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Une partie du cinéma français tire la sonnette d’alarme et appelle à des « Etats généraux »

Depuis la pandémie, la fréquentation des salles obscures est en chute libre et inquiète la profession, qui tire la sonnette d’alarme. Selon le CNC, les salles obscures ont connu un mois de septembre noir avec 7,32 millions d’entrées, le plus bas depuis les années 1980 et le début des statistiques, à l’exception de 2020.

Une partie du cinéma français, réunie jeudi à Paris, a appelé à des « Etats généraux« , s’inquiétant de l’avenir d’un système de financement unique au monde.

Ce collectif informel constitué notamment de réalisateurs, producteurs, distributeurs et techniciens indépendants s’inquiète que les pouvoirs publics, qui ont massivement soutenu financièrement le secteur depuis le début de la pandémie et évité les faillites, préfère « soutenir l’outil industriel plutôt que les mécanismes de la création« .

Les petites structures et le cinéma d’art et essai sont les premières victimes de la désaffection du public. Environ un tiers des spectateurs manquent toujours à l’appel dans les cinémas. Autre menace: le dossier toujours brûlant de la chronologie des médias et l’intégration des plateformes au système français. Cette « chronologie » régit les dates auxquelles les films peuvent être diffusés, en streaming et à la télévision notamment, dans les mois qui suivent leur sortie au cinéma.

En pleine renégociation du dossier, Disney menace de priver les salles françaises des recettes de son prochain blockbuster Black Panther: Wakanda Forever, qui doit sortir le 9 novembre mais pourrait aller directement sur Disney+.

Dans ce contexte, « il était temps de tirer un signal d’alarme au nom de l’amour du cinéma« , a déclaré la productrice Judith Lou Lévy (Les Films du Bal), expliquant que « ces inquiétudes ne datent pas d’hier« . « Il n’est pas rationnel de travailler autant sur nos films si on n’a plus la certitude de les sortir d’ici trois ou cinq ans… On en est là ! Il manquera de d’argent, des sociétés de distribution indépendantes, des salles…« , a abondé Elisabeth Perez (Chaz Productions).

Alors que le monde n’a jamais eu autant « besoin d’histoires« , « les films au cinéma ont de plus en plus de mal à se monter, ou alors au minimum syndical, et les plateformes comme les télés nous demandent des récits platement formatés, écrits et réalisés le plus vite possible, soumis à quarante décideurs« , a souligné de son côté l’actrice, scénariste et réalisatrice Agnès Jaoui.

« On est venus alerter sur un système qui a permis de faire vivre le cinéma en France depuis des décennies, et auquel on retire chaque jour un peu plus son oxygène », a complété la réalisatrice Axelle Ropert (Petite Solange). « Les signaux sont nombreux à nous questionner sur les choix et objectifs pour l’avenir » du cinéma mais aussi « de la culture et de la politique culturelle » en général.


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