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Prix du gaz, bouclier antimissile, avion de combat européen… Les cinq sujets de la discorde entre la France et l’Allemagne

La France et l’Allemagne traversent une « crise de couple ». Les prix de l’énergie et le développement d’équipements de défense sont notamment au cœur des désaccords entre Paris et Berlin ces dernières semaines. A tel point que le conseil franco-allemand qui devait se tenir mercredi 26 octobre a été reporté au mois de janvier. Faute, notamment, d’avoir trouver une « position commune » sur « tout une série de sujets », a reconnu la chancellerie allemande. « Si la France et l’Allemagne ne réussissent pas à trouver un compromis, on peut difficilement imaginer que les Vingt-Sept y parviennent », a déploré la semaine passée auprès de franceinfo Sophie Pornschlegel, analyste politique pour le think tank European Policy Centre à Bruxelles. Voici les cinq principaux points qui sèment la zizanie dans le couple franco-allemand.

Le plafonnement européen du prix du gaz

Les divergences entre la France et l’Allemagne sur le gaz ralentissent les négociations européennes. Emmanuel Macron plaide pour le plafonnement du prix du gaz, comme 14 autres Etats membres. Mais l’Allemagne, très dépendante des centrales à gaz pour produire son électricité, s’oppose à ce mécanisme. Elle craint que les vendeurs de gaz se tournent vers d’autres marchés si on leur impose un prix maximum.

Malgré ce désaccord sur les prix, la solidarité entre les deux pays est tout de même à l’œuvre. Pour la première fois, la France a commencé mi-octobre à acheminer directement du gaz vers l’Allemagne. Mais la situation énergétique nourrit d’autres tensions entre les voisins. Berlin n’a pas hésité à dénoncer en septembre l’état des centrales nucléaires françaises, qui obligerait l’Allemagne à compenser ce manque de production avec de l’électricité provenant de centrales au gaz.

Un projet de gazoduc qui divise

C’est un gazoduc qui doit relier l’Espagne à l’Allemagne. Baptisé « MidCat », le projet initié en 2013 a été stoppé en 2019 en raison de son impact environnemental et d’un intérêt économique alors jugé limité. Mais à l’heure où le gaz pourrait manquer dans toute l’Europe cet hiver, le projet énergétique, devenu un dossier politique, refait surface.

Madrid et Berlin, soutenus par Lisbonne et plusieurs pays d’Europe centrale, militent pour la relance du projet. Mais Emmanuel Macron ne l’entend pas de cette oreille : « Je ne comprends pas pourquoi on sauterait comme des cabris des Pyrénées sur ce sujet pour expliquer que ça résoudrait le problème gazier », a-t-il récemment lancé. Outre le coût environnemental, la France serait tentée de vendre elle-même du gaz à l’Allemagne.

Le cavalier seul de l’Allemagne en Europe

Fin septembre, Olaf Scholz a dévoilé un plan de 200 milliards d’euros pour amortir l’envolée des prix de l’énergie. Une mesure qui trouve peu de précédents dans une Allemagne soucieuse de ses comptes publics et qui a agacé ses partenaires européens.

La France, en particulier, n’a pas été mise dans la confidence malgré les contacts réguliers entre les deux dirigeants. Les pays de l’UE craignent que ce cavalier seul fragmente un peu plus une Europe à plusieurs vitesses. Le chancelier allemand souligne de son côté que son plan s’inspire d’autres dispositifs en vigueur en Europe, notamment en France, où l’Etat finance depuis plus d’un an (septembre 2021) un plafonnement des prix de l’énergie avec son bouclier tarifaire.

Le bouclier antimissile

C’est une épine récente dans la relation franco-allemande. Olaf Scholz a annoncé cet été que l’Allemagne allait se doter d’un bouclier antimissile et anti-aérien, assemblage de systèmes européen (Iris-T), américain (Patriot) et, potentiellement, israélien (le « Dôme de fer », développé par la société Rafael).

Si ce projet suscite l’enthousiasme de 14 pays de l’Otan (dont le Royaume-Uni, la Belgique, les Pays-Bas et les pays baltes), il n’enchante guère l’Elysée. Un conseiller du chef de l’Etat s’alarme auprès de l’AFP d’une éventuelle « relance de la course aux armements en Europe » alors que la France préfère continuer de miser sur son système de défense sol-air de moyenne portée Mamba.

L’avion de combat européen

C’est devenu un serpent de mer : le Système de combat aérien du futur (Scaf), porté notamment par Paris et Berlin, est au point mort depuis un an. Ce projet, lancé en 2017 et censé remplacer en 2040 les Rafale français et Eurofighter allemands et espagnols. Mais le partage des tâches entre Paris, Berlin et Madrid crée des tensions.

« Politiquement, on est d’accord. Ça coince au niveau des entreprises. Dassault a peur de perdre sa position sur le marché », décrypte un responsable français auprès de l’AFP. L’entreprise française Dassault aviation n’a pas réussi à se mettre d’accord avec son partenaire principal, Airbus, qui représente les intérêts de l’Allemagne et de l’Espagne.


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