A la Une

Corrida : dans quels pays et sous quelles conditions la pratique de la tauromachie perdure-t-elle dans le monde ?

Tradition importante ou spectacle barbare d’un autre temps, la corrida cristallise toujours autant les tensions. La France n’est pas le seul pays où la pratique de la tauromachie est autorisée. Tour d’horizon.

La proposition de loi du député LFI  Aymeric Caron visant à interdire la corrida sera examinée dans l’hémicycle jeudi 24 novembre, mai elle a peu de chances d’aboutir. En commission des lois, les députés ont en effet soutenu mercredi 16 novembre les amendements RN et LR pour supprimer le seul article du texte.

Tradition à défendre ou pratique barbare à bannir, la France n’est pas le seul pays à se poser la question. Sur la carte du monde, la corrida est présente, ou a été présente, en Espagne, au Portugal et en Amérique latine avec des différences concernant le point le plus sensible : la mise à mort ou non du taureau. Tour d’horizon.

Les pays où la tauromachie avec mise à mort reste autorisée 

En Espagne, où est née la tradition tauromachique, la corrida est déclarée « bien d’intérêt culturel » depuis 2013 et en 2019, dernière année avant la pandémie de Covid-19, 2,5 millions de personnes ont assisté à un évènement taurin. Cependant, la Catalogne a interdit la corrida dès 2010 ; décision ensuite annulée par le Tribunal constitutionnel espagnol. Mais dans les faits, il n’y a plus de corridas en Catalogne, en particulier à Barcelone, longtemps l’une des arènes majeures d’Espagne. L’opinion espagnole est divisée et la cause animale progresse. Depuis 2021, Gijon (Asturies) a interdit la corrida. 

Au Mexique, la corrida a été déclarée protégée comme patrimoine culturel dans sept Etats sur 32 – déclarations contestées par les anticorridas devant la Cour suprême. Comme dans tous les pays de l’Amérique latine, la tradition remonte à la conquête espagnole, au XVIe siècle. A Mexico se trouvent même les plus grandes arènes du monde (50 000 places). Pourtant, cette tradition vieille de 500 ans pourrait s’éteindre. En juin 2022, un juge fédéral a suspendu les corridas dans la ville de Mexico. Et cinq Etats ont déjà interdit cette pratique, qui génère 80 000 emplois directs dans le pays, selon ses défenseurs. 

En Colombie, la corrida reste populaire mais le président Gustavo Petro, entré en fonction en août 2022, est un anti-taurin revendiqué. Un projet de loi qui propose d’interdire cette activité de manière définitive est en préparation au Congrès. Et les mises à mort sont déjà interdites à Bogota.

Au Pérou, l’opposition aux corridas grandit mais la tradition taurine reste bien ancrée. Ce pays des Andes compte 199 arènes, contre seulement 80 stades de football. En février 2020, la Cour constitutionnelle a rejeté une action collective réclamant l’interdiction de la corrida et des combats de coqs, également très populaires.

Les pays où les corridas avec mise à mort sont partiellement interdites

Au Venezuela, les corridas avec mise à mort restent autorisées mais une loi de 2010 soumet l’organisation de spectacles publics avec des animaux à une autorisation des municipalités. Les villes  de Caracas, Maracaibo, San Felipe ou Maracay, entre autres, ont ainsi publié des décrets anticorrida. Et en 2020, sept spectacles tauromachiques seulement se sont tenus.

En Equateur, dès 2011, une consultation sur les spectacles taurins avec mise à mort avait dégagé une majorité pour leur interdiction, mais avec de fortes disparités locales. Les partisans de la corrida n’ont pas désarmé et ont multiplié les recours jusque devant la Cour constitutionnelle équatorienne. Depuis 2021, la capitale Quito a banni « tout spectacle public ou privé impliquant la souffrance, la maltraitance, la mort ou toute atteinte au bien-être animal ». 

Les pays où la tradition tauromachique a disparu

Au Chili, en Argentine, à Cuba et en Uruguay, la corrida avec mise à mort est interdite et a disparu depuis longtemps. Dans certaines de ces anciennes colonies espagnoles, l’interdiction était un signe d’émancipation, dès les indépendances entre 1806 et 1830. Dans beaucoup de ces pays subsistent des formes de spectacles taurins, plus proches du rodéo d’Amérique du Nord ou des courses landaises ou camargaises du sud de la France.

Les pays qui préfèrent les variantes sans mise à mort

Au Portugal, la corrida s’appelle « tourada » et elle a plusieurs particularités : elle se pratique le plus souvent à cheval et il n’y a pas de mise à mort du taureau, interdite depuis près d’un siècle. Cela dit, les cavaliers plantent quand même des banderilles. Depuis l’an dernier, les « touradas » sont interdites au moins de 16 ans au Portugal. À noter que la « tourada » se pratique aussi aux Etats-Unis, en Californie, où vivent 350 000 personnes d’origine portugaise.


Continuer à lire sur le site France Info