A la Une

Ce que l’on sait de l’échange de tirs de missiles entre la Corée du Nord, les Etats-Unis et la Corée du Sud

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, dénonce une « escalade »La Corée du Sud et les Etats-Unis ont lancé, mercredi 5 octobre, plusieurs missiles vers des cibles en mer, au lendemain du tir, par la Corée du Nord, d’un missile balistique qui est passé au-dessus du Japon. Cette année, Pyongyang, qui est doté de l’arme nucléaire, a intensifié ses projets de modernisation de ses armements. Le Conseil de sécurité des Nations unies doit se réunir mercredi à ce sujet. Franceinfo fait le point sur la situation. 

Un tir de missile nord-coréen survole le Japon, une première depuis 2017

Il a volé sur une distance d’environ 4 500 km, à une altitude de 970 km. La Corée du Nord a tiré, mardi 4 octobre, un missile balistique à portée intermédiaire (IRBM) qui a survolé le Japon. Tokyo a confirmé le tir, activant – fait inhabituel – un système d’alerte à la population et demandant aux habitants de deux régions du nord du Japon de se mettre si possible à l’abri. Selon des experts et hauts responsables, le missile serait un Hwasong-12 à capacité nucléaire.

Le dernier tir de missile par Pyongyang au-dessus du Japon remonte à 2017, au plus fort de la période de « feu et de fureur » au cours de laquelle le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un et le président américain de l’époque, Donald Trump, s’échangeaient des insultes.

« Il s’agit d’un acte de violence qui fait suite aux récents tirs répétés de missiles balistiques. Nous le condamnons fermement », a réagi le Premier ministre japonais, Fumio Kishida. Séoul a également qualifié ce tir de « provocation » violant « clairement les principes universels et les normes des Nations unies ».

La Corée du Sud et les Etats-Unis répliquent avec des missiles lancés en mer

Dans la foulée, Washington a promis une réponse « robuste » à ce tir, afin de réaffirmer « l’engagement à toute épreuve » de son pays à ses alliés asiatiques, le Japon et la Corée du Sud. Des avions de combat sud-coréens et américains ont d’abord mené mardi des exercices de frappe de précision, avec le largage de bombes sur une cible virtuelle dans la mer Jaune par deux avions de combat sud-coréens F-15K.

Mercredi, les armées sud-coréenne et américaine ont tiré chacune deux missiles balistiques à courte portée ATACMS « pour frapper avec précision une cible virtuelle » en mer du Japon. Objectif, selon un communiqué de l’état-major sud-coréen : montrer « que nous sommes capables et prêts à neutraliser l’origine de la provocation tout en maintenant une position de surveillance constante ».

Séoul a cependant confirmé l’échec du lancement d’un cinquième missile balistique de courte portée Hyunmoo-2, qui s’est écrasé au sol peu après son lancement. L’ogive du missile n’a pas explosé et personne n’a été blessé, selon l’état-major sur-coréen. Mais un important incendie s’est déclaré et a provoqué la panique dans la ville de Gangneung, sur la côte est de Corée du Sud.

La Corée du Nord intensifie la modernisation de ses armements

La Corée du Nord, qui fait l’objet de sanctions de l’ONU pour ses programmes d’armement, a intensifié cette année leur modernisation. La semaine dernière, elle a procédé à quatre tirs de missiles balistiques de courte portée. Pyongyang cherche généralement à maximiser l’impact géopolitique de ses essais en choisissant le moment qui lui semble le plus opportun.

« La Corée du Nord commence toujours par une provocation de bas niveau et élève progressivement le niveau pour attirer l’attention des médias du monde entier, avance auprès de l’AFP Go Myong-hyun, chercheur à l’Asan Institute for Policy studies. En lançant le missile au-dessus du Japon, ils montrent que leur menace nucléaire ne vise pas seulement la Corée du Sud. » Le tir qui a survolé le Japon « pourrait théoriquement atteindre l’île de Guam dans le Pacifique. Une île américaine où la marine est extrêmement présente. Ce tir est donc un message envoyé aux Etats-Unis plutôt qu’au Japon », confirme sur franceinfo Antoine Bondaz, directeur du programme Corée à la Fondation pour la Recherche Stratégique et enseignant à Sciences Po.

« Ces quatre dernières années, le pays a développé des capacités de frappe de précision capable de transpercer les défenses antimissiles coréennes et japonaises. C’est une volonté de la Corée du Nord de changer le rapport de force dans la région. »

Antoine Bondaz, spécialiste de la Corée du Nord

à franceinfo

Le dirigeant Kim Jong-un se préparerait à effectuer un nouvel essai nucléaire

Les responsables sud-coréens et américains préviennent depuis des mois que le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, se préparerait à effectuer un nouvel essai nucléaire. Celui-ci pourrait avoir lieu après le congrès du Parti communiste chinois qui débute le 16 octobre, ont signalé ce week-end plusieurs hauts responsables du commandement américain pour l’Asie-Pacifique.

« En dépit du lancement de missiles effectué aujourd’hui (…), l’intention de la Corée du Nord de procéder à un essai nucléaire restera inchangée », a déclaré à l’AFP Yang Moo-jin, professeur à l’Université des études nord-coréennes. « Il est probable que Pyongyang tourne au ridicule le tir de missile d’aujourd’hui – d’autant plus qu’un des tirs a échoué », a-t-il ajouté au sujet des lancements sud-coréens et américains de mercredi.

Pyongyang, qui a revu sa législation en septembre pour rendre « irréversible » son statut de puissance nucléaire, a testé des bombes atomiques à six reprises depuis 2006. Le dernier essai en date, et le plus puissant, est survenu en 2017, d’une puissance estimée à 250 kilotonnes. Le fait que la Corée du Nord dispose d’une arme nucléaire est d’autant plus inquiétant que, contrairement à d’autres puissances nucléaires, le régime de Pyongyang ne considère pas ce genre d’armement comme un outil de dissuasion destiné à ne jamais être utilisé.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé Pyongyang « à reprendre le dialogue » afin de parvenir à « une dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule coréenne ».


Continuer à lire sur le site France Info