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DOCUMENT FRANCE 2. Covid-19 : « Complément d’enquête » révèle comment les résultats de l’étude sur l’hydroxychloroquine présentée par Didier Raoult étaient faussés

Au printemps 2020, le professeur français affirmait démontrer l’efficacité de l’hydroxychloroquine dans le traitement du Covid-19. Dans un document à voir ce jeudi soir, « Complément d’enquête » montre que ses résultats étaient erronés.

C’est une étude qui a enflammé le monde en mars 2020, alors que la pandémie de Covid-19 prenait des proportions menaçantes. Dans une vidéo très vite devenue virale, le professeur Didier Raoult s’appuyait sur ses résultats pour annoncer un traitement miracle : l’hydroxychloroquine. Aujourd’hui, grâce à des documents inédits, « Complément d’enquête » révèle que cette étude repose en partie sur des données erronées ou mal retranscrites.

Pour mesurer l’efficacité de l’hydroxychloroquine, un groupe de patients ayant pris le médicament a été comparé à un groupe de patients n’en ayant pas pris. Les journalistes de « Complément d’enquête » ont pu se procurer un document confidentiel, qui n’a jamais été publié : il s’agit d’un fichier anonymisé de patients ayant participé à cette étude de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU), une liste de malades du Covid qui n’ont pas reçu le traitement.

En recoupant les données de ce fichier et celles publiées dans l’étude finale supervisée par Didier Raoult, on constate que certaines ont été mal retranscrites. Ainsi, une femme de 65 ans testée négative au Covid, donc guérie, apparaît positive dans l’étude finale. Même chose avec une patiente de 22 ans. Au total, au moins quatre cas sur seize sont mal reportés. Quelles peuvent être les conséquences de telles erreurs sur les conclusions de l’étude ? 

« Complément d’enquête » s’est adressé à un biostatisticien pour refaire les calculs avec les données corrigées. Au CHU de Rouen, André Gillibert a utilisé trois méthodes différentes pour aboutir à une démonstration… sans appel. « Ces quatre sujets changent fortement les conclusions de l’étude« , affirme-t-il. Les courbes établies à partir des résultats des deux groupes, mises en avant dans l’étude de l’IHU de Marseille, ont elles aussi été recalculées. Selon le biostatisticien, leur écart n’est pas assez significatif pour que l’on puisse conclure à l’efficacité du traitement.

Pourrait-il s’agir d’erreurs de saisie ? « Quatre erreurs sur un échantillon aussi petit, ça fait un taux d’erreur qui est inacceptable. Et si en plus, ces erreurs vont toujours dans le même sens… » Selon André Gillibert, qui n’exclut pas la possibilité d’une fraude, « c’est suffisamment préoccupant pour justifier une enquête« . Ces retranscriptions ont également attiré l’attention de l’Inspection générale des affaires sociales, qui les pointe dans un rapport récent : « Des patients négatifs sont transcrits positifs. Aussi, les résultats indiqués dans cet article posent question. » 

Alors, falsification ou erreurs de saisie ? Aucun des auteurs de l’étude n’a souhaité répondre aux questions de « Complément d’enquête »…  

Extrait de « Didier Raoult, le savant flou« , un document à voir dans « Complément d’enquête » le 17 novembre 2022.

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