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« Ocean Viking » : où en sont les migrants ?

La stratégie d’accueil française semble voler en éclats sous le coup de décisions de justice, de départs inopinés et d’imbroglio sur les expulsions.

Source AFP

Sur les 234 rescapes, il n'en resterait plus que douze dans le centre d'accueil d'Hyeres.
Sur les 234 rescapés, il n’en resterait plus que douze dans le centre d’accueil d’Hyères. © CHRISTOPHE SIMON / AFP

Temps de lecture : 3 min

Des libérations par la justice, des mineurs isolés introuvables, une centaine de rescapés refusés sur le territoire… La gestion française des migrants de l’Ocean Viking tourne au « carnage ». La situation serait même « hors de contrôle » pour l’opposition une semaine après l’accueil du navire humanitaire affrété par SOS Méditerranée et de ses 234 rescapés à Toulon. Placés dans un centre de vacances situé sur la presqu’île de Giens, à Hyères, dans le Var transformé en « zone d’attente » internationale, ils ne pouvaient en théorie pas sortir…

Les 189 adultes ont tous été auditionnés par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), qui devait déterminer le bien-fondé de leur demande d’asile pour qu’ils soient officiellement admis sur le territoire. Celle-ci alors émis « 123 avis défavorables ». Les personnes concernées « font l’objet d’un refus d’entrée sur le territoire », a indiqué vendredi 18 novembre, devant le Conseil d’État, un représentant du ministère de l’Intérieur. Sollicité, ce dernier n’a pas indiqué si ce refus conduirait à une procédure d’expulsion. En début de semaine, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait affirmé qu’au moins 44 personnes qui avaient reçu un avis défavorable seraient « reconduites » dans leur pays d’origine.

Plus que douze migrants dans le centre

L’agence française de l’asile a par ailleurs « émis 66 avis favorables à une admission sur le territoire », a précisé Charles-Édouard Minet, sous-directeur du conseil juridique et du contentieux du ministère, lors de l’audience au Conseil d’État consacrée à la pertinence de la zone d’enfermement créée par les autorités. Ces personnes « vont pouvoir être relocalisées » vers les onze pays européens (dont l’Allemagne, la Finlande ou le Portugal) qui s’étaient portés volontaires pour les accueillir après leur débarquement en France, a-t-on indiqué à l’Agence France-Presse (AFP) place Beauvau.

Tout comme « ceux dont le juge judiciaire a décidé la libération » et qui « sont orientés vers les dispositifs de l’asile », a ajouté le ministère. Car en parallèle, la cour d’appel d’Aix-en-Provence a annoncé vendredi avoir validé la remise en liberté de la « quasi-totalité, voire la totalité » des 108 rescapés qui réclamaient de ne plus être enfermés. Une situation « qui évolue de minute en minute », a reconnu le ministère devant le Conseil d’État, à tel point que le gouvernement estime à douze le nombre de migrants toujours dans le centre vendredi après-midi.

À ce flou s’ajoutent « les personnes libérées, mais revenues volontairement » sur le site « pour bénéficier » de l’hébergement, a reconnu, désabusé, le représentant du ministère.

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« Une situation qui mène au carnage judiciaire »

« On a créé cette zone d’attente pour parer au plus pressé… Mais l’arrivée de ces personnes n’a pas été inopinée. C’est un choix politique, on savait qu’on allait les accueillir. On a décidé de se placer dans une situation qui mène au carnage judiciaire », a fustigé devant la haute juridiction administrative Me Patrick Berdugo, qui défendait pour le Syndicat des avocats de France l’idée de fermer la « zone d’attente », solution « ni valable ni viable ».

Hors de ce lieu contesté, 26 mineurs isolés sur les 44 secourus ont déjà quitté les structures d’accueil mises à disposition par le conseil départemental du Var. « Emmanuel Macron et Gérald Darmanin ont leur “affaire Leonarda”. Notre gouvernement est humilié par la fugue de 26 “mineurs” de l’Ocean Viking et les Français constatent, une fois de plus, que tout cela est hors de contrôle », a déploré la candidate du Rassemblement national (RN) à la dernière présidentielle, Marine Le Pen, en allusion à la gestion sous François Hollande de l’expulsion d’une collégienne rom.

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De son côté, après une semaine d’invectives avec le nouveau gouvernement d’extrême droite à Rome, l’Élysée a qualifié vendredi de « vilain geste » le refus italien d’ouvrir ses ports. « Nous devons travailler ensemble pour trouver des solutions efficaces pour l’immigration », a souligné l’entourage d’Emmanuel Macron. « Simplement, ce qui est très clair, c’est que les personnes que nous avons accueillies, ce sera ça en moins qu’on relocalisera dans le cadre des accords que nous avons avec l’Italie. »


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