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Affaire Adrien Quatennens : comment les explications du député LFI, qui reconnaît avoir giflé son épouse, sont accueillies au sein de la Nupes

Adrien Quatennens se met « en retrait de sa fonction de coordinateur » de La France insoumise. Figure de la jeune garde du mouvement, le député du Nord a reconnu, dimanche 18 septembre, de violentes « disputes » et une « gifle » à l’encontre de son épouse, quelques jours après que Le Canard Enchaîné a révélé le dépôt d’une main courante de sa femme. 

« Je pourrais faire le dos rond, minimiser les faits et attendre que la tempête passe », écrit Adrien Quatennens dans un long communiqué. « Mais parce que je suis responsable politiquement et que je tiens à l’exemplarité à laquelle je veux m’assigner et qui a toujours été ma ligne de conduite, j’en tire les conséquences politiques ». Il se met « en retrait » de sa fonction de coordinateur de La France insoumise (LFI). Cette affaire a ravivé les débats à gauche sur le traitement, au sein des partis, des violences faites aux femmes et soulevé de nombreuses réactions au sein de la Nupes.

LFI réitère « son engagement contre les violences sexistes et sexuelles »

Dans un communiqué publié dans la journée, LFI réagit à cette mise en retrait. « Cette décision, que nous saluons, a été prise en concertation avec les instances du mouvement et sera suivie des dispositions nécessaires à la bonne animation de notre mouvement », a fait savoir la formation politique. Invitée dans l’émission « Grand Jury RTL – Le Figaro – LCI », Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, a salué une décision « juste et sage » de la part d’Adrien Quatennens. Une décision « incontournable considérant les faits qu’il a reconnus », selon le député LFI William Martinet« Le retrait d’Adrien était nécessaire », a tweeté le député Insoumis Christophe Bex, dont le « soutien va à Céline Quatennens. »

Dans son communiqué, LFI a réitéré « son engagement sans failles dans la lutte contre les violences faites aux femmes ». Le parti, qui se veut en pointe sur ces questions, a ainsi rappelé « l’existence en son sein d’un comité de suivi contre les violences sexistes et sexuelles toujours disponible pour écouter la parole des femmes. »

Sur franceinfo, la députée insoumise Raquel Garrido a elle aussi insisté sur le traitement des questions de violences sexistes et sexuelles au sein du mouvement. « La personne importante ici, c’est Céline Quatennens, a-t-elle déclaré. Il faut montrer que nous avons écouté ce qu’elle a dit. Au point qu’Adrien Quatennens se mette en retrait. » Selon la députée de la 5e circonscription de Seine-Saint-Denis, c’est la culture de LFI face à ces questions qui a motivé l’« exercice de transparence totale » du député du Nord, apportant « la preuve » que « la question des violences sexuelles et sexistes est prise en compte de façon très sérieuse. »

« Notre mouvement est celui de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Mes pensées vont à toutes les femmes qui aspirent à leur liberté », a tweeté la députée de la 11e circonscription de Paris, Clémentine Autain, jugeant « juste et inévitable », le retrait d’Adrien Quatennens.

Le soutien de Jean-Luc Mélenchon envers Andrien Quatennens crée des remous

Dans un tweet publié à la mi-journée, le leader Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, a quant à lui fustigé « la malveillance policière, le voyeurisme médiatique, les réseaux sociaux » qui « se sont invités dans le divorce conflictuel d’Adrien et Céline Quatennens« , en faisant notamment fuiter l’existence d’une main courante. « Adrien décide de tout prendre sur lui. Je salue sa dignité et son courage. Je lui dis ma confiance et mon affection », a-t-il ajouté. 

La formulation choisie a suscité l’incompréhension de plusieurs alliés de la Nupes, qui ont pointé une condamnation du contexte, et non du geste reconnu par le député. « Ce tweet doit venir d’un autre monde », a réagi la sénatrice écologiste Mélanie Vogel. « Un monde où Adrien Quatennens ne vient pas de publier un communiqué où il reconnaît des violences, y compris des violences physiques à l’encontre de sa femme. »

« La réaction de Jean-Luc Mélenchon est lamentable », a abondé Luc Broussy, président du conseil national du PS. « Tout le monde est donc coupable sauf celui qui a mis une gifle à sa femme », s’est-il indigné, y voyant l’« incapacité » de Jean-Luc Mélenchon « à endosser le leadership d’une gauche moderne, humaniste et féministe ». 

Dans la foulée de ces réactions, Jean-Luc Mélenchon a précisé sa position : « Céline et Adrien sont tous deux mes amis. Mon affection pour lui ne veut pas dire que je suis indifférent à Céline », a-t-il tweeté. « Elle ne souhaitait pas être citée. Mais je le dis : une gifle est inacceptable dans tous les cas. Adrien l’assume. C’est bien. »

Un ton plus personnel adopté aussi par la députée LFI Sophia Chikirou. « Il y a le couple d’amis qu’on aime et qu’on déteste voir se déchirer. Il y a le dirigeant politique, Adrien Quatennens, qu’on admire pour son honnêteté et son abnégation. Laissez-les tranquilles maintenant ! »

Sandrine Rousseau appelle le député à se mettre « en retrait de tout » 

De son côté, la députée EELV Sandrine Rousseau a appelé Adrien Quatennens à aller plus loin et à se mettre « en retrait de toute parole publique », y compris à l’Assemblée. Invitée de Radio J, elle a déclaré qu’il n’était « pas possible de représenter les hommes et les femmes (…) quand on s’est rendu coupable de tels actes. Il y a maintenant une décision du parti politique à prendre », a ajouté l’élue. 

Des propos réitérés sur Twitter : « La justice doit se prononcer et en attendant Adrien Quatennens doit se mettre en retrait de tout. » Revenant sur les gestes concédés par Adrien Quatennens, elle a rappelé qu' »il y a les violences physiques et celles qui consistent à prendre le téléphone portable de l’autre. Les violences faites aux femmes prennent de nombreux visages. Aucun n’est acceptable. »


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