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Mission Artemis : une entreprise française imagine « un Airbnb sur la Lune » pour les astronautes

Comment vivre sur la Lune durant plus de 48 heures ? C’est la question que se posent les agences spatiales du monde entier, alors que la Nasa, l’agence spatiale américaine, a (enfin) fait décoller mercredi 16 novembre sa nouvelle fusée SLS pour le premier volet de la mission Artemis qui doit marquer le retour de l’homme sur la Lune. Certaines entreprises sont dans la course pour imaginer les futurs logements des astronautes sur la Lune. Parmi elles : Spartan Space, une entreprise française qui développe une maison lunaire gonflable, aux airs de champignon. « C’est livré comme un petit paquet sur la Lune par un véhicule robotique, et une fois que c’est arrivé, ça s’ouvre et ça se gonfle », raconte Peter Weiss, PDG de l’entreprise, à propos de cette base qu’on appelle Eurohab. Un habitat conçu comme une charge utile. « C’est un peu comme Chronopost : j’ai un paquet et je veux que ça soit livré en surface, sourit l’ingénieur.  Une fois que c’est arrivé, ça s’ouvre et ça se gonfle, et ça peut donc servir comme refuge pour des astronautes qui arrivent plus tard. »


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Après s’être concentrés sur la planète rouge, la fascination qu’elle suscite et les technologies déployées pour l’explorer avec “Mars, la nouvelle odyssée”, franceinfo et la Cité de l’espace à Toulouse s’envolent vers la Lune en sept nouveaux épisodes.


À l’intérieur de l’Eurohab, « ça ne serait pas un hôtel de luxe », précise Peter Weiss, qui décrit quelques éléments de couchage, des toilettes… « Pas de canapé, spa ou minibar », prévient-il. Un habitat lunaire très spartiate afin de répondre à un besoin très concret pour les astronautes : être une base dans laquelle ils pourront se retirer en cas de problème ou qui pourra servir de poste d’exploration, sorte de  « camp de base sur le mont Everest », qui pourrait permettre aux astronautes d’aller explorer des endroits plus lointains que leur site d’atterrissage. Que faire de l’Eurohab, ensuite ? Il resterait sur la surface lunaire, après l’avoir dégonflé.

Spartan Space travaille déjà avec l’Agence spatiale européenne (ESA) et le Centre national d’études spatiales (Cnes). L’entreprise proposera cet habitat lunaire « comme une chambre d’hôte en surface lunaire, un peu comme un Airbnb sur La Lune. » Car son modèle économique est basé sur un service. L’Eurohab pourrait alors être loué par les agences spatiales pour des missions lunaires.

Mais comment l’habitat fonctionne ? Les ingénieurs travaillent avec Air Liquide et le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), à Grenoble, sur la question de la gestion de l’énergie. « L’idée, c’est de travailler avec des piles à combustible, explique Peter Weiss, d ‘avoir un système qui se charge très lentement, et une fois les astronautes arrivés, ils vont brûler toute l’énergie pendant quelques jours. »

Afin de se protéger des radiations, les ingénieurs réfléchissent à une zone d’abri dans l’Eurohab, une « sorte de cœur où, comme mes collègues l’appellent, la cabine téléphonique qui est plus protégée que les autres », poursuit Peter Weiss. Mais pour autant, il tempère : « Ça ne permettrait pas encore de vivre pendant six mois sur cette station comme on peut faire sur l’ISS aujourd’hui, ce n’est pas possible. »

Autre problème : le CO2. L’entreprise travaille également sur un système pour transformer le CO2 en oxygène, l’idée étant de la produire sur place.

D’autres projets d’habitats lunaires ont vu le jour ces dernières années, à l’image du projet Lina (pour « Lunar Infrastructure Asset ») de l’AI SpaceFactory, une entreprise américaine. En partenariat avec la Nasa, elle a imaginé une base lunaire imprimée en 3D, avec des modules, au centre desquels se trouveraient des panneaux photovoltaïques pour alimenter en énergie ces habitats lunaires. Les modules seront recouvert d’une couche protectrice de régolithe lunaire, la poussière lunaire. Objectif : protéger le matériel et les astronautes des radiations.

Sa durée de vie est « d’au moins 50 ans », affirme l’entreprise. L’habitat est assez grand pour abriter « un rover pressurisé habité tel que le véhicule d’exploration spatiale, des dispositifs de télécommunication et des modules d’habitation. »

Ces habitats pourraient-ils, à terme, servir au tourisme spatial ? Peter Weiss n’est pas fermé à l’idée, mais il estime que ce n’est pas la question du moment. Avant de rappeler : « La Lune, c’est l’étape obligatoire vers Mars. Si on ne va pas sur la Lune, on ne va pas sur Mars. »



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