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Pénurie d’amoxicilline : quels sont les symptômes et les remèdes face aux difficultés d’approvisionnement ?

Les antibiotiques, si prisés par les Français, viennent à manquer. « Nous avons des tensions sur nos stocks de médicaments, c’est une réalité », a reconnu, dimanche 20 novembre, le ministre de la Santé, François Braun, dans l’émission « Le Grand Jury » RTL-Le Figaro-LCI.

L’amoxicilline, l’antibiotique le plus prescrit de France, notamment aux enfants pour lutter contre les infections bactériennes comme les otites et les pneumonies, est notamment victime de « fortes tensions d’approvisionnement », « voire des ruptures de stock » jusqu’en mars 2023, a annoncé vendredi l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Franceinfo vous détaille les causes de cette pénurie et les solutions envisagées. 

Des pharmacies à sec

L’amoxicilline est de plus en plus difficile à trouver en pharmacie. « On ne sait pas comment on va pouvoir délivrer toutes les ordonnances pour les patients », s’est inquiété samedi Brice Butto, pharmacien à Lyon, sur France 3 Auvergne Rhône-Alpes. Son stock a baissé de 50%. Des ruptures ont aussi été rapportées dans certains hôpitaux, selon Pauline Londeix, cofondatrice de l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament (OTmeds), interrogée par franceinfo.

L’ANSM a prévenu vendredi que ces tensions d’approvisionnement étaient prévues jusqu’en mars 2023. Selon l’agence du médicament, les difficultés touchent particulièrement les « formes buvables » de l’amoxicilline, à savoir les poudres à diluer pour les enfants. Le ministre de la Santé, François Braun, a estimé que le retour à la normale était difficile à prévoir, s’avançant finalement sur « les semaines, les mois qui viennent » dans l’émission « Le Grand Jury ». 

Une production en baisse et une demande en hausse

« On est très en colère, parce qu’on alerte sur cette situation depuis des mois, voire des années », déplore Pauline Londeix, citant comme causes « l’ultra-concentration de la fabrication de la matière première en Asie de l’Est et du Sud, le contexte géopolitique avec la guerre en Ukraine et les conséquences sur le prix de l’énergie ». L’explosion des prix de l’énergie inciterait certains producteurs chinois à ne plus produire cette matière première, selon elle. 

Les autorités sanitaires pointent une hausse de la demande en antibiotiques, après la crise Covid qui avait réduit la propagation de certaines maladies. Les gestes barrières et les restrictions sanitaires avaient en effet permis d’éviter bon nombre de contaminations. « Cette année, de janvier à octobre, la demande d’amoxicilline est aux alentours de 40 millions de boîtes, alors qu’en 2020 et en 2021 on était très en deçà, plutôt autour de 30 millions de boîtes », a précisé le ministère de la Santé aux Echos.

Un appel à moins consommer d’antibiotiques

Pour assurer la disponibilité du médicament, l’ANSM incite les professionnels de santé à moins prescrire d’antibiotiques. « Nous rappelons que les antibiotiques n’ont aucune efficacité contre les infections virales, dont les bronchiolites, la grippe, le Covid-19, les rhinopharyngites et la grande majorité des angines et des otites », alerte l’agence sur son site internet. Même mise en garde de la part du gouvernement. « La France est le quatrième pays européen sur 27 en [termes de] consommation d’antibiotiques et les spécialistes considèrent qu’adultes et enfants confondus, au moins la moitié des prescriptions d’antibiotiques sont médicalement non justifiées », a souligné le ministère de la Santé dans Les Echos

L’exécutif a déjà interdit la revente d’amoxicilline à d’autres pays via le plan d’investissement France 2030. Il veut également augmenter la production du médicament sur le territoire. « L’enjeu, qui est majeur, c’est que ce ne sont pas des médicaments qui sont produits en France », a affirmé dimanche le ministre de la Santé, mentionnant aussi les difficultés d’approvisionnement pour le paracétamol.

Mais cette production française « reste très symbolique » pour Pauline Londeix, de l’OTmeds. « Il faut une production au moins en partie publique de certains de ces médicaments », pour éviter qu’ils ne soient soumis aux lois de l’offre et de la demande, plaide-t-elleL’observatoire recommande d’autre part de travailler « avec les partenaires des autres pays européens sur la répartition de la production, notamment de la matière première de ces médicaments entre pays européens pour ne pas être complètement dépendants ».


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