A la Une

Survol du Japon par un missile de la Corée du Nord : « C’est un message envoyé aux États-Unis », analyse un spécialiste de la région

Le tir d’un missile balistique nord-coréen qui a survolé le Japon la nuit dernière est avant tout « un message envoyé aux États-Unis », analyse mardi 4 octobre sur franceinfo Antoine Bondaz, directeur du programme Corée à la Fondation pour la Recherche Stratégique et enseignant à Sciences Po.

franceinfo : C’est parce que ce milice a survolé le Japon que le président américain Joe Biden parle d’une réponse « robuste » ?

Antoine Bondaz : Oui, c’est la septième fois que ce type de missile est tiré par la Corée du Nord. On parle ici d’un Hwasong-12 qui a une portée théorique de 4 000 à 5 000 kilomètres. Cette fois, il a atteint 4 700 kilomètres. Et c’est la troisième fois qu’il survole le Japon, après deux précédents survols en 2017. Donc ce qui inquiète particulièrement le Japon, ce n’est pas tant ce nouveau tir, mais plutôt la multiplication des essais. Depuis ces dix dernières années et l’arrivée au pouvoir de Kim Jong Un, on en est quasiment à deux cents essais balistiques.

Et si Joe Biden prend la parole aussi vite, c’est qu’il s’inquiète d’une frappe directement sur les États-Unis ?

Ce type de missile ne peut pas atteindre le territoire continental américain. Par contre, il pourrait théoriquement atteindre l’île de Guam dans le Pacifique. Une île américaine où la marine est extrêmement présente. Ce tir est donc un message envoyé aux États-Unis plutôt qu’au Japon. Le survol du Japon s’explique avant tout parce que la Corée du Nord veut tester la portée maximale de ses missiles. Pour le faire, il faut atteindre le Pacifique et donc survoler le Japon. Ce tir est la volonté de la Corée du Nord de se développer sur le plan technique et opérationnel. Ces quatre dernières années, le pays a développé des capacités de frappe de précision capable de transpercer les défenses antimissiles coréennes et japonaises. C’est une volonté de la Corée du Nord de changer le rapport de force dans la région.

Et là Kim Jong Un est l’un des rares dirigeants à avoir apporté publiquement son soutien à Vladimir Poutine…

Oui, il y a un soutien explicite avec le vote contre la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies en mars 2022 condamnant l’invasion de l’Ukraine. En juillet, la Corée du Nord est aussi le seul pays à avoir reconnu les républiques séparatistes de l’est de l’Ukraine. Mais le véritable lien avec l’invasion russe, c’est que la Corée du Nord bénéficie de trois tendances. La première, c’est la banalisation de ses essais balistiques. La deuxième, c’est la distraction à juste titre de la communauté internationale sur l’Ukraine. La troisième, c’est la désunion de cette communauté internationale : en mai 2022, la Russie et la Chine ont mis leur veto à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU condamnant les essais balistiques nord-coréens. Une première depuis 2006.


Continuer à lire sur le site France Info