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Suzanne Lipinska, propriétaire du Moulin d’Andé, résidence d’artistes prisée par la Nouvelle Vague, est morte à 94 ans

Suzanne Lipinska, propriétaire du centre de résidence artistique Le Moulin d’Andé, est décédée le 30 septembre à 94 ans. « La grande dame à la tresse blonde s’est envolée pour voguer sur la Seine et veiller sur le Moulin auquel elle a dédié toute sa vie », annonce la page Facebook du Moulin d’Andé. 

« Personnalité attachante et vive, Suzanne Lipinska aura consacré soixante années à faire du Moulin d’Andé, résidence d’artistes et de manifestations culturelles, un haut lieu de l’Eure, un lieu exceptionnel au service du rayonnement de la vie culturelle de notre pays », a indiqué de son côté le préfet de l’Eure Simon Babre dans un communiqué. Le 3 septembre dernier, déjà Commandeur des arts et lettres, Suzanne Lipinska avait reçu les insignes d’officier de la Légion d’honneur 

Le Moulin d'Andé, dans l'Eure, ici en 2007. (RUTH TOMLINSON / ROBERT HARDING HERITAGE)

Le Moulin d'Andé, dans l'Eure, ici en 2007. (RUTH TOMLINSON / ROBERT HARDING HERITAGE)

Née à Jette (Belgique), elle s’était installée en 1956 dans ce bâtiment du XIIe siècle qui surplombe la Seine. « Elle est partie d’un petit phalanstère avec trois chambres, sans chauffage et quelques bergeries », a rappelé Stanislas Lipinski, petit-fils et vice-président de l’association du Moulin d’Andé. « Fréquentant dans les années 1950 les cercles cercles musicaux, littéraires à Paris, elle participe au premier congrès des artistes et écrivains noirs à la Sorbonne et rapidement fait venir ses amis au Moulin qui y trouvent une énergie et une ambiance particulière de création », a-t-il expliqué à l’AFP.

Notamment l’écrivain français Maurice Pons, auteur du roman Les saisons qui tombe amoureux de l’endroit et s’y retire définitivement en 1957. « Le duo Suzanne et Maurice s’est créé. Il a ramené ses amis, des jeunes cinéastes en herbe et ils sont venus en résidence pour écrire leurs premiers scénarios », a ajouté Stanislas  Lipinski.

La Nouvelle Vague s’entiche de l’endroit. François Truffaut, Louis Malle, Alain Cavalier viennent y écrire certains de leurs scénarios. Une partie des Quatre cents coups et Jules et Jim sont tournés au Moulin d’Andé. De nombreux écrivains y séjournent, le dramaturge Eugène Ionesco, les poètes René Depestre et Richard Wright, l’essayiste Jean Lacouture, et plus récemment le romancier Patrick Rambaud. Georges Perec y écrit entièrement La Disparition.

« Jusqu’au bout elle a continué à être présidente de l’association » et pour le Moulin « c’est une nouvelle page qui va s’écrire, Suzanne laisse un énorme vide, il faut qu’on réécrive la continuité avec une nouvelle dynamique » et dans « la philosophie au moulin (…) un lieu de partage et utile socialement, culturellement et humainement »« C’était un personnage tellement solaire, mais il faut que ça continue », a ajouté Stanislas Lipinski.


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