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Crise énergétique : quelles sont les solutions pour produire sa propre électricité ?

Photovoltaïque, éolienne, groupe électrogène ou même mini centrale hydraulique… Des centaines de milliers de foyers en France produisent leur électricité, pour leur propre consommation ou la revendre aux fournisseurs d’énergie.

La production d’électricité n’est pas réservée aux entreprises du secteur de l’énergie. Photovoltaïque, éolienne, groupe électrogène ou même mini centrale hydraulique, des solutions existent pour produire individuellement son électricité et la revendre. Mais avant de se lancer, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) précise que la production électrique individuelle prend tout son sens quand elle s’intègre dans une démarche de maîtrise des consommations d’électricité. On estime qu’en moyenne, un ménage français consomme 45 kWh d’électricité par jour. Mais cette a consommation d’électricité varie en fonction de nombreux facteurs qu’il faut prendre en compte comme la taille du logement, le chauffage électrique ou non, etc.

Face à l’incertitude de l’approvisionnement électrique cet hiver, de nombreux Français investissent dans les systèmes de production. Certains sont considérés comme des auto-producteurs, appelés aussi auto-consommateurs. Une pratique en plein essor, souligne Enedis : ils sont déjà 208 000 à être raccordés aux réseau électrique, ils étaient près de de 96 000 à la fin de l’année 2020.

franceinfo fait le point sur les solutions pour produire sa propre électricité, de la plus populaire avec le photovoltaïque à la moins écologique avec le groupe électrogène, en passant par la plus incongrue avec le vélo domestique. 

Le photovoltaïque 

Les prix d'une installation moyenne de panneaux solaires photovoltaïque sont compris entre 10 000 euros et 20 000 euros. (TURPIN PHILIPPE / MAXPPP)

Les prix d'une installation moyenne de panneaux solaires photovoltaïque sont compris entre 10 000 euros et 20 000 euros. (TURPIN PHILIPPE / MAXPPP)

Cette solution est la plus populaire pour produire son électricité individuellement. Le photovoltaïque convertit directement l’énergie solaire en électricité pour votre consommation ou la revendre. Une condition unique : être bien exposé au soleil. Ces panneaux solaires sont le plus souvent installés sur le toit d’une habitation. L’exposition doit être vers le sud de préférence mais une orientation sud-est ou sud-ouest peut suffire, précise l’Ademe. Il est tout à fait possible d’intégrer les systèmes de production photovoltaïque aussi à une façade, d’importants progrès ont été réalisés pour les intégrer à l’architecture de votre habitation.

Reste à définir la place réservée sur votre toit à ces panneaux. Les prix d’une installation moyenne de panneaux solaires photovoltaïque sont compris entre 10 000 euros et 20 000 euros selon la puissance mesurée en watts-crêtes (Wc), précise EDF. Il sera aussi nécessaire d’installer un onduleur, qui coûte entre 1 000 et 2 000 euros. Il doit être changé tous les dix ans environ. Des coûts de raccordement liés au branchement de votre installation sont aussi à prendre en compte. Une installation de 25 m² de panneaux photovoltaïques peut produire en un an l’équivalent de la consommation électrique (hors chauffage, cuisine et eau chaude) d’une famille de quatre personnes, soit environ 2 500 kWh, selon les calculs de l’Ademe. Avant de se lancer, il faut absolument mesurer la rentabilité de votre projet en demandant plusieurs devis à différents professionnels

Pour consommer ou vendre votre électricité, plusieurs possibilités s’offrent à vous : une production où l’intégralité de l’électricité est injectée dans le réseau et vendue au tarif d’achat, une production consommée avec seulement un surplus injecté dans le réseau ou une production intégralement consommée sans l’injecter dans le réseau. Les tarifs de rachat permettent de rentabiliser l’investissement sur une période comprise entre dix et 20 ans alors que la durée de vie des panneaux est estimée de 30 à 40 ans, estiment les professionnels. Cela dépendra de votre mode de rémunération et de l’ensoleillement de votre région. Il existe aussi de petits panneaux solaires vendus dans le commerce. Leur puissance reste cependant aléatoire et ne permet très souvent de recharger que certains appareils électroniques comme un smartphone.

