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Retraites : les Français face à une réforme hautement « inflammable »

Selon une étude Cluster 17 pour « Le Point », les Français sont majoritairement opposés à une réforme des retraites et anticipent une mobilisation sociale.

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La Premiere ministre presente ce mardi le projet de reforme des retraites du gouvernement, voulu par Emmanuel Macron.
La Première ministre présente ce mardi le projet de réforme des retraites du gouvernement, voulu par Emmanuel Macron. © QUENTIN DE GROEVE / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Temps de lecture : 3 min

Alors que le gouvernement doit présenter son projet de réforme des retraites, impliquant le report de l’âge légal de départ, ce mardi 10 janvier, quel est l’état d’esprit des Français à ce sujet ? L’institut de sondage indépendant Cluster 17 les a interrogés* pour Le Point (échantillon de 2 621 personnes) et dévoile l’image d’un pays divisé et sous haute tension sociale.

« L’opinion publique est dans sa grande majorité réfractaire à l’idée de réforme des retraites », commentent ainsi ses auteurs en préambule, alors que près des trois quarts des Français (74 %) manifestent des sentiments négatifs (35 % confiant leur « colère », 30 % leur « lassitude » et 9 % un sentiment d’« humiliation »). Seuls 16 % des Français conçoivent, ainsi, cette réforme de façon positive (11 % se déclarant « satisfaits », 3 % « soulagés » et 2 % « enthousiastes »).

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Une réforme « inflammable »

Des sentiments dont la répartition ne doit rien au hasard. Ainsi, les électeurs d’Emmanuel Macron et de Valérie Pécresse se montrent les plus favorables à la réforme (respectivement 46 % et 33 %), bien que ces derniers fassent aussi l’objet de divisions au sein de leurs rangs (38 % et 52 % d’entre eux la percevant négativement). Quand la réforme offre, au contraire, un cadre favorable aux oppositions – qui pourraient ainsi fédérer leur coalition électorale dans le rejet de la réforme (85 % des électeurs de Marine Le Pen s’y déclarant défavorables, un niveau de rejet qui atteint 95 % chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon).

Autant de crispations qui s’expliquent « par le contexte social et, plus encore, par la perception qu’en ont les citoyens », décryptent les auteurs de l’étude. « Ce qui domine aujourd’hui dans le pays est un sentiment diffus de détérioration des conditions de vie », observent-ils, alors que 56 % des sondés considèrent que leur « situation personnelle » s’est « détériorée » au cours des derniers mois.

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Un sentiment qui soulève la question du caractère mobilisateur, pour ne pas dire « inflammable », de la réforme et du risque pour le pays de connaître, ou non, un mouvement social. Une possibilité à laquelle croit un Français sur deux. 49 % des sondés considérant comme prévisible « un mouvement social massif du type Gilets jaunes », soulignent, ainsi, les auteurs de l’étude qui voient en chiffre le « caractère éminemment tendu de la situation sociale ». D’autant plus que les « clusters » se déclarant les plus « en colère » sont aussi « les plus habitués à l’action collective » et « les plus en pointe dans le cadre du mouvement des Gilets jaunes ».

Entre « lassitude » et « colère »

Les plus convaincus qu’une « explosion sociale » pourrait se produire dans les prochaines semaines émanent majoritairement du noyau dur de l’électorat lepéniste – soit une population relevant largement de la France périphérique ayant en commun un fort rejet du système et des élites – et des segments les plus mélenchonistes, révèle encore l’étude, qui distingue que « seul l’électorat présidentiel, dans sa majorité, ne croit pas à une telle éventualité ».

Ainsi, entre opposants anticipant une mobilisation sociale – sans doute parce qu’ils l’espèrent – et soutiens de l’action du gouvernement, qu’adviendra-t-il ? « Si le potentiel de contestation et de mobilisation est élevé, cela ne débouchera pas nécessairement sur une mobilisation de grande ampleur », précisent les auteurs de l’étude. Cette dernière dépend « de multiples facteurs », dont celui de savoir lequel des deux sentiments l’emportera, entre la « lassitude » et la « colère »…

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* Étude réalisée par Cluster17 pour Le Point auprès d’un échantillon de 2 621 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. L’échantillon est réalisé selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, du type de communes et des régions de résidence.Questionnaire auto-administré en ligne. Interviews réalisées du 6 au 8 janvier 2023.


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