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RÉCIT. Coupe du monde 2022 : avant l’entrée en lice de la France, retour sur l’année mouvementée des Bleus

Le onze tricolore va débuter mardi son Mondial face à l’Australie. Pour espérer s’imposer, les Bleus devront faire abstraction d’une année faite de hauts, mais aussi et surtout de bas.

Debout sur la pelouse du stade Jassim ben Hamad, Didier Deschamps observe l’entraînement de ses joueurs. Comme à son habitude, le sélectionneur de l’équipe de France intervient par moments pour replacer certains d’entre eux. Autrement, il reste silencieux, les bras croisés. À quoi pense-t-il ? À la manière de pallier le forfait de dernière minute de Karim Benzema ? À celle de conjurer le sort des champions du monde éliminés dès le premier tour de la compétition ?

Ou peut-être à ses propos tenus quelques heures après la victoire en finale de la Ligue des nations contre l’Espagne (2-1), le 10 octobre 2021 ? Ce jour-là, dans l’euphorie du succès, les Bleus oubliaient définitivement l’échec de l’Euro quelques mois auparavant. Didier Deschamps l’assurait : « La meilleure vitamine, c’est de gagner des titres. » Un an plus tard, c’est pourtant une équipe de France en carence qui s’apprête à débuter la Coupe du monde à Doha.

Lorsque les Bleus s’imposent face à l’Espagne, tout semble rouler. Karim Benzema, futur Ballon d’or, s’est parfaitement intégré à l’équipe, la France se qualifie officiellement pour le Mondial un mois plus tard en battant le Kazakhstan (8-0) et la Finlande (2-0), et le système à trois défenseurs continue de faire ses preuves contre la Côte d’Ivoire (2-1) et l’Afrique du Sud (5-0) en mars. La dynamique est bonne, mais le Mondial est encore loin.

En mars justement, Paul Pogba participe au rassemblement. Le milieu des Bleus n’imagine pas, à ce moment-là, qu’il dispute ses dernières sélections avec l’équipe de France et qu’il ne participera pas à la Coupe du monde. Le patron du groupe tricolore est, comme d’autres cadres de la sélection, très souvent ralenti par des blessures. En novembre 2021, il se blesse même lors d’un entraînement aux tirs sur une passe de… Didier Deschamps.

Doucement mais sûrement, les bobos s’accumulent pour les Bleus. N’Golo Kanté est aussi trop souvent absent et finit par renoncer au Mondial, tout comme Mike Maignan, Presnel Kimpembe, Christopher Nkunku et enfin Karim Benzema dans la nuit de samedi à dimanche. Raphaël Varane, lui, sera bien de la partie, mais a failli devoir renoncer. Comme certains de ses coéquipiers, il a peu joué cette dernière année avec les Bleus en raison de plusieurs blessures.

L’un des pépins physiques du joueur de Manchester United, en juin dernier contre le Danemark, va même initier le renoncement progressif au système à trois défenseurs. Celui-ci est temporairement abandonné par Didier Deschamps lors du rassemblement de fin de saison. Le sélectionneur écoute ses joueurs, éreintés par la multiplication des matchs, et revient à un système à quatre moins énergivore.

« Nous partirons avec une défense à quatre », a ainsi fait savoir Didier Deschamps lors de l’annonce de la liste des joueurs retenus pour le Mondial, le 9 novembre. « On a fait de très bonnes choses dans ce système [à trois défenseurs], mais on a aussi été en difficulté. On a été trop souvent en déséquilibre. » La défense à trois, réinstallée temporairement en septembre, a vécu.

Le travail accumulé pendant plus d’une année sur ce système est bon à jeter. Sans préparation avant le Mondial, hormis celle des entraînements, les Bleus vont devoir s’adapter dès leur entrée en lice contre l’Australie mardi. Plusieurs novices en sélection vont également devoir digérer la pression inhérente à un Mondial. Tous les petits nouveaux n’ont pas la sérénité d’un Aurélien Tchouameni, l’un des seuls motifs de satisfaction de la dernière année écoulée.

En l’absence de certains de ses patrons, sur le terrain (Pogba, Kanté, Benzema) comme en dehors (Pogba, Kimpembe), Didier Deschamps peut en revanche toujours compter sur Kylian Mbappé. Ce dernier aura traversé l’année en bleu sans jamais apparaître affecté par ses soucis au Paris Saint-Germain ou par ceux de l’équipe de France. En revanche, il en aura causé de nouveaux à la Fédération française de football (FFF).

En remettant en question la convention sur les droits à l’image de la FFF en mars, Kylian Mbappé a donné un coup de pied dans la fourmilière. Ce sujet extra-sportif est le premier à venir polluer l’environnement de l’équipe de France et la communication soignée de Didier Deschamps. « Le climat, on ne le choisit pas. Si vous pouvez faire en sorte, dans les prochaines semaines, de parler uniquement de football, ce serait apprécié », avait lancé le sélectionneur, mi-octobre, à l’attention des journalistes. 

Entre les polémiques qui ont touché la FFF, celles qui entourent l’attribution de la Coupe du monde au Qatar et celles concernant les prises de position de ses joueurs lors des matchs de la compétition à Doha, Didier Deschamps a été servi ces derniers mois. Qu’il s’agisse du terrain, des blessures ou des sujets de controverse, c’est toute l’équipe de France qui a vécu une dernière année pour le moins mouvementée.

La fameuse « chatte à Dédé » semble avoir échappé au sélectionneur depuis maintenant de longs mois. Portée disparue à l’Euro 2021, elle avait fait un retour ponctuel lors du Final Four de la Ligue des nations. Debout sur la pelouse du stade Jassim ben Hamad, les bras croisés, c’est finalement peut-être à ça que pense Didier Deschamps : comment se débarrasser de la poisse et retrouver durablement le chemin du succès ?


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