L’éolien 

Il existe aussi du petit éolien appelé éolienne de toit ou de pignon cela peut présenter des risques la structure de la maison (fissures, infiltrations). (JEAN-LUC FLEMAL / MAXPPP)

Il existe aussi du petit éolien appelé éolienne de toit ou de pignon cela peut présenter des risques la structure de la maison (fissures, infiltrations). (JEAN-LUC FLEMAL / MAXPPP)

L’Ademe prévient de suite, installer une éolienne est un projet ambitieux et qui n’est pas toujours la adaptée à la situation et aux besoins des citoyens. De nombreuses précautions sont à prendre. Pour savoir si le vent est exploitable, un test doit être réalisé pendant trois mois minimum pendant les mois venteux. Le terrain doit être dégagé, exposé au vent et situé proche d’un point d’utilisation de l’électricité. En général, on recommande d’implanter une éolienne à 40 m minimum de tout bâtiment et à 300 m maximum du point de raccordement. De nombreuses démarches doivent être également menées. Plus l’éolienne est haute, meilleure sera la production d’électricité. Pour une éolienne supérieure à 12 m un permis de construire est nécessaire ainsi qu’un demande d’autorisation d’exploiter, une demande de raccordement, une demande de certificat ouvrant le droit à l’obligation d’achat et une demande de contrat d’achat.

Le budget d’une éolienne est conséquent allant de 10 000 à 40 000 euros. Sachant que la durée de vie d’une éolienne est de 20 à 30 ans. Il existe aussi du petit éolien, appelé « éolienne de toit » ou « de pignon ». Les prix varient de 400 à plus de 2 000 euros sur internet. Mais attention, précise l’Ademe :  mettre une éolienne sur le toit de votre maison place cette dernière dans une zone de turbulence. Si l’installation peut se concevoir, elle présente des risques pour votre production électrique, la durée de vie du matériel et même la structure de la maison (fissures, infiltrations). Pour éviter tout désagrément, il est préférable de réaliser une étude vibratoire et résistante du bâtiment et procéder à une étude de vent pendant six mois minimum. Un onduleur sera là aussi nécessaire pour obtenir un courant aux qualités constantes malgré les variations du vent. 

Le petit éolien ou éolien individuel est parfois utilisé pour des sites isolés et en milieu rural, pour le pompage de l’eau par exemple, précise EDF. La puissance est en moyenne de 5 kW et la hauteur des mâts de dix à 12 m. Une éolienne de cette puissance, qui tourne 2 000 heures par an à sa puissance nominale, produira l’équivalent de la consommation d’un ménage, estime le fournisseur d’électricité. Vous pouvez soit revendre la totalité de la production de votre éolienne domestique ou revendre le surplus d’électricité produite. Pour cette dernière solution, l’éolienne doit être reliée au domicile avec un compteur de consommation et au réseau classique avec un second compteur pour que le surplus soit enregistré et réinjecté. 

Le groupe électrogène

Un groupe électrogène à essence émet du monoxyde de carbone et ne doit pas être placé à l'intérieur ni près des fenêtres d'une maison. (LEYLA VIDAL / MAXPPP)

Un groupe électrogène à essence émet du monoxyde de carbone et ne doit pas être placé à l'intérieur ni près des fenêtres d'une maison. (LEYLA VIDAL / MAXPPP)

Avec la crise énergétique, les Français se tournent de plus en plus vers l’achat de groupes électrogènes. Selon un porte-parole de Castorama à l’AFP, « depuis la fin de l’été » les ventes de ces appareils ont largement augmenté « avec en particulier une très forte progression depuis les deux dernières semaines ». Par rapport à 2021, les quantités vendues ont été multipliés par 2,5 ces quatre derniers mois et par quatre ces deux dernières semaines, détaille l’entreprise. Face aux possibles coupures de courant cet hiver, ces groupes électrogènes apparaissent comme le meilleur moyen pour continuer pour alimenter des équipements considérés comme « indispensables ».

