A la Une

« Référendums d’annexion » en Ukraine : « Un signe de panique du pouvoir russe », analyse un historien

Près de sept mois après le début de la guerre en Ukraine, la tenue de  « référendums d’annexion » dans quatre zones séparatistes ukrainiennes « est un signe de panique du pouvoir russe« , analyse vendredi 23 septembre sur franceinfo Cédric Mas, historien militaire et président de l’Institut Action résilience. Vladimir Poutine a avancé la date de ces élections qui se dérouleront du vendredi 23 au mardi 27 septembre.

>>> Guerre en Ukraine : Vladimir Poutine « ne menace personne », « il avertit », selon le porte-parole de l’ambassade de Russie en France

Mouscou défend ainsi le « droit à l’autodétermination » des habitants des ces régions. L’historien dénonce « un détournement du principe de l’autodétermination des peuples à choisir leur destin ». Selon lui, « il s’agit de scrutins qui ne seront ni libres ni sincères ».

franceinfo : Pourquoi Vladimir Poutine avance les référendums ?

Cédric Mas : C’est un signe de panique du pouvoir russe, qui est confronté à une défaite militaire actuelle incontestable suite aux contre-offensives réussies et aux manœuvres époustouflantes des deux offensives à Kherson et à Kharkiv avec notamment cette percée, cette dislocation et cette reprise de plusieurs milliers de kilomètres carrés. Nous avions des référendums qui étaient programmés pour le 11 septembre, qui avait été reportés compte tenu des combats annoncés a priori début novembre. Et là, il précipite les choses.

Les mots mêmes de référendum et de scrutin sont complètement galvaudés. Il s’agit de scrutins qui ne seront ni libres ni sincères.

Cédric Mas, historien

à franceinfo

Les listes électorales ne sont pas complètes. La plupart des habitants ont fui avant ou au début de l’invasion. On a même des bureaux itinérants. Le résultat est déjà acté puisque la Russie organise déjà la russification forcée de ces territoires annexés. Il s’agit d’un détournement du principe de l’autodétermination des peuples à choisir leur destin.

Que cherche Vladimir Poutine exactement en organisant ces référendums ?

Une fois que ces territoires seront annexés, il pourra légitimement faire la mobilisation, rafler comme il le fait en Russie actuellement des soldats pour les envoyer de force au front, avec les conséquences en termes d’efficacité militaire. Le deuxième point, c’est que ça va permettre de légitimer sa propagande puisque cela va permettre d’invoquer le fait que son invasion était bien une opération spéciale pour venir en aide à des populations qui étaient maltraitées par le gouvernement de Kiev. Ce qui est vraiment sa thèse, ce récit complètement infondé dans les faits, qu’il raconte depuis le début. Et enfin, le troisième point, c’est vraiment cette précipitation qui montre une panique de la part du gouvernement russe, comme cette précipitation dans une mobilisation qui est la première depuis 1941 en Russie, c’est-à-dire depuis l’invasion par l’Allemagne nazie de l’URSS à l’époque. Ce sont des actes très forts qui montrent une précipitation, mais en réalité qui sont juste des actes de propagande. C’est à nous qu’il s’adresse et à la volonté ukrainienne de résister, qu’il s’adresse avant tout.

Ces 300 000 hommes que Vladimir Poutine cherche à mobiliser seront au front dans combien de temps, plusieurs mois, plusieurs semaines ?

Plutôt en semaines. Nous manquons de renseignements pour vous donner un délai plus précis. On ne sait pas si ça va être de nouvelles unités qui sont levées, auquel cas, ça va prendre beaucoup plus de temps que simplement des recomplètements. Mais il va falloir les équiper. Ce n’est pas un problème d’armement en tant que tel. La Russie dispose des stocks extraordinairement importants de l’ex-URSS en termes d’armes. Le vrai problème c’est avec les autres équipements. Sachez qu’un nombre d’unités russes est déjà équipé de stocks d’uniformes pris au début de la guerre dans les dépôts de l’armée ukrainienne qui avaient été saisis. Ce n’est pas simplement pour essayer de tromper l’ennemi, mais simplement parce qu’ils n’ont pas d’équipement comme des casques et des uniformes.


Continuer à lire sur le site France Info