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Saint-Brieuc, l’autre ville lumière… à la demande

Le point rouge sur le plan du quartier, c’est Monique, géolocalisée sur son téléphone portable au croisement de la rue Victor-Hugo et du boulevard Hérault de Saint-Brieuc. La septuagénaire vit juste à côté et, en un clic, elle peut désormais allumer elle-même les lampadaires de l’artère dans laquelle elle se trouve. Pratique ! « Comme notre voiture est garée à 400 mètres de chez nous, quand on rentre le soir, on peut avoir de la lumière ! » En effet, celle-ci est désormais éteinte chaque soir à partir de 22 heures, au lieu de minuit.

Deux heures de nuit noire en plus imposées par souci d’économie que les habitants peuvent toutefois interrompre à la demande grâce au dispositif J’allume ma rue, testé depuis un mois dans 14 rues de Saint-Brieuc. « Il faut savoir que la facture pour 2022 est de 400 000 euros et on estime qu’elle sera environ de 800 000 euros pour 2023, on doit donc prendre des mesures », insiste Nadia Druillennec, adjointe aux travaux, à l’entretien et à l’amélioration du patrimoine.

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Ces mesures, d’autres les ont déjà prises, certains depuis longtemps, comme à Pont-de-l’Arche, en Normandie. C’est là, à 25 kilomètres de Rouen, qu’habitait alors l’inventeur du concept en 2017.

« Ma commune commençait déjà à penser à l’extinction des lumières, mais le sujet était plutôt clivant, se souvient Olivier Bozzetto. Que peut-on faire pour répondre à ce compromis ? On a tous un smartphone, donc autant l’utiliser comme un interrupteur ! »

Le développeur soumet cette évidence à sa mairie, qui décide de l’essayer en installant un boîtier sur une armoire électrique commandant l’allumage d’un secteur. Trois mois plus tard, l’innovation plaît tellement qu’elle est étendue à 18 armoires sur les 25 que compte la ville de 4 500 habitants, lesquels l’ont, depuis, largement adoptée. « À l’année, 2 000 smartphones différents l’utilisent au moins une fois, se félicite Olivier Bozzetto. Et, chaque nuit, les boîtiers sont activés en moyenne entre trois et cinq fois par armoire, parfois dix fois les week-ends ou dans des zones plus denses. »

Biodiversité, insécurité et finances : tiercé gagnant

À la base, quand les dépenses d’énergie n’étaient pas encore un enjeu de premier plan, l’invention était surtout destinée à préserver la biodiversité mise à mal par la pollution lumineuse, tout cela sans accroître le sentiment d’insécurité. Mais le volet financier s’est rapidement imposé dans la colonne des bénéfices. De fait, si un boîtier coûte 390 euros, auxquels il faut ajouter un abonnement annuel de 120 euros par unité, la facture à Pont-de-l’Arche a bel et bien fondu, passant de 37 000 à 20 000 euros par an. Forcément, un tel retour sur investissement n’est pas passé inaperçu. Aujourd’hui, une dizaine de communes en France ont succombé, et plus de 200 autres collectivités sont entrées en contact avec Photon Group, la société, basée à Lyon, qui commercialise désormais le système.

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À Saint-Brieuc, donc, on procède par étapes. Puisque chaque client est libre d’effectuer ses propres réglages, la préfecture des Côtes-d’Armor a donc choisi d’expérimenter J’allume ma rue entre 22 heures et minuit. Dans cet intervalle, les candélabres s’allument à la demande pendant six minutes et, si l’usager s’engage dans une autre voie, celle-ci s’illumine à son tour toute seule pendant que la précédente s’éteint grâce à la géolocalisation. Pour Loïc, un Briochin d’une soixantaine d’années, ça change la vie : « Avant, c’était extrêmement désagréable de rentrer chez soi la nuit sans rien voir, de devoir prendre son téléphone pour s’éclairer au moment de mettre la clé dans la serrure, par exemple. »

Fin mars, les habitants pourront donner leur propre avis et, en cas de retour positif, le système pourra alors être davantage déployé dans la ville, avec des horaires élargis. En attendant, Photon Group réfléchit à une solution qui activerait automatiquement les réverbères lors des interventions de police et de secours dans les zones concernées.


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