Ces équipements fonctionnent généralement à l’essence ou au diesel. Un groupe électrogène émet donc du monoxyde de carbone et ne doit pas être placé à l’intérieur ni près des fenêtres d’une maison. Il est toujours préférable de prévoir un endroit au sec, à l’extérieur, souligne le site groupeselectrogenes.net. Il existe tout type de groupes électrogènes, de différentes tailles et de puissance, ceux de milieu de gamme entre 450 et 600 euros, permettent de de brancher des réfrigérateurs, des congélateurs ou des fours. Certains peuvent subvenir à la totalité de vos besoins énergétiques en cas de coupures d’électricité mais leur prix d’achat dépassent généralement les 2 000 euros. D’autres produits seront réservés à des professionnels comme des commerces qui veulent préserver la chaîne du froid. Un investissement coûteux, autour de 20 000 euros, mais qui équivaut souvent au coût d’une journée d’activité amputée par une coupure de courant.

L’hydroélectricité, le biogaz ou l’écogénérateur

La solution de la méthanisation s'adresse particulièrement aux agriculteurs. (CHRISTIAN WATIER / MAXPPP)

La solution de la méthanisation s'adresse particulièrement aux agriculteurs. (CHRISTIAN WATIER / MAXPPP)

D’autres solutions pour produire son électricité existent mais sont beaucoup moins utilisées, notamment par les particuliers. Tout d’abord, si un cours d’eau passe dans votre terrain, il n’est pas impossible d’utiliser la force de l’eau pour générer de l’électricité. Cette petite hydroélectricité correspond aux installations inférieures à 10 MW, utilisée pour alimenter des sites isolés comme une ou deux habitations. Ce genre d’ouvrages correspond en grande partie à des ouvrages au fil de l’eau où la turbine est positionnée dans le lit de la rivière ou en bas de la chute d’eau. L’énergie produite va dépendre au final du débit rivière sur laquelle la turbine se trouve. Mais se lancer individuellement dans un tel chantier semble complexe. L’Ademe estime qu’il faut prévoir entre trois à six ans pour mener à bien un projet. Cela s’explique par l’ensemble des démarches administratives nécessaires comme un droit d’eau et les besoins de bureaux d’étude ou de juristes spécialisés.

Autre solution, le biogaz produit à partir de la fermentation de la biomasse, des ordures ménagères et des excréments animaux. Les particuliers qui veulent créer leur propre centrale de production utiliseront alors un méthaniseur domestique qu’ils installeront sur leur terrain. Cette solution s’adresse particulièrement aux agriculteurs qui ont de nombreux déchets organiques liés à leur exploitation. Ils peuvent utiliser ce biogaz pour produire de la chaleur et l’utiliser directement dans leur ferme ou vendre la totalité ou le surplus du biogaz produit.

Il y a enfin l’écogénérateur. Cette solution exploite le gaz naturel d’une chaudière de troisième génération et n’est donc pas une solution verte pour produire son électricité. Sa particularité est de produire à la fois, à partir de la même source d’énergie, de la chaleur et de l’électricité, explique TotalEnergies. La revente d’électricité issue de cette solution ne bénéficie pas de tarif spécifique comme le photovoltaïque. L’électricité produite est généralement utilisée pour l’auto-consommation du logement.

Le vélo générateur d’électricité

Des vélos d'appartement générateur d'électricité sont déjà disponibles à l'achat. (JEAN-LUC FLEMAL / MAXPPP)

Des vélos d'appartement générateur d'électricité sont déjà disponibles à l'achat. (JEAN-LUC FLEMAL / MAXPPP)

Les solutions listées ci-dessus sont déjà utilisées par des particuliers ou des groupements de citoyens pour revendre leur électricité. On ne peut pas encore pédaler et recevoir un versement d’EDF mais des vélos d’appartement qui produisent leur propre électricité sont déjà disponibles à l’achat. L’idée est simple : quand vous pédalez, l’énergie mécanique produite est transformée en électricité. Ce type de vélo est déjà apparu dans certains lieux publics, et permet de recharger son smartphone ou tout appareil électrique avec une prise USB.

Difficile de faire mieux à domicile. L’électricité produite dépend de la force exercée sur les pédales et malgré vos efforts il sera difficile de dépasser les 0,10 kWh produit en une heure. Si vous voulez un aperçu, un champion olympique de cyclisme s’est lancé dans le défi de griller une tranche de brioche au prix d’un effort assez conséquent. 


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