) de Michel Hazanavicius raconte cet épisode.

« Sauve qui peut la vie » (1980)

Comme une partition musicale en quatre mouvements, autour de trois personnages, écrasés par la société, qui se croisent, se séparent. Ils sont incarnés par Isabelle Huppert, Jacques Dutronc et Nathalie Baye, dont Godard sonde les angoisses et les désirs. Denise quitte Paul et part à la campagne, Isabelle se prostitue. Paul se fait renverser par une voiture… Dans ce film, qui marque le retour du réalisateur au cinéma commercial, il utilise plusieurs fois le ralenti.

« Détective » (1985)

Au cours d’un match de boxe, le meurtre d’un Prince déclenche un étrange ballet entre la mafia et la police. Dans un grand hôtel parisien, près de la gare St-Lazare, deux flics enquêtent sur la mort prématurée du Prince. Dans les couloirs, tel un labyrinthe, des personnages cherchent leur chemin. Et leurs histoires se croisent par instants. Ce film policier dramatique réunit une belle brochette d’acteurs comme Claude Brasseur, Nathalie Baye et Johnny Hallyday qui voit se présenter une superbe opportunité en organisateur de combats de boxe. 

« Histoire(s) du cinéma » (1988-1998)


Toujours en quête de nouveaux objets cinématographiques, mais aussi désireux de documenter son art, Jean-Luc Godard se lance à la fin des années 1980 dans une série de films documentaires de quatre volets divisés chacun en deux parties. Ce cycle, qui débute en 1988 pour s’achever en 1998, comporte de nombreuses références et des citations explicites de classiques de Joseph Mankiewicz, Alfred Hitchcock, Howard Hawks, Vittorio De Sica, entre autres, a relevé l’universitaire Céline Scemama dans son ouvrage Histoire(s) du cinéma de Jean-Luc Godard : la force faible d’un art.

« Film Socialisme » (2010)

A quatre-vingt ans, Godard démontre avec ce long métrage qu’il n’a pas perdu de son audace. Film Socialisme est une véritable expérience formelle. Psychédélique, les plans et les images d’archives se succèdent, de quoi parfois déconcerter le spectateur. Dans la première partie, on suit des voyageurs autour de la Méditerranée. Puis, c’est au tour d’une famille filmée elle-même par des journalistes de France 3. Avant que la caméra se concentre sur l’Europe et ses origines antiques. Le film est présenté au Festival de Cannes en 2010.


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