A la Une

Espace : qui est John McFall, le premier parastronaute de l’histoire ?

« Etant amputé, je n’avais jamais pensé que devenir un astronaute était une possibilité. » Et pourtant. A 41 ans, l’ex-champion paralympique John McFall a été sélectionné, mercredi 23 novembre, par l’Agence spatiale européenne (ESA), pour rejoindre son programme d’entraînement comme premier parastronaute de l’histoire. Franceinfo vous présente celui qui espère désormais devenir la première personne handicapée à aller dans l’espace.

Son parcours : un médaillé paralympique devenu médecin

Né en 1981 dans une ville du sud de l’Angleterre, John McFall a vu son destin basculer à l’âge de 19 ans, en août 2000, lors d’une année sabbatique en Thaïlande. « J’étais à Koh Samui sur ma moto pour aller voir la statue du Grand Bouddha. Je savais que j’allais trop vite dans un virage. La moto a dérapé et j’ai tendu ma jambe pour l’empêcher de tomber », a-t-il raconté à The Independent*. Résultat : genou cassé, cuisse partiellement sectionnée par la chaîne et amputation, avec « 40% de chances de survie » avant l’opération.

Privé de sa jambe droite, John McFall, issu d’une famille de militaires, doit renoncer à son rêve de rejoindre l’armée. Son nouveau combat : remarcher, puis recourir. Il y parvient. Une fois diplômé de la filière sportive à l’université, il devient même athlète professionnel et sprinteur paralympique. Après une première médaille européenne, en 2005 et deux podiums mondiaux en 2006, vient la consécration : le Britannique est sacré champion du monde du 100 mètres et du 200 mètres en 2007, avant de briller devant le grand public avec une médaille de bronze paralympique sur le 100 mètres de sa catégorie aux Jeux de Pékin en 2008.

A 28 ans, John McFall a des projets plein la tête, selon The Telegraph*. Il s’imagine traversant le Sahara à pied et l’Atlantique à la rame, ou encore obtenant un brevet de parachutiste. Il commence par un autre défi : il entame des études de médecine au pays de Galles. Diplômé en 2014, il s’est depuis installé dans sa région natale en tant qu’orthopédiste et traumatologue. Marié, père de trois enfants de 5, 8 et 9 ans, il n’a pas oublié sa carrière sportive : il a notamment travaillé pour l’organisation des Jeux paralympiques de Londres en 2012.

Ses motivations : prouver que « la science est pour tout le monde »

« Quand il a été annoncé que l’ESA recherchait un candidat avec un handicap physique, j’ai pensé que c’était une opportunité formidable », a raconté John McFall, mercredi, lors la cérémonie de présentation de la nouvelle promotion d’astronautes. « Avec mon parcours scientifique et mes différentes expériences, j’ai senti que je devais essayer d’aider l’ESA à répondre à la question : pouvons-nous envoyer une personne avec un handicap physique dans l’espace pour y faire un travail significatif ? » a-t-il poursuivi.

Lors du lancement de sa campagne de recrutement, en février 2021, l’ESA avait pour la première fois ouvert une procédure parallèle pour des personnes en situation de handicap physique. Etaient éligibles les candidats porteurs d’un handicap au niveau des membres inférieurs (en raison d’une amputation ou d’une malformation congénitale) et les personnes mesurant moins de 1,30 mètre ou ayant une asymétrie des jambes. Les aptitudes intellectuelles et psychologiques requises restaient les mêmes que pour les autres astronautes.

Après des tests cognitifs, techniques et de personnalité, suivis d’évaluations psychométriques, de tests médicaux et d’entretiens « d’embauche », John McFall s’est dit « incroyablement fier et excité » d’avoir été retenu. « Le message que je veux donner aux futures générations, c’est que la science est pour tout le monde et que les voyages dans l’espace, espérons-le, peuvent être pour tout le monde. »

Sa mission : rendre l’espace plus inclusif

Dans le cadre du programme d’entraînement, le Britannique doit participer à une étude de « faisabilité » sur l’accès des vols spatiaux aux parastronautes. Ce programme vise à étudier le défi que représenterait l’envoi d’un astronaute handicapé dans l’espace et à trouver des solutions pour le relever. L’une premières étapes sera de s’assurer de la possibilité pour un parastronaute d’évacuer en toute sécurité une fusée en cas d’urgence, selon la BBC*.

« On dit que dans l’espace tout le monde est handicapé, souligne-t-il, cité par Le Parisien. Quand on regarde dans les détails, on utilise ses jambes d’une manière différente dans l’espace. Mais on ne sait pas si être amputé est un avantage ou un inconvénient. Faudra-t-il porter une prothèse ou non ? La gravité aura-t-elle un effet différent sur un membre amputé ? C’est toute l’idée de mon engagement et ce sur quoi nous allons travailler. »

A quelle échéance John McFall peut-il espérer s’inviter dans l’espace ? « L’espace n’est pas une activité pour gens pressés », temporise médecin en chef des astronautes au sein de l’ESA, Guillaume Weerts, interrogé par l’AFP. « Cela dépend vraiment de ce que nous allons rencontrer », souligne-t-il, précisant que beaucoup de travail reste à faire après la sélection des candidats. Avant d’esquisser un calendrier : un astronaute handicapé pourrait être envoyé dans l’espace « potentiellement dans les dix prochaines années ».

* Les liens renvoient vers des articles en anglais.


Continuer à lire sur le site France Info