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De « L’Evénement » à « La place », 5 livres pour découvrir l’œuvre d’Annie Ernaux

Lauréate ce jeudi du prix Nobel de littérature, Annie Ernaux explore depuis plus de 40 ans les bouleversements de la société française, par le prisme de sa propre vie.

Annie Ernaux, lauréate ce jeudi 6 octobre, du prix Nobel de littérature, est la première écrivaine française à obtenir cette distinction. Décrite par les jeunes féministes comme une « rock star féministe » n’a eu de cesse de raconter, à travers sa propre expérience, les évolutions de la société française.

Celle qui a vécu jusqu’à ses 18 ans dans le café-épicerie « sale, crado, moche, dégueulbif » de ses parents à Yvetot en Haute-Normandie, est une voix majeure des transfuges de classe dans la littérature, thème qu’elle explore depuis 40 ans dans son œuvre.

Elle a écrit une vingtaine de récits, où elle dissèque le poids de la domination de classes et la passion amoureuse, deux thèmes ayant marqué son itinéraire de femme déchirée en raison de ses origines populaires.

• « L’Evénement », 2000

Récemment adapté au cinéma par la réalisatrice Audrey Diwan, L’Evénement, publié en 2000, raconte son parcours pour se faire avorter clandestinement en 1964, 10 ans avant la légalisation de l’avortement en France. Très mal accueilli à sa sortie, le livre est aujourd’hui plus que jamais d’actualité. « J’ai toujours été persuadée que rien n’était jamais gagné pour les femmes », livrait-elle ainsi à l’Humanité en 2014.

• « La Place », 1984

Dans ce roman qui lui vaut le prix Renaudot en 1984, Annie Ernaux évoque la vie de son père, alors récemment disparu. Dans un souci d’authenticité, l’écrivaine y adopte une « écriture plate », pour décrire la vie, très modeste, de son père. Elle y décrit « une toute petite ascension sociale », une « vie où il y avait beaucoup de gêne », comme elle le soulignait sur le plateau d’Apostrophe, expliquant « avec ça on ne peut pas faire de roman ».

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• « Les Années », 2008

Il est considéré comme la pièce maîtresse de son oeuvre. Avec Les Années, Annie Ernaux évoque sa vie pour tracer le roman de toute une génération, celle des enfants de la guerre marqués par l’existentialisme dans les années 50 et la libération sexuelle. A travers l’allusion à des objets, des mots, des chansons, des émissions de télévision, elle restitue une vérité de son temps.

« C’est à la fois le récit de ma vie mais aussi celui de milliers de femmes qui ont elles aussi été en quête de liberté et d’émancipation », avait-elle confié à l’AFP en mai 2022.

• « La femme gelée », 1981

Dans « La femme gelée » (1981), Annie Ernaux poursuit son travail d’autofiction en analysant sa propre vie: de l’enfance à l’âge adulte, de jeune fille pleine de rêves en femme gelée.

Elle y raconte ce qu’est être une fille, une femme, une mère dans une société qu’elle juge encore patriarcale. Elle raconte la découverte des différences sociales entre les femmes et les hommes, la violence de cette inégalité. Le livre revient aussi sur le délitement de son mariage et son rôle d’épouse dans la France des années 1970.

• « Mémoire de fille », 2016

Avec ce livre, Annie Ernaux se lance à la recherche de la « fille de 58 ». Cette fille, c’est elle. Dès les premières pages du livre, comme un avertissement, elle prévient le lecteur. Ce qu’elle s’apprête à lui raconter « c’est le texte toujours manquant. Toujours remis. Le trou inqualifiable ».

Ce texte manquant qu’elle omet depuis 50 ans, c’est le récit de sa première nuit, l’été 1958, avec un homme. Cette fille « gauche » qui ne connaissait rien à la vie et qui n’était jamais sortie de sa Normandie natale. Mais ce texte n’est pas seulement celui de la découverte de l’érotisme. C’est aussi sa première incursion, brutale, dans le monde adulte.

« Ce qui s’est passé cet été-là, c’est quelque chose dont plus tard j’écrirai qu’on ne revient pas », a-t-elle déclaré sur le plateau de La Grande librairie en 2016.

Magali Rangin avec AFP


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