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En France, ces millions de personnes qui ne mangent pas à leur faim

Forcés de sauter des repas, de manger moins pour nourrir leurs enfants… L’Insee dresse le portrait des plus précaires qui ont recours à l’aide alimentaire.

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Plus de trois millions de personnes avaient recours a l'aide alimentaire fin 2021, selon l'Insee.
Plus de trois millions de personnes avaient recours à l’aide alimentaire fin 2021, selon l’Insee. © ALAIN JOCARD / AFP

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Entre 3,2 et 3,5 millions de personnes avaient recours à l’aide alimentaire fin 2021, estime l’Insee. L’institut de statistiques a mené une enquête en novembre dernier auprès de 4 500 bénéficiaires, publiée ce mardi 22 novembre dans son « portrait social 2022 » de la France. Et quatre personnes sur cinq interrogées indiquent souffrir de privations alimentaires. Plus de la moitié a peur de manquer de nourriture, 49 % disent réduire les quantités ou sauter des repas pour s’en sortir. Un tiers se couche en ayant faim, et autant réduisent la part des adultes pour mieux nourrir les enfants.

Une population « qui vit souvent dans une grande précarité et cumule les difficultés », observe Thomas Lellouch, directeur de projet sur les statistiques de la grande pauvreté à l’Insee. Avec un niveau de vie moyen de 637 euros – un tiers du revenu médian –, les bénéficiaires d’aide alimentaire sont parmi la frange la « plus pauvre des pauvres », notent les auteurs de l’étude. Mais pas seulement : 5 % des personnes ayant besoin d’aide pour se nourrir sont au-dessus du seuil de pauvreté.

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L’impact du Covid-19

Loin de l’image de la soupe populaire, l’écrasante majorité des bénéficiaires (86 %) a un logement ou est hébergée par des proches. Seuls 4 % sont sans abri. Une proportion similaire bénéficie d’autres formes d’aides pour tenir (chèque alimentaire, prestations sociales…), mais 16 %, notamment des immigrés ou des personnes désocialisées qui ne les demandent pas, forment un public extrêmement précaire ne bénéficiant pas des autres aides. Les immigrés sont surreprésentés : ils sont près de la moitié des bénéficiaires alors qu’ils représentent seulement 10 % de la population française, une part qui serait même sous-estimée par la nature de l’enquête, indique l’Insee.

Le mode d’aide alimentaire le plus répandu (71 % y ont recours) est le colis de provisions. Une solution d’autant plus privilégiée par les familles ou les parents isolés avec leurs enfants, quand les hommes seuls ou les sans-abri vont plutôt se tourner vers la distribution de repas (12 %). Un tiers des bénéficiaires d’aide alimentaire jonglent entre plusieurs associations.

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Un écueil de l’enquête est qu’elle ne propose qu’une photographie de la situation fin 2021, et n’offre pas de point de comparaison pour suivre l’évolution de ce public dans le temps, étant la première enquête du genre de l’Insee. La moitié des personnes interrogées dit toutefois avoir recours à l’aide alimentaire depuis moins de deux ans au moment de l’enquête (soit depuis fin 2019), esquissant un probable impact de la crise sanitaire. C’est chez les étudiants qu’il s’est fait le plus sentir : 20 % de ceux interrogés disent s’être tournés vers l’aide alimentaire du fait de la pandémie et de ses restrictions, deux fois plus que l’ensemble des bénéficiaires.


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