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Prix Nobel de littérature : quand un canular sur Twitter annonçait le sacre d’Annie Ernaux en 2021

Retour vers le futur. Le prix Nobel de littérature 2022 a été décerné jeudi 6 octobre à la romancière française Annie Ernaux, a annoncé l’Académie suédoise. L’écrivaine de 82 ans est récompensée pour « le courage et l’acuité clinique avec laquelle elle découvre les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle« , a expliqué le jury Nobel. 

>> Nobel de littérature : avec ce prix, Annie Ernaux se sent une « responsabilité » de témoigner pour « la justice »

Elle devient ainsi la 17e femme à décrocher le Nobel de littérature, et le 16e lauréat français depuis la fondation des célèbres récompenses en 1901. Jointe par la télévision publique suédoise, elle a déclaré son « très grand honneur » mais aussi « une grande responsabilité » qui lui est donnée pour continuer à témoigner « d’une forme de justesse, de justice, par rapport au monde« . 

Détail insolite : le comité Nobel a indiqué ne pas être parvenu à contacter l’écrivaine de 82 ans avant l’annonce officielle comme le veut la tradition, et lui annoncé la nouvelle prestigieuse ainsi qu’un chèque d’une somme de 10 millions de
couronnes suédoises (environ 920.000 euros). Mais c’est aussi un étonnant pied-de-nez. En 2021, un an quasi jour pour jour avant son sacre, Annie Ernaux tweetait son Prix Nobel de littérature avant tout le monde. Sauf que le pot-aux-roses était rapidement dévoilé : non, l’écrivaine Annie Ernaux n’a pas commis une bourde en s’attribuant le titre à la place du romancier tanzanien Abdulrazak Gurnah

Nous sommes alors le jeudi 7 octobre 2021, la rumeur bruisse : la Française est présentée comme l’une des favorites. Et quelques minutes avant l’annonce officiel du prix par le très officiel comité Nobel à Stockholm, un compte Twitter bouscule les us et coutumes : une certaines Annie Ernaux annonce, via son profil personnel sur le réseau social, son propre sacre en fin de matinée, y remerciant tous ceux qui l’avaient soutenue.

D’abord en anglais : « Nobel Prize in Literature 2021 ! Thanks ! Thanks ! Thanks ! », pouvait-on lire. Puis un autre, en français : « L‘Académie Suédoise m’informe maintenant que j’ai remporté le prix Nobel de littérature. Une joie indescriptible. Une joie immense. Merci. » Des messages relayés des centaines de fois, notamment par des personnalités publiques.

Le tweet venant du faux compte d'Annie Ernaux. (CAPTURE D'ECRAN TWITTER)

Le tweet venant du faux compte d'Annie Ernaux. (CAPTURE D'ECRAN TWITTER)

Sauf qu’il s’agissait d’un canular : un faux compte Twitter créé par un Italien coutumier du fait, Tommaso Debenedetti, qui, en général, signe ses canulars dans les minutes ou les heures qui suivent en écrivant « Ce compte Twitter est un faux créé par le journaliste Tommaso Debenedetti« . Rapidement, les quelques personnalités qui avaient retweeté la fausse Annie Ernaux ont effacé leur message. D’ailleurs, ce n’était pas la première fois que la désormais bel et bien Nobelisée Annie Ernaux s’était vue voler son identité numérique : en août 2021, déjà, elle avait été contrainte d’expliquer ne pas avoir de compte sur Twitter. 

L’Italien faussaire se dit journaliste, mais il est en réalité professeur ; il raconte qu’en créant ces faux tweets, il dénonce le fonctionnement des médias, leur trop grande rapidité, le manque de vérification.

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D’ailleurs, d’autres personnalités ont, elles aussi, été victime d’usurpation d’identité numérique et de faux tweets. Ces impostures durent depuis une dizaine d’années et à chaque fois, des utilisateurs se font berner. Les plaisanteries de l’Italien sont souvent d’un goût douteux parce qu’il annonce des faux décès. En juillet 2021, il avait annoncé la mort d’Annie Ernaux sur un faux compte présenté comme celui des éditions Gallimard, ainsi que le décès de Michel Houellebecq depuis un faux compte Flammarion. Deux « infox » qui ont peu fonctionné, heureusement.

En revanche en 2018, Tommaso Debennedetti avait créé un faux compte d’une ministre grecque de la Culture pour annoncer la mort du réalisateur franco-grec Costa-Gavras, qui avait été obligé de démentir rapidement son propre décès. Entre temps, des média aussi connus que le New York Times avait annoncé la fausse nouvelle avant de devoir rectifier…


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