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« C’est notre devoir » : des Ukrainiens réfugiés en Russie votent aussi dans les « référendums » d’annexion

Le scrutin a été organisé à la hâte, avec des modalités très floues. Dans les régions de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia, les électeurs sont appelés à se prononcer pour ou contre le rattachement de leur territoire à la Russie, comme les habitants de la Crimée en 2014. Les Ukrainiens, originaires de ces régions et réfugiés de l’autre côté de la frontière, peuvent aussi voter. 

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Au total, 180 bureaux de vote sont ouverts, comme dans la capitale, Moscou. Ici, la plupart des habitants originaires du Donbass ont quitté leur pays à cause de la guerre. « Nous sommes de Donetsk, nous voulons soutenir notre peuple, notre sang, nos racines« , explique Anna, en sortant du bureau de vote installé à l’ambassade de la république séparatiste. « J’ai tous mes proches à Donetsk, mes parents, ma sœur. Je suis ici avec mon enfant et tout ce que nous pouvons faire, c’est donner notre voix, c’est notre devoir« , ajoute-t-elle. 

Anna, arrivée à Moscou en 2014 au début de la guerre, a voté pour le rattachement de sa région à la Russie. Comme son amie, Karina, qui l’accompagne. 

« Cette réunification rendra vraiment la vie meilleure et la guerre prendra fin, enfin. »

Karina

à franceinfo

Karina est elle aussi originaire de Donetsk. Elle évoque ses amis morts dans les bombardements, le pouvoir ukrainien qu’elle déteste pour justifier son choix : intégrer la Russie est la seule solution pour elle. « Je ne pense pas que tout va changer du jour au lendemain. Bien sûr, nous sommes réalistes. Je pense qu’il pourrait y avoir une escalade du conflit du côté ukrainien parce qu’il nous considère toujours comme un territoire ukrainien, mais au moins, ça nous apportera la confiance« , analyse-t-elle. 

Pour ces réfugiés, usés par une guerre trop longue, la Russie représente l’espoir d’une solution, et tant pis si elle est militaire. « Je ne suis pas un expert militaire, mais je pense que quelque chose va changer sur le front », explique Alexandre, un sexagénaire qui a quitté la banlieue de Donetsk il y a six mois. « Peut-être qu’il y aura des armes, peut être qu’il y aura de nouvelles troupes ou autre chose, mais quelque chose va changer. La confrontation militaire va changer et je pense qu’elle sera en faveur de la Russie », croit-il. 

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À quelques centaines de mètres de là, Youri se rend dans un bureau de recrutement de l’armée. Âgé d’une cinquantaine d’années, lui aussi est originaire de Donetsk. Il a décidé de s’engager dans l’armée russe. Il est conscient des difficultés, mais « si tout le monde a peur, qui va se battre ?« , lance-t-il.

« Je suis ici à Moscou depuis 30 ans, mais j’ai les tombes de mes parents là-bas. J’ai la tombe de mon frère là-bas. C’est ma terre, j’y ai grandi, j’y suis né. Tu dois défendre ta patrie. »

Youri

à franceinfo

Dans les territoires ukrainiens, le vote a pour l’instant lieu dans des conditions compliquées, avec des urnes itinérantes apportées à domicile, sous escorte de soldats en armes. Les bureaux de vote n’ouvriront là-bas que mardi 27 septembre, dernier jour du scrutin.

Les Ukrainiens de Russie votent : reportage de Sylvain Tronchet

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