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« Portraits » de Mehdi Kerkouche : un souffle d’émotion et d’énergie vitale ouvre le festival Suresnes Cités Danse

Le danseur et chorégraphe Medhi Kerkouche ouvre la 31e édition du festival Suresnes Cités Danse (6 janvier au 5 février 2023) avec « Portraits » (de famille), d’une rare émotion.

Programme chargé pour Mehdi Kerkouche en ce début d’année : le chorégraphe, notamment d’Angèle et de Christine and The Queens, prend la direction du Centre chorégraphique national de Créteil et présente sa nouvelle création au festival de danse de Suresnes. Rentrée d’autant plus marquante qu’il y retrouve le quartier de son enfance, avec toujours cet enthousiasme ponctué d’éclats de rires contagieux.

Dans Portraits, Kerkouche croque la famille sous tous ses aspects, dans ses ambivalences, porté par la musique électronique envoûtante de Lucie Antunès. Dans une première partie quasi hypnotique il rend visible, à travers ses neuf danseurs vêtus d’un camaïeu de gris, la façon dont chacun cherche sa place dans la fratrie. Une tribu dont les corps cohabitent parfaitement sans jamais se toucher. Se figeant parfois comme dans les vieux portraits de famille.

"Portraits" de Mehdi Kerkouche au festival Suresnes Cités Danse (JULIEN BENHAMOU)

"Portraits" de Mehdi Kerkouche au festival Suresnes Cités Danse (JULIEN BENHAMOU)

« J’ai la chance, et c’est aussi un choix, de travailler avec des interprètes qui n’ont pas du tout le même langage se réjouit Kerkouche. Il y a aussi bien des danseurs hip-hop que des danseurs de danse contemporaine, avec aussi un chanteur de cabaret… Dans une famille, il y a plein de fois où on se parle sans se comprendre et ce sont tout de même nos propres frères. Comment des gens de la même famille et qui n’ont le même langage vivent ensemble, c’est ça que j’avais en tête de raconter ».

Ainsi tandis que l’aîné prend ses ailes, le cadet hésite à quitter le cocon familial, dansant toujours à l’intérieur d’un triangle blanc sur fond noir qui symbolise le foyer. »  

"Portraits" de Mehdi Kerkouche (JULIEN BENHAMOU)

"Portraits" de Mehdi Kerkouche (JULIEN BENHAMOU)

Ce n’est pas juste gratuitement du mouvement pour du mouvement, tient à nous préciser Kerkouche. J’ai le fantasme d’un film. Je rêve que le public s’installe et s’évade pendant une heure. J’aime tromper l’œil, ça m’amuse de jouer avec le spectateur, de l’habituer à quelque chose et que les choses se transforment. A danser, c’est un vrai plaisir ! ».

"Portraits" de Mehdi Kerkouche (JULIEN BENHAMOU)

"Portraits" de Mehdi Kerkouche (JULIEN BENHAMOU)

Et c’est autour d’une figure maternelle idéalisée, incarnée par la danseuse classique Amy Swanson que les affinités se révèlent et que les alliances se nouent et se dénouent. 

Des évolutions et des tempéraments très contrasté  jusqu’à la folie, comme dans cette scène où Matteo Gheza tourne sur lui-même pendant un temps vertigineux, nous laissant suffoqués. Et à d’autres moments cette attention à l’autre, cette douceur. Parfois on flirte avec la comédie musicale, un genre cher au chorégraphe : balancements et déplacements millimétrés et symétriques donnent l’impression que les danseurs composent les rouages d’une boîte à musique.  

"Portraits" de Mehdi Kerkouche (JULIEN BENHAMOU)

"Portraits" de Mehdi Kerkouche (JULIEN BENHAMOU)

Ensuite la deuxième partie du spectacle installe une tout autre ambiance. Sous un tableau lumineux comme on en voit dans les combats de boxe, on assiste à un repas, moment de rassemblement familial incontournable mais qui peut s’embraser en une fraction de seconde. Incessant va et vient entre joie et emportements, laissant l’aïeule (Amy Swanson) en dehors.

« Je ne pouvais pas passer à côté de la possibilité de travailler avec une artiste aussi charismatique et de l’âge d’Amy, confie le chorégraphe. Raconter la vie d’une famille avec des interprètes de 19 ans à 67 ans c’est formidable, parce que du coup il y a toute cette différence, toute cette empathie, ou au contraire tout un mal-être qui peut naître de certains moments. » 

Avec Portraits, Kerkouche signe un spectacle fort, touchant et d’une grande richesse chorégraphique qu’on n’est pas prêt d’oublier. Et ce malgré une troisième partie en forme de bulles de champagne et de clin d’œil aux années disco jusque dans les costumes : un final sympathique et très drôle mais comme tombé du ciel…

« Portraits » de Mehdi Kerkouche
Vendredi 6 janvier et samedi 7 janvier à 20h30
Dimanche 8 janvier à 17h
Théâtre de Suresnes-Jean Vilar
16 Place de Stalingrad, 92150 Suresnes

« Portraits » est ensuite programmé au Théâtre de Chaillot du 18 au 21 janvier 2023

Le programme du festival Suresnes Cités Danse
6 janvier au 5 février 2023
01 46 97 98 10


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