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VIDEO. Violences faites aux femmes : l’actrice Judith Chemla « supplie Emmanuel Macron d’écouter » les femmes

« Je supplie Emmanuel Macron de nous écouter », a déclaré samedi 19 novembre sur franceinfo Judith Chemla. L’actrice, victime de violences conjugales, avait révélé son visage tuméfié en juillet dernier sur Instagram. Elle participe samedi à la manifestation organisée dans plusieurs villes de France par le collectif #NousToutes contre les violences sexistes et sexuelles. Près de 90 associations, syndicats et partis de gauche se joignent à cette journée de mobilisation pour dénoncer les dysfonctionnements de la justice. Judith Chemla a des « dizaines et des dizaines de preuves des violations des obligations judiciaires » de son ex-conjoint et « il n’y a aucune réponse pénale », a-t-elle dénoncé. Selon elle, les féminicides sont une sorte de « terrorisme ». L’actrice appelle la France « à se tranformer » comme a su le faire l’Espagne où « il y a 40% de féminicides en moins ». 

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franceinfo : Pourquoi vous participez à cette marche ?

Judith Chemla : En un an et demi, ce que j’ai découvert, c’est que quand on demande protection à la société, ça relève en fait de l’héroïsme. Vraiment, je ne le savais pas. Il faut être impacté dans sa chair et dans sa vie personnelle pour le comprendre.

« Je témoigne aujourd’hui parce que je pense que c’est très compliqué pour les gens qui ne subissent pas ça, d’entendre à quel point la situation est dysfonctionnelle et injuste. »

Judith Chemla, actrice et victime

à franceinfo

C’est en raison de ces dysfonctionnements que vous avez choisi de témoigner ?

J’avais peur que le père de ma fille aille en prison. Donc j’ai préféré témoigner, lui demander publiquement d’arrêter, plutôt que de porter plainte une troisième fois en un an. Je ne comprenais pas son sentiment d’impunité, Je ne comprenais pas le fait qu’il se sente encore tout puissant malgré cette condamnation. Mais maintenant, je comprends pourquoi. Depuis juillet, j’ai dû porter trois fois plainte. J’ai des dizaines et des dizaines de preuves des violations de ces obligations judiciaires et il n’y a aucune réponse pénale.

Votre ex-conjoint a été condamné mais la justice n’a pas été rendue, selon vous ?

Les moyens d’appliquer cette justice sont mis à mal. Il manque beaucoup de moyens. Il y a des policiers extraordinaires. L’écoute d’un bon policier, c’est déjà une réparation. Mais malgré tout, il y a des failles terribles dans le système qui font qu’un policier moins bien formé, moins bien intentionné, peut se permettre de menacer une victime, la menacer même du placement de son enfant quand elle cherche à le protéger, quand elle pense qu’au bout d’un moment, on n’est pas en sécurité. Malheureusement, les mères ne sont pas protégées par le système. On a un système où les juridictions sont éparpillées, les affaires familiales, le pénal. Il y a parfois quatre juridictions et c’est le serpent qui se mord la queue. S’il n’y a pas de réponse pénale, il n’y a pas d’urgence aux affaires familiales.

Quelles sont les conséquences de cette absence de réponse pénale ?

Quand on est victime, la veille d’une violation de contrôle judiciaire et qu’on apprend que le lendemain, il va falloir donner l’enfant parce qu’on s’est trompé dans le week-end et que c’est son week-end ce jour-là, que la police vient à l’école pour faire appliquer le droit de visite malgré le fait d’avoir porté plainte le matin même.

« Finalement, c’est l’agresseur qui est protégé, qui continue de brandir son autorité parentale pour poursuivre son harcèlement et c’est moi qui suis inquiétée. »

Judith Chemla

à franceinfo

La police n’intervient pas avec les violations de contrôle judiciaire depuis trois mois.

Le gouvernement ne fait pas assez, selon vous ?

On se demande quel est le message. Je sais qu’il y a de bonnes intentions. Il y a des gens qui travaillent tous les jours pour faire changer les choses. En France, il y a des réflexions qui sont menées et c’est bien et heureusement.

« En Espagne, on investit pour la protection des femmes. Il y a 40% de féminicides de moins. Ils réussissent. Ils ont compris qu’un parent violent, qu’un conjoint violent n’est pas un bon père. Il y a eu en dix jours, dix femmes tuées en France dont huit par leur conjoint. »

Judith Chemla

à franceinfo

C’est un terrorisme qui fait des mortes en France par centaines chaque année. Je ne sais pas ce qu’on attend. Je ne pense pas qu’on puisse attendre non plus pour se réveiller. Il faut qu’on réfléchisse sincèrement, que chacun réfléchisse dans sa vie intime aux limites à mettre et que la justice s’empare de ça. Je supplie Emmanuel Macron de nous écouter, je supplie Emmanuel Macron de recevoir les demandes, je supplie la France de se transformer.


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