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VIDEO. Comment le réchauffement climatique augmente le degré d’alcool du vin

Patrimoine culturel français, le vin est, depuis plusieurs années, victime du dérèglement climatique. Après un été 2022 parmi les plus chauds que l’Hexagone ait jamais connu, les viticulteurs, de plus en plus inquiets pour leurs récoltes, déploient une multitude d’initiatives afin de préserver leurs cépages. Crème solaire sur les feuilles, irrigation des vignes, câbles électriques chauffants, vendanges plus précoces… Autant d’opérations de sauvetage qu’Hugo Clément répertorie dans « Alerte rouge sur le vin », le nouvel opus de son émission « Sur le front ».

Mais l’un des problèmes majeurs que rencontre le vin d’aujourd’hui est son taux d’alcoolémie de plus en plus élevé. « C’est une conséquence mécanique du changement climatique, précise Hugo Clément. Plus il fait chaud, plus les raisins sont sucrés. Et plus les raisins sont sucrés, plus il y a d’alcool dans le vin. C’est un véritable enjeu de santé publique, mais également un problème parce que les consommateurs recherchent des vins de plus en plus légers et la tendance climatique va à l’inverse. »

Charge aux viticulteurs de trouver des solutions viables et légales afin que leurs vins n’atteignent pas des degrés d’alcool trop forts. Or, certains d’entre eux n’afficheraient pas, sciemment, sur l’étiquette des bouteilles le bon taux d’alcool. Jérémy Cukierman, marchand de vin, est détenteur du Master of Wine, l’un des diplômes les plus prestigieux du monde viticole. Face à la menace climatique, il dédie une partie de son temps à repenser le moyen de cultiver les vignes de façon plus novatrice, inquiet de voir ces vins devenir de plus en plus puissants.

Pour les besoins du documentaire, il démontre, via une petite expérience, qu’une majorité de vins, de diverses régions de France, sont plus alcoolisés que ce qui est indiqué. « On va essayer de tester le degré d’alcool annoncé de ce vin avec ce petit joujou qui s’appelle le vinomètre. On va verser quelques gouttes. (…) On essaye de regarder le degré indiqué. » L’instrument indique 15 degrés alors que l’étiquette indique 14,5 degrés. Pour être totalement certain de ce résultat, le vin est envoyé dans un laboratoire. Les conclusions sont identiques : il est plus alcoolisé de plus de 0,5 degré, une marge d’erreur qui est tolérée, mais certains de ces breuvages ont 1 degré voire plus que ce qui est permis.

« Malheureusement, cela va être monnaie courante, se désole Jeremy Cukierman, et on va en avoir de plus en plus. » Certains viticulteurs, soucieux de commercialiser leur production, mentent sur les degrés d’alcool de leur vin. « C’est de la tricherie, s’indigne Jérémy Cukierman dans le film.

« A partir du moment où il y a une règle et qu’on ne le respecte pas, le vigneron a triché délibérément puisqu’il a, obligatoirement, eu accès aux mêmes analyses que nous. »

Jeremy Cukierman

à « Sur le front »

Si certains prennent le risque de se voir infliger une amende pouvant aller jusqu’à 30 000 euros, d’autres plus discrets, vont jusqu’à rajouter de l’eau dans leur production. Une pratique autorisée aux Etats-Unis et en Australie, mais totalement interdite en France. 

>> « Alerte rouge sur le vin », est diffusé dans le cadre de l’émission « Sur le front » lundi 19 septembre à 21 heures sur France 5.  


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