Football : la FFF envoie des brassards « One Love » aux clubs amateurs, « une hypocrisie » estime un président de club
En marge de la Coupe du monde, la Fédération française de football invite les capitaines des clubs amateurs à porter le brassard arc-en-ciel « One Love », en soutien aux minorités LGBTQI+, bien que l’institution refuse que le capitaine des Bleus, Hugo Lloris, le porte lors au Qatar.
Comme tous les présidents de clubs de football amateur, Cédric Garnier a reçu deux brassards « One Love ». Ornés d’un cœur arc-en-ciel, il symbolique la lutte contre les discriminations et notamment contre l’homophobie. Mais cette initiative de la Fédération française de football (FFF) agace le président du club de Bretteville-sur-Odon, dans le Calvados. Il dénonce « la grande hypocrisie de la Fédération française de football qui est incapable de donner des instructions à des joueurs professionnels mais qui oblige presque des clubs amateurs à porter ce brassard ».
Cédric Garnier fait allusion aux propos de Noël le Graët, le président de la FFF, le 11 novembre. Dans un entretien accordé au journal L’Equipe, il a déclaré qu’il ne souhaitait pas que Hugo Lloris, le capitaine de l’équipe de France, porte ce brassard « One Love » lors de la Coupe du monde au Qatar, où l’homosexualité est sévèrement réprimée. « On est ici pour jouer au football, regarder ce qu’il se passe, faire un commentaire au retour mais, pour le moment, notre rôle c’est de bien se comporter sur le terrain et de donner une bonne image de la France », s’était-il ensuite justifié sur franceinfo.
« La Fédération française de football s’achète une conscience. »
Cédric Garnier,président du club de football de Bretteville-sur-Odon (Calvados)franceinfo
Le président du club amateur de Bretteville-sur-Odon estime que « le foot amateur a besoin de milliards d’autres choses que de deux brassards de capitaine ». Cédric Garnier reproche également à la FFF d’inciter les clubs amateurs à communiquer sur cette opération « One love ». Ce n’est pas son souhait car il redoute « un effet boomerang, qu’on prenne à partie mon club et qu’on me demande pourquoi nous on le porte et pas les pros ». Il ne veut être « ni l’avocat, ni le juge de la Fédération française de football », qui doit selon lui « assumer » sa prise de position lors de ce mondial au Qatar.
Le dirigeant assure que le club soutient la lutte contre l’homophobie. Il n’imposera pas à ses joueurs de porter le brassard arc-en-ciel mais il « pense qu’ils le porteront par respect ». Cédric Garnier tient à faire passer un message à la Fédération française de football : « Descendez de votre plateau doré à Paris. Cette discrimination on la combat depuis 10 ans en club. On est vigilant au moindre petit geste. »
Lorenzo Rubio, président du football club Latour-Bas-Elne, dans les Pyrénées-Orientales critique aussi « l’hypocrisie » de la FFF. Plusieurs de ses équipes, à partir de la catégorie des moins de 15 ans, ont déjà joué avec le brassard. Toutefois, il remarque que cette opération « One love » a des effets positifs chez les jeunes car elle « fait réagir et c’est intéressant de provoquer des discussions et ça permet de créer de la cohésion, de consolider ce lien de solidarité ».
Lorenzo Rubio explique que « des joueurs et des joueuses sont volontaires » pour porter ce brassard arc-en-ciel. « Quand je leur ai présenté, certains connaissaient sa signification, d’autres non. Ils m’ont dit ‘C’est quoi ?’ Et avant que je réponde certains ont dit ‘c’est le brassard qui est interdit au Qatar’. D’autres ont dit ‘c’est le brassard interdit aux LGBT' », raconte-t-il avant de se réjouir : « Les jeunes eux-mêmes se sont interpellés l’uns et les autres ». Les deux brassard « One Love » seront portés à tous les matchs par les capitaines des équipes du football club Latour-Bas-Elne.
Le collectif Rouge Direct contre l’homophobie dans le football demande à la ministre des Sports d’en faire autant. Amélie Oudéa-Castéra se rendra au Qatar pour assister au quart de finale de la Coupe du monde entre la France et l’Angleterre.
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