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Guerre en Ukraine : comment le discours de Volodymyr Zelensky a évolué sur le missile qui est tombé en Pologne

« Il est impossible d’affirmer quelque chose de très précis. » En 48 heures, Volodymyr Zelensky a changé de discours au sujet du missile tombé en Pologne, mardi 15 novembre, faisant deux morts. Quelques minutes après l’explosion dans le petit village de Przewodów, le président ukrainien accusait la Russie, avant de reconnaître, jeudi, « ne pas savoir » ce qui s’était passé.

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La Russie a nié à plusieurs reprises avoir tiré ce projectile et la Pologne a estimé mercredi comme « hautement probable » qu’il s’agisse d’un projectile antiaérien ukrainien. Franceinfo revient sur l’évolution du discours du président ukrainien, qui sème le trouble jusque dans son pays.

Acte 1 : Zelensky accuse Moscou d’avoir tiré des missiles

Le président ukrainien a très rapidement réagi après la mort de deux personnes dans l’est de la Pologne, mardi soir. La confusion régnait alors quant à l’origine du missile et aux nombres de frappes. « Aujourd’hui, des missiles russes ont frappé la Pologne, le territoire d’un pays allié. Des gens sont morts, déclare-t-il. C’est une escalade très importante. Nous devons agir. » La Russie, qualifiée de « terroriste » par le chef d’Etat ukrainien, répond immédiatement en niant toute responsabilité et accuse en retour les forces ukrainiennes.

Les réactions internationales de soutien à la Pologne fusent notamment de la part d’Emmanuel Macron et de Joe Biden. Les dirigeants occidentaux craignent alors une escalade rapide du conflit. Dans la nuit, Varsovie confirme que le pays a été atteint un « projectile, très probablement de fabrication russe ».

Acte 2 : il dit « croire » à l’origine russe du projectile

Les accusations de Volodymyr Zelensky sont vite remises en question par les partenaires de l’Ukraine. Joe Biden juge mercredi matin « improbable » que le missile ait été tiré depuis la Russie. Mais le chef d’Etat ukrainien ne change pas sa version et explique que le tir « n’est rien d’autre qu’un message de la Russie adressé au sommet du G20 », alors qu’il s’adresse en visioconférence aux dirigeants réunis à Bali (Indonésie).

En début d’après-midi, la Pologne affirme finalement qu’il est « hautement probable » que le missile soit un projectile antiaérien ukrainien. Varsovie considère alors qu’il s’agit d’un « accident malheureux ». Une conclusion partagée par l’Otan.

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Le président ukrainien insiste et assure à la télévision nationale n’avoir « aucun doute que ce missile n’était pas à nous ». « Je crois que c’était un missile russe, conformément au rapport des militaires » ukrainiens, finit-il par ajouter. Des propos critiqués par les alliés de Kiev. Interrogé par franceinfo, le général Michel Yakovleff, officier général de l’armée de terre française, estime que le président ukrainien « a perdu une occasion de se taire ». Un peu plus tard dans la soirée, Volodymyr Zelensky, laissant apparaître des doutes, demande l’accès à « toutes les données » des Occidentaux et au site de l’explosion du missile tombé en Pologne.

Acte 3 : il admet « ne pas savoir ce qu’il s’est passé »

Au gré d’un changement de discours subtil, l’Ukraine affirme jeudi matin que la Russie est « entièrement responsable » de la chute du missile, quel que soit l’auteur de la frappe. « Nous partageons le point de vue selon lequel la Russie porte l’entière responsabilité de sa terreur par missiles », affirme ainsi le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba. De plus en plus isolé, Volodymyr Zelensky finit par reconnaître « ne pas savoir ce qu’il s’est passé ». « Le monde ne le sait pas. Mais je suis sûr que c’était un missile russe, je suis sûr que nous avons tiré depuis des systèmes de défense aérienne », déclare-t-il.

« Il est impossible d’affirmer quelque chose de précis aujourd’hui », ajoute-t-il, jugeant que « ce n’est qu’après l’enquête qu’il sera possible de tirer des conclusions ». Volodymyr Zelensky ajoute que des experts ukrainiens vont participer à l’enquête internationale chargée de faire la lumière sur cet incident.


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