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Mobilisation russe : « Vladimir Poutine est aux abois », estime Jean-Maurice Ripert, ancien ambassadeur de France en Russie

« Vladimir Poutine est aux abois », a estimé vendredi 23 septembre sur franceinfo Jean-Maurice Ripert, ancien ambassadeur de France, notamment en Russie de 2013 à 2017, alors que Moscou a lancé la mobilisation partielle de ses réservistes et que des référendums sont organisés dans les régions séparatistes. Le chef du Kremlin « essaie de consolider ce qu’il a acquis, c’est-à-dire pas grand-chose », affirme Jean-Maurice Ripert. Selon lui, le président russe « a tout perdu » depuis le début de l’invasion et « n’ira pas plus loin, pour l’instant, en tout cas, pas cet hiver ».

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franceinfo : Cette accélération du tempo côté russe est-elle un signe de panique de la part du Kremlin ou une démonstration de force de Vladimir Poutine ?

Jean-Maurice Ripert : Paradoxalement, ni l’un ni l’autre. Vladimir Poutine est aux abois. Devant la tournure que prennent les évènements, il essaie de consolider ce qu’il a acquis, c’est-à-dire pas grand-chose. Une des rares choses qu’il a acquise est quelques territoires en Ukraine. Et encore, il n’est même pas sûr de les conserver puisque que, ce matin encore, en plein référendum, les forces ukrainiennes ont réussi à regagner un peu de terrain. Il ne faut pas oublier que l’hiver arrive. Donc ce que l’armée n’a pas été capable de faire pendant l’été, elle pourra encore moins le faire avec l’hiver ukrainien qui arrive. Je pense qu’il y a une volonté de consolider les acquis sur le terrain. D’où cette mobilisation partielle, qui sera probablement déployée le long de la ligne de front actuelle.

Est-ce que la Russie doit essayer très vite de planter des drapeaux dans les territoires qu’elle souhaite ?

Regardez ce qui s’est passé depuis le début : Vladimir Poutine a tout perdu, il n’a pas pris Kiev, il n’a pas fait tomber Volodymyr Zelensky, il a unifié l’Europe, il a déclenché des sanctions. La Russie est devenue complètement isolée sur la scène internationale, l’Otan s’est élargie. Ses seuls gains, ce sont quelques comtés et quelques territoires autour de Donetsk et Lougansk, de Zaporijjia et de Kherson. Donc il a absolument besoin de cela pour dire qu’il a gagné quelque chose vis-à-vis du peuple russe, pour ceux qui l’écoutent encore et vis-à-vis, surtout, de son extrême droite nationaliste entre les mains desquels il est manifestement de plus en plus enfermé.

Est-ce que Vladimir Poutine peut accepter une défaite ou est-ce que c’est une fuite en avant parce que la Russie ne peut pas perdre la face ni la guerre quoiqu’il arrive ?

Je crois que c’est pire que cela. C’est l’installation dans un statu quo de guerre. Il imagine qu’une fois après avoir annexé ces territoires par ces référendums bidons, il va proposer une négociation, ce qui, évidemment, est encore plus difficile aujourd’hui qu’hier. Plus il y a de territoires occupés et rattachés à la Russie, plus c’est difficile. Donc il se coupe d’une possibilité de négociation. Il va consolider ses lignes militaires et il va essayer de tenir à travers l’hiver pour essayer d’inventer autre chose. Il accepte le fait qu’il n’ira pas plus loin, pour l’instant. En tout cas, pas cet hiver.


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