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Coupure d’électricité : on vous raconte la grande panne de 1978 qui a paralysé la France

Les Français devront économiser l’électricité cet hiver s’ils veulent éviter des coupures ponctuelles et ciblées. La production d’EDF est actuellement pénalisée par les faiblesses du parc nucléaire et de ses approvisionnements en gaz. Cependant, RTE exclut le risque de black-out, c’est à dire la perte de contrôle total du système électrique, comme cela a été le cas en 1978.

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Le 19 décembre 1978 au petit matin, il fait très froid sur la France. A Paris, le thermomètre est descendu à −4°C. Noël approche avec son lot d’illumination et de frénésie commerciale. EDF s’attend à la plus forte consommation d’électricité de toute l’année. A 8h27, alors que les Français démarrent leur journée, il y a un pic de consommation qui achève de fragiliser le réseau national électrique au bord de la rupture. Une coupure de courant géante arrête le pays soudainement.

Des trains s’arrêtent en rase campagne, les métros parisiens sont coincés entre deux stations, les feux tricolores tombent en panne, ce qui créé des embouteillages géants dans de nombreuses grandes villes de France. Les chauffages électriques ne fonctionnent plus et de nombreuses personnes se retrouvent coincées dans des ascenseurs. Des parkings souterrains, des tunnels sont fermés, à cause de l’arrêt des systèmes de ventilation, par crainte d’intoxications provoquées par les gaz d’échappement. Des hôpitaux réclament des groupes électrogènes aux pompiers. Le plus fort de la panne va durer environ quatre heures.  

C’est la défaillance d’une ligne de 400 000 volts entre Nancy et Troyes qui a provoqué la coupure géante. Ce problème entraîne une surcharge des autres réseaux, qui chutent en cascade dans la quasi-totalité de la France, comme les fusibles d’une maison qui sauteraient les uns après les autres. 

A l’époque, le niveau des barrages hydro-électriques est faible, le nucléaire ne fournit qu’environ 10% du courant (la centrale de Fessenheim vient juste d’être lancée), les centrales thermiques sont majoritaires. Le PDG d’EDF Marcel Boiteux reconnait après coup que la fragilité du réseau, « tout près de ses limites, avec une marge relativement faible ». La CGT d’EDF dénonce de son côté l’absence de diversification des sources d‘énergie ainsi que le développement trop rapide du chauffage électrique en France. La CGT avait prévu une grève la semaine suivante, mais en raison de la panne, son secrétaire général Jean Thomas demande « aux camarades de la production thermique et hydraulique de ne pas baisser la production ». A l’époque, quand EDF était en grève, le courant était fréquemment coupé par les syndicats.  

Quoi qu’il en soit, la panne est réparée dans le courant de la journée du 19 décembre. Seul le nord-est de la France y a échappé grâce à l’électricité venue d’Allemagne, de Belgique et de Suisse. Et plus jamais la France ne connaîtra un black-out de cette ampleur, même si des pannes massives ont eu lieu en 1987 ou encore en décembre 1999.


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