A la Une

Paris 2024 : à l’occasion de la première journée paralympique à Paris, la judokate Sandrine Martinet appelle « les autres pays organisateurs à nous suivre »

La place de la Bastille sera une fête, samedi 8 octobre. Pour la première fois, une journée paralympique sera organisée pour permettre au grand public de découvrir les disciplines paralympiques ainsi que les athlètes tricolores. A l’image de la journée olympique organisée chaque année au mois de juin dans la capitale, ce nouveau rendez-vous veut créer un précédent et perdurer.

Parmi les athlètes présents samedi, Sandrine Martinet, championne paralympique en para-judo à Rio (B2,-48 kg), est revenue pour franceinfo: sport sur l’importance de cette journée et sur les avancées qu’il reste encore à faire sur la question du handisport.

franceinfo: sport : samedi aura lieu la première journée paralympique, organisée place de la Bastille, à Paris. Aucun autre pays hôte des Jeux olympiques et paralympiques n’avait organisé une telle journée. Est-ce un signal fort qui est donné ?

Sandrine Martinet : Oui tout à fait. Cette journée est l’occasion, en dehors de la période des Jeux paralympiques, de mettre les projecteurs sur le paralympisme, sur les différents parasports, et de pouvoir les faire découvrir à un maximum de gens. Les athlètes seront là pour échanger et partager avec le public, et réaliser des démonstrations et des initiations. 

On est tous heureux de pouvoir y participer, de rencontrer un maximum de personnes, et de leur donner envie de nous suivre. On a cette opportunité d’être les premiers à organiser une telle journée, alors l’idée serait d’inciter les autres pays organisateurs à nous suivre dans cette démarche.

La médiatisation des sports paralympiques ne cesse d’augmenter mais reste très ciblée lors des Jeux une fois tous les quatre ans. Le défi est donc désormais de développer une médiatisation plus régulière et constante.

Oui absolument. Au fur et à mesure des paralympiades, on s’aperçoit qu’il y a une augmentation de la médiatisation, mais qui reste concentrée sur la période des Jeux.

« En dehors des Jeux, on ne parle quasiment jamais des sports paralympiques, et les disciplines ne sont que très rarement diffusées lors de compétitions. »

Sandrine Martinet, championne paralympique en para judo

à franceinfo: sport

De la même manière, les coups de projecteur sur les athlètes en pleine préparation sont rares. On continue d’avancer mais il y a encore beaucoup de choses à faire pour que la médiatisation du parasport se normalise, comme le sport valide aujourd’hui.

Les Jeux de Londres, ou à la création de l’équipe de France unifiée à notre échelle locale, ont été des éléments importants dans la médiatisation des Jeux paralympiques et dans la reconnaissance des athlètes. La journée paralympique est-elle une nouvelle étape ?

C’est un nouvel outil pour avancer sur ce sujet. Accueillir les Jeux à domicile nous permet d’aller encore plus loin sur cette médiatisation. Ce qui est essentiel pour nous, athlètes, c’est de voir des sportifs pratiquer leur discipline, peu importe qu’ils soient en situation de handicap ou pas. On veut montrer des sportifs qui réalisent des performances et on veut banaliser cela.

Quelles seraient les actions à mener pour que la médiatisation des Jeux paralympiques se rapproche de celle des Jeux olympiques ?

Je n’ai pas d’action précise, mais plus on va communiquer et informer, à travers les athlètes, les fédérations, les clubs, les médias, les réseaux sociaux, et plus les gens vont pouvoir casser ce mur qui s’est dressé et ce côté un peu péjoratif qu’a le handicap.

« Plus les gens vont pouvoir s’acculturer au paralympisme, à ses règles, à ses classifications qui sont compliquées à expliquer parfois, plus ils vont avoir envie de nous suivre, de s’investir, de se passionner et de nous encourager. »

Sandrine Martinet

à franceinfo: sport

Justement, on se rappelle des Jeux de Londres, où le public connaissait les disciplines paralympiques et leurs athlètes, et c’est en partie cela qui a contribué aux succès de cette édition. 

Le fait de savoir de qui et de quoi on parle donne une certaine proximité qui transcende encore plus. Avoir tout un stade avec soi quand on est athlète multiplie notre envie qui est déjà énorme. Ca sera un énorme plus.

Je me souviens de ma finale aux Jeux de Pékin [en 2008]. J’avais tout le stade contre moi, et je peux vous assurer que cela fait drôle. Quand vous avez tout un stade qui encourage votre adversaire, vous ressentez un sentiment particulier. Alors si c’est dans l’autre sens, imaginer les choses fantastiques que nous allons vivre à la fois pendant et après les épreuves, et cette communion avec notre public qui sera connaisseur de notre sport.

Dans un article publié pour le 10e anniversaire des Jeux paralympiques de Londres, Damien Seguin établissait un parallèle entre le développement du parasport et du sport féminin, qui seraient selon lui similaires. Partagez-vous cette analyse ?

Oui, je la partage. On voit que le sport féminin, même si encore une fois il y a toujours plein de choses à faire, évolue, se démocratise, tout comme le parasport le fait grâce à des moments symboliques. Ces coups de projecteurs permettent de faire avancer les choses, notamment sur le terrain de l’égalité.

Ce que nous voulons, c’est donner la possibilité à tous d’accéder au sport, de pouvoir pratiquer et de ressortir tout le bienfait que cela nous apporte en tant qu’athlète, sur le plan physique, psychologique, social, et toutes les valeurs que le sport nous transmet. Et pour cela, on veut redonner au sport la place centrale qu’il doit avoir dans notre pays.


Continuer à lire sur le site France Info