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Feuilles blanches, jeux de mots, mèmes… En Chine, les opposants à la politique « zéro-Covid » se moquent de la censure

C’est historique. Une foule de manifestants est descendue dans la rue en Chine, notamment à Pékin, Shanghai et Wuhan, dimanche 27 novembre, pour protester contre la politique « zéro Covid » en vigueur. Cette mobilisation semble la plus importante depuis les émeutes pro-démocratie de 1989. Entre présence policière soutenue et censure, les autorités chinoises tentent de freiner ce mouvement de colère.

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Voici comment de nombreux Chinois trouvent la parade pour exprimer leur opposition de manière créative.

Des feuilles blanches brandies dans les manifestations

Les manifestants de plusieurs villes, dont Pékin, ont brandi, dimanche, en signe de solidarité des feuilles de papier blanc, format A4, en référence au manque de liberté d’expression en Chine. D’autres ont publié des carrés blancs sur leur profil WeChat, le principal réseau social chinois. Un phénomène déjà aperçu cette année en Russie, ou en 2020 lors de la protestation à Hong-Kong, relève le Huffington Post. Une façon habile de contourner la censure de slogans comme « Xi Jinping, démission », souligne le site d’informations. « C’est aussi une réponse aux autorités : ‘Allez-vous m’arrêter pour avoir tenu une pancarte ne disant rien ?' » explique sur Twitter le correspondant de la BBC, Stephen McDonell.

De fait, les forces de l’ordre chinoises confisquent ces feuilles et arrêtent ceux qui les brandissent, comme le montre cette vidéo publiée par l’agence de presse Reuters.

Lundi matin, beaucoup de publications qui faisaient référence au « papier A4 » avaient disparu, mais des compte diffusaient des copies des messages.

Des messages détournés et des jeux de mots

Des étudiants de la prestigieuse université Tsinghua de Pékin se sont pris en photo brandissant des affiches portant des équations de Friedmann. Ces équations en elles-mêmes n’ont pas de lien direct avec la situation politique, mais le nom du physicien russe Alexandre Friedmann rappelle les expressions « freed man » (homme libéré) ou « freedom » (liberté) en anglais.

Les internautes rivalisent aussi de jeux de mots pour évoquer les manifestations sur les réseaux sociaux avec des termes comme « peau de banane », qui a les mêmes initiales en chinois que le nom du président, ou « mousse de crevette », à la sonorité proche de « démission ».

Des vidéos de Xi Jinping ainsi que des citations du président ont aussi été détournées pour qu’elles semblent soutenir les manifestations. « A présent, le peuple chinois s’organise et ne peut pas être négligé », dit-il dans l’une des vidéos.

De l’ironie et des mèmes

A Pékin, une foule le long de la rivière Liangma dimanche soir scandait d’étonnants slogans. « Je veux faire des tests pour le Covid, je veux scanner mon QR code », criait-on, misant sur l’ironie pour se faire entendre. Sur internet, des internautes ont partagé des mèmes de la Coupe du monde de football au Qatar, utilisant des images de joueurs masqués pour se moquer de la politique sanitaire chinoise.

Pour éviter de montrer aux téléspectateurs chinois les stades remplis de supporters sans masque, la chaîne de sport de la CCTV a remplacé systématiquement, dans la retransmission du match Japon-Costa Rica, chaque image montrant des gens de trop près par des images des joueurs ou du stade, ou encore des images de foule prises d’assez loin pour ne pas permettre de distinguer les visages.

Dans une vidéo virale, depuis censurée, on voit des supporters de la Coupe du monde se réjouir, mais la bande-son modifiée fait entendre des ordres comme « Mettez vos masques ! » ou « Faites-vous tester ! »


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