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VIDEO. Au Ghana, poubelle de l’Occident, les déchets textiles forment une montagne, et une marée d’habits pollue les côtes

« La poubelle de l’Occident » : c’est ainsi qu’est surnommé le quartier d’Old Fadama à Accra, la capitale du Ghana. Dans ce bidonville parmi les plus pollués au monde, environ 100 000 personnes vivent dans une pauvreté extrême, au pied d’une montagne de déchets. Du plastique, des restes de nourriture, mais surtout des couches de vêtements usagés s’empilent sur une vingtaine de mètres de haut. Ces derniers viennent de Chine, des Etats-Unis, d’Europe… du business mondial de la fripe. 

En effet, plus de la moitié des vieux habits que nous déposons dans des conteneurs pour être recyclés est en réalité revendue à l’étranger, principalement en Afrique. Et le Ghana est l’un des premiers importateurs africains de vêtements d’occasion… Le pays de 32 millions d’habitants voit arriver 800 millions d’articles de seconde main chaque année… et 160 tonnes de déchets textiles chaque jour.

« Obroni wawu » ou « les habits des hommes blancs morts »

Au marché de Kantamanto d’Accra, le temple local de la fripe, les vendeurs pestent contre les Blancs, qui « n’apportent que de la poubelle« . Car ces vêtements, appelés « obroni wawu » (« les habits des hommes blancs morts ») en souvenir d’une ancienne croyance, semblent toujours plus nombreux, et leur qualité de moins en moins bonne. Les invendus explosent, et le Ghana ne sait plus quoi en faire.

Durant la saison des pluies, les déchets sont drainés hors des décharges ou emportés par les égouts jusqu’à la mer. Dans le centre d’Accra, « la plage-poubelle », comme l’ont baptisée les habitants, est jonchée de tas de détritus entremêlés – vêtements, filets de pêche, plastique… – rejetés par la mer. Des images impressionnantes en ont été faites au printemps dernier par un membre de The Or Foundation.

La « fast fashion » en accusation

Cette ONG, qui « œuvre dans les domaines de la justice environnementale, de l’éducation et du développement de la mode » et « agit en faveur de la mode circulaire », a été fondée par une Américaine, Liz Ricketts. Selon elle, l’industrie de la mode est responsable de cette pollution, en particulier la « fast fashion » qui produit toujours plus. « Il y a simplement trop de vêtements en circulation dans le monde, alerte-t-elle. Cela dépasse le Ghana : le marché de Kantamanto et la plage ici ne font que rendre visible un problème qui est en fait partout dans le monde. »

Extrait de « Textile : la colline de la honte », un reportage à voir dans « Envoyé spécial » le 6 octobre 2022.

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