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Station spatiale internationale : quatre questions sur la mission de secours programmée pour récupérer trois cosmonautes

Après le signalement d’une avarie sur un vaisseau qui devait prochainement faire son retour sur Terre, la Russie a décidé d’envoyer un Soyouz de remplacement d’ici à la fin du mois de février.

Ils y voient enfin plus clair sur leur avenir. Deux astronautes russes et un américain, bloqués au sein de la Station spatiale internationale (ISS) en raison d’une avarie détectée sur un vaisseau Soyouz, vont pouvoir rentrer sur Terre après l’annonce par la Russie, mercredi 11 janvier, de l’envoi d’un vaisseau de remplacement le 20 février. Franceinfo fait le point sur cette mission de secours, organisée à 400 km de la Terre.

1 Qu’est-il arrivé au vaisseau Soyouz arrimé à l’ISS ?

Connecté à la station spatiale depuis fin septembre 2022, le vaisseau Soyouz MS-22 est victime d’une fuite de liquide de refroidissement depuis le 14 décembre. Des images capturées depuis la partie américaine de l’ISS ont montré un impressionnant jet de particules émanant du vaisseau, et s’échappant sous forme de flocons dans l’espace. 

Après avoir évoqué la piste d’une défaillance matérielle, puis celle d’un impact causé par un débris artificiel, l’agence spatiale russe (Rocosmos) explique désormais que cette fuite est due à une collision avec une micrométéorite d’origine naturelle. Un scénario « expérimentalement prouvé », affirme la Russie, qui dit avoir découvert un trou de « moins d’un millimètre de diamètre » dans un tuyau de refroidissement.

Au terme de son inspection du vaisseau, Rocosmos a jugé le Soyouz MS-22 inapte pour un trajet habité en direction de la Terre. Faute de système de refroidissement pleinement opérationnel, la température à l’intérieur du vaisseau pourrait en effet rapidement devenir dangereuse pour l’équipage à bord. Ce vaisseau endommagé va toutefois repartir vers la Terre, a assuré mercredi le directeur des vols habités de Roscosmos. Mais il rentrera à vide, et probablement au mois de mars.

2 Comment s’organise ce remplacement ?

L’agence spatiale russe a pris la décision d’avancer le décollage d’un autre Soyouz, le MS-23, à la date du 20 février. Son départ était initialement prévu pour le 16 mars. Autre changement, ce vaisseau n’embarquera finalement pas de membres d’équipage à l’aller, mais seulement du matériel. Responsable du programme ISS pour l’agence spatiale américaine (Nasa), Joel Montalbano préfère ne pas dramatiser cet événement.

« Nous n’appelons pas [ce vaisseau] un Soyouz de secours, j’appelle cela un Soyouz de remplacement. »

Joel Montalbano, responsable du programme ISS à la Nasa

Reste que cette avarie chamboule le calendrier des départs et des arrivées à l’ISS. Les deux cosmonautes russes, Sergueï Prokopiev et Dmitri Peteline, ainsi que l’astronaute américain, Frank Rubio, ne rentreront pas le 28 mars prochain comme prévu. Ils ont vu leur mission prolongée pour une durée indéterminée, évaluée à « plusieurs mois supplémentaires » a simplement déclaré la Nasa dans un communiqué (en anglais) publié mercredi.  

3 L’équipage de l’ISS est-il en danger ?

Non, assurent en chœur les agences spatiales américaine et russe. « A l’heure actuelle, l’équipage est en sécurité à bord de la station », a affirmé Joel Montalbano. Il faut rappeler que le Soyouz MS-22 endommagé n’est pas le seul vaisseau arrimé à l’ISS. La station accueille également une capsule Dragon de la société SpaceX, qui pourrait être utilisée « en cas d’urgence (…) avant l’arrivée de Soyouz MS-23 », explique la Nasa. 

Une visualisation de la Station spatiale internationale (ISS), telle qu'elle était configurée le 12 janvier 2023. (NASA / SPACE STATION VIA TWITTER)

Une visualisation de la Station spatiale internationale (ISS), telle qu'elle était configurée le 12 janvier 2023. (NASA / SPACE STATION VIA TWITTER)

Mais en cas d’évacuation de l’ISS, son équipage se trouverait dans une situation pour le moins inconfortable. Au total, sept personnes se trouvent actuellement dans la station. Or, la capsule de SpaceX n’est prévue que pour quatre personnes, voire cinq si des aménagements sont réalisés « dans la zone où se trouvent normalement les cargaisons », a expliqué Joel Montalbano. Pour les deux astronautes restants, la Nasa et Rocosmos n’auraient d’autre choix que d’utiliser quand même le Soyouz MS-22 endommagé, en espérant que la réduction de la taille de l’équipage compense les lacunes du système de refroidissement.

4 Ce type d’incident arrive-t-il souvent ?

En août 2018, une fuite d’air avait été signalée sur la paroi d’un autre vaisseau Soyouz, le MS-09. Cette dernière était due à un minuscule trou dont l’origine n’a pas été établie avec certitude. Des soupçons de négligence humaine et même de sabotage avaient tout de même envenimé pendant plusieurs mois les relations entre la Nasa et Rocosmos. Après deux opérations de réparation, d’abord à l’aide d’adhésif puis de résine, les agences spatiales avaient autorisé l’utilisation de cette capsule, qui a finalement ramené ses trois spationautes sains et saufs sur Terre le 20 décembre 2019.

L’historique des lancements de vaisseau Soyouz est par ailleurs émaillé d’incidents. En octobre 2018, le décollage d’un de ces vaisseaux russes avait échoué au bout de deux minutes, provoquant l’expulsion des deux cosmonautes à bord. En août 2019, un autre Soyouz transportant un robot n’avait pas réussi à s’arrimer à l’ISS


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