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Les coupures de courant à répétition, un danger pour l’économie en Afrique du Sud

Publié le : 17/01/2023 – 23:36

La crise de l’électricité s’aggrave encore plus en Afrique du Sud. Les foyers, les commerces et les entreprises sont privées d’électricité jusqu’à dix heures par jour, et ce pour une durée indéterminée.

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Avec notre correspondant à Johannesbourg, Romain Chanson

Le président Cyril Ramaphosa a annulé sa visite de travail au Forum économique mondial de Davos pour convoquer une réunion d’urgence autour de la crise de l’électricité. Logique : comment séduire les investisseurs étrangers quand son pays n’est plus en mesure de leur assurer un accès illimité à l’électricité ?

Car toute l’économie du pays est touchée. Faire cuire du pain est devenu une tâche difficile pour Micheal Hartslief. Ce boulanger n’a pas d’autres solutions que de s’adapter aux rares heures où il y a de l’électricité. « Les générateurs ne sont pas assez puissants pour alimenter les fours à pain, ni pour faire marcher les machines cafés qui représentent pourtant 80% de notre travail. »

Les commerces, comme les entreprises, ne peuvent pas se permettre d’interrompre leur activité. Dans cette PME où l’on vend de l’acier, un générateur permet de continuer à travailler. La consommation de diesel coûte très cher, mais c’est indispensable, explique Henry Ohams, un manager : « On doit couper de l’acier, on doit faire fonctionner la grue, on doit émettre les factures, donc on en a besoin. Cette situation est frustrante, c’est désespérant. »

Les multinationales ne sont pas épargnées. Dans cette entreprise du groupe Saint-Gobain, la fabrication des plaques de plâtre est régulièrement interrompue par des délestages. C’est une énorme perte, se désole Christo Smith, directeur industriel de Saint-Gobain en Afrique du Sud : « Pour chaque délestage, on perd deux heures de travail en plus du délestage. Quand les coupures de courant atteignent le niveau 6, on perd jusqu’à 70% de notre capacité de production. »

Face à l’ampleur du problème, le ministre des Finances a reconnu l’évidence : « l’intensité des délestages a un effet désastreux sur l’économie ».

Mais pourquoi ce problème d’électricité en Afrique du Sud, l’une des premières puissances économiques du continent ? Élément de réponse avec l’économiste Claude Baissax.

Hier, nous avons été sans électricité à Johannesbourg pendant plus de douze heures. Il s’agit d’enlever en permanence 6 gigawatts du système, mais même ça c’est insuffisant. Aujourd’hui, entre un quart et un tiers du parc de production énergétique, monopole d’État, est indisponible pour une variété de raisons. Il ne produit pas assez d’électricité pour essentiellement deux raisons. La première, c’est qu’il n’y a pas eu d’investissement par l’État, propriétaire-actionnaire d’Eskom qui a le monopole depuis à peu près les années 1990. Toute une partie du parc de production est aujourd’hui ancien. La vaste totalité est du cahrbon […] La deuxième problématique est l’énorme production qui a commencé à se manifester principalement quand Jacob Zuma est devenu président […]

Claude Baissax


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