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Une « proportion assez énorme » de moules en silicone est « considérée comme peu sûre » pour la santé, alerte UFC-Que Choisir

Sur 29 moules étudiés, l’association de défense des consommateurs a identifié 23 modèles représentant un risque pour la santé. Soumis à très haute température, ces produits en plastique vont transmettre certains « composants » toxiques dans l’aliment cuit, la présence de matière grasse accentuant le phénomène.

Olivier Andrault, chargé de mission alimentation chez UFC Que Choisir, a alerté jeudi 1er décembre sur franceinfo au sujet de « la proportion assez énorme de moules » en silicone « considérée comme peu sûre ». L’association de défense de consommateurs a révélé qu’une large majorité de moules analysés peuvent contaminer les aliments à des niveaux très élevés ou contenir des substances particulièrement nocives. Sur les 29 moules en silicone testés par UFC Que Choisir, 23 posaient problème. Olivier Andrault appelle « immédiatement une saisine de la répression des fraudes (DGCCRF) de manière à ce qu’elle fasse des contrôles renforcés » et demande à la Commission européenne « de mettre en place une réglementation qui soit vraiment protectrice pour les consommateurs ».

franceinfo : Qu’avez-vous observé après avoir réalisé vos tests ?

Olivier Andrault : Nous avons observé tout d’abord les quantités de substances qui sont relarguées par ces moules en silicone. Ils sont plus particulièrement dangereux dans la mesure où ce sont des moules dans une matière plastique qui, à très haute température, et notamment sous l’effet de la présence de matières grasses qu’il va y avoir dans le gâteau, vont accélérer la migration des composants de ce moule vers le gâteau. Nous avons mesuré, par exemple, dans certains cas, des quantités de substances qui étaient particulièrement élevées ou à l’inverse, alors qu’on devrait espérer que les quantités de substances qui sont libérées diminuent au cours des cuissons, eh bien, dans certains moules comme le moule Tupperware, on voit au contraire une augmentation de ces substances. C’est quinze fois plus de substances qui sont émises à la troisième cuisson qu’à la première.

23 moules sur 29 testés posent problème. Vous vous attendiez à une telle proportion ?

Ce qui est très embêtant, c’est la proportion assez énorme de moules que nous avons considérés comme peu sûrs. Sur ces 29 moules, il y en a six pour lesquels nous déconseillons aux consommateurs de les utiliser du fait de la proportion de certaines molécules qui sont relevées dans nos analyses.

Ce sont des substances qui sont considérées par les autorités européennes comme extrêmement préoccupantes comme par exemple, dans les moules Carrefour Home ou AliExpress.

Antoine Andrault, chargé de mission alimentation chez UFC-Que Choisir

à franceinfo

Tous les moules ne sont pas à déconseiller ou à proscrire par les consommateurs. Notre test démontre que certains fabricants sont parfaitement en mesure de fabriquer des moules d’une parfaite innocuité, notamment les marques Tefal ou Ikea.  

Comment se fait-il que ces moules passent sous les radars d’organismes de contrôle ?

En France, alors même que nous avons une réglementation, il faut savoir qu’elle est complètement obsolète. Elle a plus de 30 ans et elle ne définit pas de migration maximale, c’est-à-dire de limite pour les substances les plus préoccupantes que nous avons identifiées dans notre test. Deuxième problème, c’est qu’avec le marché européen et la libre circulation des marchandises, c’est le principe fondateur de l’Union européenne, dans certains pays où la réglementation est encore plus laxiste que la réglementation française, voire quasiment inexistante, il est tout à fait légal que ces moules fabriqués dans ces pays soient commercialisés librement en France. Nous demandons, au vu de la problématique massive qu’on observe sur la large majorité de ces moules qu’il y ait immédiatement une saisine de la répression des fraudes (DGCCRF) de manière à ce qu’elle fasse des contrôles renforcés. Au niveau européen, nous demandons à la Commission européenne, qui est l’organe législatif européen, de se saisir de ce problème et de mettre en place une réglementation qui soit vraiment protectrice pour les consommateurs.

Quels sont les risques pour les consommateurs ?

C’est une augmentation du risque de cancer, des mutations génétiques, des dommages pour les fonctions reproductrices. C’est potentiellement des affections qui sont graves. Il faut savoir que dans notre environnement immédiat, dans toutes les substances qui peuvent nous entourer à travers par exemple les peintures, les vernis, les composants des substances chimiques qu’on va avoir sur le plan de travail, tous ces composants peuvent relarguer des substances au cours de l’utilisation quotidienne. Et donc c’est l’exposition multipliée pendant tous ces moments de notre vie quotidienne qui vont faire une sorte d’effet cocktail et qui peut augmenter, chez certaines personnes, les risques de développer ces affections.


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