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Rendez-vous médicaux manqués : « C’est une espèce de consumérisme médical », dénonce l’Union française pour une médecine libre

« C’est une espèce de consumérisme médical », dénonce le président de l’Union française pour une médecine libre, le médecin généraliste Jérôme Marty, vendredi 23 septembre sur franceinfo, alors que 28 millions de rendez-vous médicaux ne sont pas honorés par les patients en France chaque année, selon une étude élargie de l’Union régionale des professions de santé d’Île-de-France. L’UFML dénonce des rendez-vous « volés » à des patients qui en auraient besoin et propose une sanction financière qui servirait à aider à lutter contre les déserts médicaux.

franceinfo : Comment expliquez-vous qu’autant de rendez-vous médicaux ne soient pas honorés par les patients ?

Jérôme Marty : On parle d’acte d’incivisme de gens qui prennent rendez-vous chez un médecin et qui omettent de le prévenir quand ils ne viennent pas. C’est une espèce de consumérisme médical. On considère la santé comme un bien marchand, comme n’importe quel autre bien qu’on achèterait. Quand vous voulez aller acheter un jean, vous ne prévenez pas le magasin si finalement vous n’y allez pas. C’est un peu le type de comportement que l’on déplore.

Quels sont les patients qui ont ce type de comportement ?

Ce n’est pas quelque chose que l’on rencontre fréquemment chez les patients qui ont la CMU ou autre. Ce sont des patients actifs, jeunes avec des enfants, qui vont venir pour des choses assez anodines et qui remettent leurs rendez-vous sans prévenir. On voit moins ce phénomène en ruralité. D’une part, en ruralité, les patients sont souvent plus âgés et puis vous avez un fort lien médecin-traitant, médecin de famille, ce que vous avez moins en ville. Tout cela est facilité quand même par les plateformes de rendez-vous type Doctolib ou autre. On prend un premier rendez-vous 15 jours ou trois semaines avant avec un médecin qui est loin de chez soi, entre-temps un rendez-vous se libère plus près, on le prend mais on n’efface pas le premier. On peut laisser comme ça un, deux ou trois rendez-vous occupés de façon factice qui sont ni plus ni moins volés à des patients qui en auraient besoin.

Les plateformes réfléchissent-elles à des solutions ?

On en a discuté avec elles. Elles sont en train de réfléchir à des moyens de diminuer cette chose-là mais ce n’est pas encore fait. Ce que proposent les plateformes de rendez-vous, c’est de blacklister les patients. Un patient qui n’est pas venu une fois, deux fois, trois fois, on le blackliste. Mais ça, ça ne va pas avec l’exercice médical. 

« On n’a pas à juger de la civilité ou de l’incivilité d’un patient. On soigne les patients vertueux comme les non-vertueux, c’est notre rôle de médecin. »

Jérôme Marty, président de l’UFML

à franceinfo

Selon vous, quelle est la solution ?

Au vu du chiffre qui est extrêmement important, le gouvernement doit prendre ses responsabilités. Il doit vraiment mettre en œuvre des moyens de stopper cela parce que si l’on résout cela, on résout une bonne partie des difficultés d’accès au soin pour les Français. On dit au gouvernement de réfléchir peut-être à taper là où ça fait mal, à taper au porte-monnaie, de façon très symbolique. On ne dit pas qu’il faut prendre la valeur de la consultation qui n’a pas été réalisée, mais en prendre une partie, cet argent étant fléché et allant à un fonds pour résoudre les déserts médicaux ou les difficultés d’accès au soin. Pour ce faire, il faut changer le Code de santé publique parce qu’on n’a pas le droit de tarifer un acte non-réalisé donc il faut changer cette chose-là. Ensuite, c’est certainement à l’Assurance maladie de récupérer l’indu au moment de la consultation suivante.


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